A l’approche de la présidentielle de 2024, plusieurs organisations de la société civile sénégalaise ont adressé une lettre ouverte au président sortant, Macky Sall. Elles lui demandent de respecter la Constitution de son pays. « Jàmm a Gën 3eme mandat » en wolof, « la paix vaut mieux qu’un troisième mandat ». Ces propos sont ceux des organisations de la société civile qui ont pressé, le jeudi dernier, le président Macky Sall à dissiper le doute et à déclarer ouvertement qu’il ne briguerait pas sa propre succession en 2024, candidature susceptible selon elles, de semer le « chaos ». Pour l’intérêt supérieur de la nation sénégalaise, aura-t-il la sagesse de les écouter ?
En 2012, la candidature de Me Abdoulaye Wade à un troisième mandat avait provoqué des violences qui avaient occasionné plusieurs morts. A cette époque, Macky Sall faisait partie de la coalition politique qui s’est insurgée contre un quelconque tripatouillage de la Constitution sénégalaise qui permettrait cela. La suite est connue. Me Wade, sous la pression de la rue, avait fini par renoncer. Cela a permis à l’actuel président d’accéder à la magistrature suprême. « Dix ans plus tard, Macky semble être atteint, comme son prédécesseur, par le syndrome d’ “Homme Fort” ». Son opposition redoute qu’il se présente comme candidat à sa propre succession.
Regroupée autour de plusieurs organisations de défense des droits humains et de la démocratie comme AfrikaJom ou la Raddho associées à d’autres, comme Y’en a Marre, l’opposition sénégalaise est plus que jamais décidée à le contester, par tous les moyens. Macky est donc avisé, son opposition s’insurgera contre tout forcing pour un troisième mandat présidentiel. Lequel pourrait causer des conséquences « particulièrement tragiques ».
Mais pour éviter le chaos, la coalition de l’opposition l’invite, par respect pour la parole donnée et une interprétation claire et sans équivoque de la Constitution sénégalaise, à déclarer solennellement qu’il ne sera pas candidat. Cette demande est pressante. Macky va-t-il s’exécuter ? S’il est vraiment soucieux de préserver la paix sociopolitique dans son pays, le président sortant devrait avoir la sagesse de clore le débat sur sa candidature à la prochaine présidentielle.
De toute façon, Macky Sall et la coalition qui le soutient, sont plus que jamais avertis. Le refus d’un troisième mandat a déjà été l’un des mots d’ordre des émeutes de 2021 au Sénégal dans un contexte social et sanitaire tendu. Il y avait eu des dizaines de morts et de bléssés. N’eut été l’esprit démocratique des ténors de l’opposition, le pouvoir allait basculer aux mains des forces armées sénégalaises.
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger