’’L’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’État’’, fait partie des 2 points de désaccord entre le Gouvernement et les syndicats de l’éducation. Les positions tranchées sur ce point de revendication laissent envisager un piège. Radioscopie.
Il semble y avoir une constante, nonobstant ce qui peut être considéré comme une radicalité de la part des enseignants grévistes : sauver l’année scolaire 2018-2019 et, au-delà, l’école malienne en pleine déliquescence depuis des décennies.
Dans ce souci partagé, le Conseil des ministres inaugural du 8 mai dernier du Gouvernement Boubou CISSE présidé par le Président IBK s’est penché sur la grève déclenchée par plusieurs syndicats d’enseignants depuis un certain temps. Aussi a-t-il décidé de faire tenir, le samedi 11 mai 2019 une importante rencontre regroupant les syndicats d’enseignants, les parents d’élèves, l’AMSUNEN, l’AEEM, les chefs coutumiers et religieux et les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Cette rencontre baptisée ‘’rencontre de haut niveau sur la gestion de la crise de l’école malienne’’était placée sous l’égide du Médiateur de la République qui avait à ses côtés les ministres chargés du Dialogue social et de l’École.
Jusqu’à cette rencontre boycottée par les enseignants grévistes, mais perçue par l’ensemble des acteurs présents comme une option sérieuse prise pour désamorcer la crise, les positions semblaient irréconciliables. Les sous ne constituent pas le seul point de blocage, comme l’a fait savoir le ministre de l’Économie Dr Boubou CISSE, lors de l’interpellation du Gouvernement à l’Assemblée nationale.
Mais, il y a aussi cette question d’une extrême sensibilité relative à ’’l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’État’’. Elle suscite des questionnements, y compris dans les milieux enseignants. Une frange d’enseignants souligne que leurs collègues des collectivités territoriales sont déjà bien présents dans les Centres d’animation pédagogique (CAP), dans les Académies d’enseignement (DAE) et qu’il ne devrait pas y avoir matière à redire là-dessus.
D’autres vitrioleurs prétendent qu’il s’agit de frapper du sceau de la légalité une situation de fait, quand ils ne nient pas simplement ce qui est d’évidence.
S’agit-il alors pour les syndicats d’enseignants grévistes de faire un passage en force en créant de facto une passerelle entre les collectivités et la Fonction publique de l’État ? Ce qui irait au-delà de l’argument évoqué ci-dessus et qui saperait un principe de la décentralisation selon lequel l’éducation, au niveau du fondamental, du secondaire, de l’enseignement technique et professionnel, relève du domaine de compétence des collectivités territoriales (Mairie, Conseil de Cercle) ? Pourquoi créer un problème là où il n’y en a pas ? Où veut-on en venir avec cette revendication qui paraît vitale aux yeux des syndicats d’enseignants grévistes ?
Autant d’interrogations qui pourraient être à l’origine d’un doute raisonnable chez la partie gouvernementale croupissant sous une avalanche de revendications venant de la quasi-totalité des corporations.
Pour autant, avec la rencontre de haut niveau pour la gestion de la crise de l’école malienne, il n’y a plus de place au doute, aux suspicions. Chaque partie est appelée à faire violence sur elle-même au nom de l’intérêt supérieur du Mali, de l’intérêt de nos enfants.
La mise en place d’une Commission de conciliation afin d’accélérer les négociations avec les syndicats enseignants pour une sortie de crise et pour que l’école puisse reprendre rapidement et la mise en place d’une commission de bons offices pour que nous revenions à nos fondamentaux, aux valeurs qui ont fondé ce pays-là, devraient contribuer à accorder les violons. C’est du moins ce qu’espèrent les participants à la rencontre de haut niveau de ce week-end qu’ils considèrent comme décisive, en ce qu’elle est porteuse de nombreux espoirs.
En tout état de cause, tant qu’il y a négociation, la porte est ouverte à un accord. Et c’est ce qu’attendent urgemment et désespérément les Maliens.
PAR BERTIN DAKOUO