Dans les rédactions, à la télévision nationale on s’empresse de qualifier la visite du Premier Ministre à Niafounké et Sompi la semaine dernière comme un exploit en des termes très élogieux qui prouvent que le ridicule politique ne tue plus sous nos tropiques . Certains disent que « malgré les attaques perpétrées par les terroristes pour empêcher la visite du Premier Ministre ce dernier a tenu à achever son programme ».
Elles reconnaissent même qu’il a fait preuve de beaucoup de courage et de détermination. Où est donc cet exploit tant vanté car en mettant n’importe quel citoyen dans les mêmes conditions il peut effectuer cette visite en hélicoptère. Les pauvres administrateurs qu’on oblige à aller occuper leurs postes respectifs peuvent aussi aller en hélicoptère pour rejoindre leur localité de travail. Cela est certain. D’ailleurs, il faut se poser la question de savoir si le Premier Ministre est allé avec une autorisation du Président de la République dans ces localités visitées, comme ce fut le cas lors de la visite de l’ancien Premier Ministre Moussa MARA le 17 mai 2014 à Kidal. Au cours de cette visite, un assassinat programmé de la délégation gouvernementale a été évité de justesse, mais ce sont six administrateurs qui ont payé les pots-cassé. Ensuite le 21 mai ce fut la débâcle des FAMA à Kidal, deux heures après avoir pris la ville avec des dizaines de morts à la clé . Après avoir annoncé dans une intervention officielle que c’était lui IBK qui avait mis Moussa MARA en mission, il a fini par dire le contraire lorsque Moussa MARA éjecté de la primature a manifesté son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2018. Il n’en fallait pas plus pour qu’une plainte en bonne et due forme soit déposée contre lui à la Haute Cour de Justice.
Cette cour a regardé dans le sens des doigts d’IBK pour trancher en faveur d’une accusation formelle de son deuxième premier ministre. Dans le cas du président de la Haute Cour de Justice, il était allé à Ténenkou, non pas pour une visite officielle, mais pour un mariage familial, au cours duquel son chauffeur et cinq éléments des FAMA ont trouvé la mort. Pour cette imprudence y-aura-t-il une plainte officielle contre le Président de la Haute Cour de Justice ? Et bien oui, sauf s’il y a deux poids deux mesures pour les mêmes situations jugées identiques. Dans ce cas d’espèce, qui sera le responsable désigné de la mort des cinq militaires et du chauffeur qui est civil ?
En analysant le fond de cette insécurité sur presque l’ensemble des zones, on constate que l’Accord vanté n’en était pas un. Il a été signé sous la pression de François HOLLANDE, dans une situation où IBK a ignoré la volonté du peuple. Voilà donc la raison principale qui fait que ledit accord est inapplicable trois ans et demi après sa signature.
IBK a été le premier à violer l’Accord lorsqu’il a fait voter un nouveau code des collectivités relatif à leur libre administration. En effet, dans l’Accord d’Alger de 2015 le Président de région était le chef de l’administration, de l’exécutif, alors que dans le nouveau code, il est un subordonné du gouverneur de région.
La CMA et la Plateforme signataires de l’Accord d’Alger de 2015,ont protesté contre ce fait et ont même interdit toute élection sur leur territoire. Le Premier Ministre au cour de ses visites a rassuré les populations du soutien du Gouvernement. Les populations peuvent-elles croire en cela ? Nous ne le pensons pas, car leurs administrateurs ont fui et ne sont pas prêts à revenir de sitôt. A quoi bon donc d’aller ‘’bluffer’’ encore les pauvres populations qui sont laissées sans écoles pour les enfants, sans liberté de circulation qui bravent tous les jours la mort ? Ceux-là même qui bouffent à la soupe du régime doivent prendre en compte la réalité pour ne pas être tué par le ridicule.
Ivette GUIDO
Par Le Carréfour