«Il faut produire, produire plus, parce qu’il est normal que celui qui vous donne à manger vous dicte également ses volontés. Il y en a qui demandent où se trouve l’impérialisme ? Regardez dans vos assiettes quand vous mangez. Les grains de riz, de maïs, de mil importés, c’est ça l’impérialisme, n’allez pas plus loin ».
Ces propos sont du Capitaine Thomas Isidore Sankara. Ils datent de plus de trente (30) ans. Toutefois, ils restent d’actualité. Pour le père de la révolution burkinabé, l’impérialisme est dans nos assiettes avec les grains de riz, de maïs, de mil importés.
De cette sortie du Capitaine Sankara à nos jours, l’impérialisme a gagné du terrain dans les assiettes. Prenons le cas du Mali qui importe aujourd’hui la quasi-totalité de sa consommation en certains produits de première nécessité. Le Mali importe du riz, du lait, du blé, des oranges, des oignons, de la pomme de terre et bien d’autres pays. Il exporte du bétail et certains produits agricoles vers des pays de la sous-région. Ainsi, pour paraphraser Thomas Sankara, il faut commencer à combattre l’impérialisme dans nos assiettes.
Une grande quantité du riz ou du blé consommé au Mali vient de l’extérieur. Idem pour le lait. Cela veut dire que le consommateur malien contribue au renforcement de l’économie et, au développement de ces pays à travers ses achats. Pis, souvent les caisses publiques sont sevrées de milliards de nos francs au titre des exonérations douanières afin que les citoyens puissent effectuer des achats à un prix raisonnable.
La guerre russo-ukrainienne a montré la dépendance de nombre de nations dont le Mali, du blé russe et ukrainien. Et pourtant à Diré, Goundam ou Tombouctou, il est possible de cultiver le blé pour satisfaire la demande nationale mais aussi, exporter le surplus de productions vers d’autres pays. Comment un pays comme le Mali avec deux grands fleuves et de nombreux cours d’eau, peut dépendre de l’extérieur ?
Le Mali est un pays d’élevage. Les animaux exportés vers nos pays voisins constituent une perte pour notre économie. Jusque-là, le pays n’a pas été en mesure de créer un abattoir ultra-moderne capable d’exporter de la viande de qualité, encore moins de transformer les produits dérivés de l’abattage. Que fait donc le gouvernement du Mali pour soutenir Laham Industrie de Kayes, une initiative formidable portée par une brave dame ?
Combattons l’impérialisme dans nos assiettes. La vraie indépendance, la vraie souveraineté commence par l’exploitation des réelles potentialités du pays, notamment en matière agricole. Le développement n’est pas sorcier. Il découle d’une vision claire incarnée par un leader exemplaire, soutenu par un peuple qui accepte de se mettre au travail mais aussi, de faire preuve de patience. L’Etat providence n’existe pas. Il est de la responsabilité de l’Etat de créer les conditions nécessaires à la production nationale à travers un accompagnement des diverses initiatives.
Le Royaume du Maroc est un modèle en la matière. Aujourd’hui, les camions marocains remplis de produits agricoles approvisionnent les marchés de plusieurs pays de la CEDEAO. Et cela, grâce à la vision et au leadership de Sa Majesté le Roi Mohamed VI.
Par Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger