Toute solution doit être respectueuse de la souveraineté du Niger, et qui réalise les aspirations de son peuple et mène à l’édification de l’État que les Nigériens recherchent et méritent, loin des intérêts étroits, des ambitions personnelles, des programmes malveillants et des ingérences extérieures illégales
La France est entre le marteau et l’enclume. Doit-elle obéir au gouvernement déchu du Niger qui a signé avec elle un accord de coopération militaire ou se résigner à quitter le pays après dénonciation de cet accord ? C’est la question centrale. Rester présent contre l’avis d’un gouvernement est un scénario impensable. La France est vomie par une majorité de la population qui compte servir de bouclier humain à une éventuelle intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao). Une intervention à haut risque. Qui ne fait pas l’unanimité au Nigéria, où les Etats du Nord craignent une guerre fratricide, puisqu’ils sont issus de la même ethnie haoussa qu’une partie du Niger, le Sénat n’en veut pas non plus. En outre, la menace d’une intervention a créé une coalition du Mali, du Burkina et de la Guinée, suscité une animosité de l’Algérie, de la Mauritanie et la neutralité du Tchad. Mais cela ne dérange la France qui, pour des raisons géopolitiques, cherche à rétablir par la force Mohamed Bazoum au pouvoir. Même s’il en serait ainsi, comment réoccupé le fauteuil de commandant en chef d’une armée qu’il a humiliée? A-t-on songé aussi à un vide sécuritaire qui pourrait permettre à d’innombrables armes de sortir de ce pays et a aggravé l’insurrection, l’extrémisme et la criminalité dans toute la sous-région ? Le Niger fait partie de nous et nous ne laisserons pas cette partie de nous souffrir, ni sombrer dans les eaux tumultueuses agitées par qui que ce soit, un discours des voisins qui ne veulent pas courir les risques d’une escalade régionale et d’une « syrianisation » du Niger qui sont bien réels.
Il est temps de mettre un terme à cette absurdité cynique. Toute solution doit être respectueuse de la souveraineté du Niger, et qui réalise les aspirations de son peuple et mène à l’édification de l’État que les Nigériens recherchent et méritent, loin des intérêts étroits, des ambitions personnelles, des programmes malveillants et des ingérences extérieures illégales. D’ailleurs, avec quels moyens aller au Niger ? Les contributeurs de troupes- Côte d’Ivoire, Sénégal et Nigéria – n’ont point les moyens logistiques et financiers. Ces armées attendent l’appui extérieur, principalement de la France.
La littérature abondante met l’accent sur la nécessité de donner un coup de frein au cycle de coups d’Etat en Afrique. En effet, les dirigeants redoutent d’être enroulés dans la spirale. Après Ibrahim Boubacar Keïta, Alpha Condé, Roch Marc Christian Kaboré et Mohamed Bazoum, à qui le tour ? Pourquoi ne tape- t-elle pas du poing sur la table lorsque des dirigeants révisent la constitution en vue d’un troisième mandat ? En usant et abusant des sanctions économiques et financières, la Cédeao fait passer des messages. Mais son image est écornée aux yeux des peuples qui l’assimilent à un syndicat de chefs d’Etat en activité.
Les autorités nigériennes restent droites dans leurs bottes, solidement épaulées par leurs homologues maliens et burkinabè. De retour de visite de Niamey lundi dernier, le général Abdoulaye Maïga, ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement a estimé que la Cédéao se trompe de combat et d’adversaire : « au lieu de fixer un ultimatum au Niger qu’elle le fasse contre les terroristes». Entre ses mains une lampe éclaire l’objet de cette visite chez le voisin ”Nous avons réitéré la décision des présidents Goïta et Traoré de participer pleinement aux opérations de légitime défense aux côtés des forces de défense et de sécurité nigériennes”.
Fanfan
L’Informateur