Le colonel Assimi Goïta, à la tête de la junte malienne, a récemment fait une demande spécifique au président ivoirien Alassane Ouattara. Goïta souhaite que Ouattara s’implique personnellement pour obtenir la levée de certaines réticences de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Selon Africa Intelligence qui livre l’information, cette demande a été formulée lors de la visite d’Abdoulaye Kouyaté, directeur de cabinet adjoint du ministère ivoirien des Affaires étrangères, à Bamako le 24 mars. Kouyaté a été reçu par Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne, et un procès-verbal a été rédigé pour consigner les discussions.
Les préoccupations de Bamako
Dans ce document, consulté par Africa Intelligence, Bamako exprime ses préoccupations quant au traitement qu’il considère comme discriminatoire de la part de la BCEAO et de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Cette dernière est dirigée par Serge Ekué du Bénin. Bamako estime que l’attitude de la BCEAO, jugée injustifiée, contribue au ralentissement de l’économie malienne, qui a déjà été durement touchée par l’embargo imposé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) entre janvier et juillet 2022. Parmi les points soulevés par Bamako, on trouve la non-activation par la BCEAO du fonds de stabilité financière de l’UEMOA, qui vise à prévenir les défauts de paiement d’un État en difficulté temporaire.
En raison de l’embargo de la CEDEAO, le Mali a connu d’importants défauts de paiement, ce qui a conduit à une dette de plus de 200 milliards de francs CFA (environ 300 millions d’euros) au moment de la levée des sanctions en juillet 2022. Assimi Goïta accuse donc la BCEAO de ne pas avoir suffisamment financé l’économie malienne en pratiquant une “politique discriminatoire” en matière de refinancement, tant avant qu’après la levée des sanctions.