En décidant d’intervenir au Niger pour déloger les militaires putschistes ou en choisissant la voie du dialogue, la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) fait actuellement face à un dilemme cornélien.
Comme les personnages du dramaturge français, Pierre Corneille qui ont toujours des choix difficiles parce que chacun présentant des conséquences, les chefs d’Etat de la Cedeao sont en proie à la même mesure au Niger. Cela, depuis le coup d’Etat perpétré dans ce pays par les hommes en treillis.
En décidant d’intervenir militairement, les forces de la Cedeao vont ajouter à la souffrance des populations déjà fragiles par le terrorisme contre lequel le pays se bat. D’un accrochage des forces de la Cedeao et les militaires nigériens et leurs alliés, des dommages collatéraux sont à envisager. Alors cette voie pour faire revenir Bazoum au pouvoir présente des inconvénients incommensurables.
Les chefs d’Etat de la Cedeao ont du pain sur la planche. Suite au coup d’Etat au président Ibrahim Boubacar Keita, d’autres ont été réalisés dans la sous-région. La Cedeao s’est contentée de communiqués, sanctionnant certains et collaborant avec d’autres comme si de rien n’était. Sa politique de deux poids deux mesures a été dénoncée sur les plateaux de télévision ainsi que sur les antennes de radios. Là elle a prêté le flanc aux coups de bâton qui n’ont d’ailleurs pas manqué.
Ce dernier coup d’Etat au Niger pousse donc la Cedeao à jouer la dernière carte qu’elle possède. Sachant bien que les communiqués et sanctions ne font pas souvent tâches d’huile, la Cedeao veut passer à la vitesse supérieure. Intervenir militairement ou dialoguer pour une sortie de crise, c’est là la question. En tout cas, l’organisation joue toute sa crédibilité dans la sous-région à travers le Niger.
Bazoumana KANE
L’Alerte