La Division des Affaires Electorales de la MINUSMA a organisé quatre ateliers, du 28 mai au 09 juin 2017 à Bamako, en vue de fournir un cadre de réflexion sur une stratégie de prévention et de mitigation des conflits et violences liés aux élections. Près de 200 acteurs nationaux clés de la société malienne dont des médias, des partis politiques de tout bord ainsi que les organes et les institutions de gestions des élections ont pris part aux différents ateliers qui ont chacun duré deux jours.
« La grande priorité qui a guidé l’organisation du présent atelier a été le souci de la pertinence et de l’anticipation. Pertinence, parce qu’il vaut toujours mieux prévenir que guérir. Anticipation, parce que le Mali vient d’entamer un nouveau cycle électoral au cours duquel de nombreuses échéances majeures sont prévues », a expliqué à l’ouverture des ateliers, M. Frantz Mésidor, Directeur par intérim de la Division des Affaires Electorales de la MINUSMA. Et d’ajouter que : « Compte tenu des enjeux des élections à venir, il s’avère impératif qu’un planning adéquat soit fait en vue de prévenir et pallier à toute éventualité de violence ou de crise liées aux élections », a-t-il ajouté.
En effet, le principal objectif de ces ateliers est de permettre de manière participative à tous les acteurs du processus électoral de dresser une cartographie descriptive et analytique de la situation au Mali. Ils consistent aussi à évaluer les capacités de la société civile et des acteurs nationaux dans la prévention et la gestion des conflits en période électorale.
La société civile a son mot à dire
Saluant la tenue de ces ateliers, les participants ont encouragé l’initiative de la MINUSMA à amener les différents acteurs à échanger autour des élections. Pour la Directrice exécutive de la coalition nationale de la société civile pour la paix et la lutte contre les armes légères, Dr Mariam Maiga, « les femmes ont un rôle important à jouer pendant le processus électoral. Elles sont à la base de la chaîne, doivent voter et développer des mécanismes de sensibilisation de l’ensemble des acteurs».
A leur tour, les responsables des médias et des journalistes ont largement débattu de la nécessité d’élaborer cette stratégie nationale de prévention et de mitigation des conflits liés aux élections au Mali. Cependant, a souligné Abdoul Majid Thiam, représentant de la maison de la presse à cette rencontre, « Il était temps que la MINUSMA qui participe à la stabilisation de ce pays, puisse effectivement convier les journalistes maliens à travailler en amont pour qu’on puisse avoir des élections transparentes et apaisées au Mali en 2017 et 2018 ».
Pour l’enseignant chercheur à l’Université de Bamako, Amadou Samake, de rassembler les forces vives de la société malienne autour de cette question offre le cadre de mettre à nues les principales difficultés et de contribuer à sensibiliser les fils et filles du pays. « Dans un pays qui sort progressivement de crise et qui s’apprête à organiser des élections générales en 2018, un tel atelier permet d’attirer l’attention des populations sur le fait que les élections qui sont un processus éminemment politique, si on ne prend garde, peuvent être à l’origine de sa déstabilisation », a-t-il relevé.
Des comités locaux d’alerte précoce et de réponses rapides prévus
Répartis en trois groupes à chaque atelier, les participants ont travaillé sur trois thématiques dont la première est le recensement des différents mécanismes de prévention et de gestion de crises qui existent au Mali et leurs capacités réelles. Pour la deuxième, ils ont réfléchi sur le nombre et le profil des médiateurs à former pour chaque site ainsi que sur les mécanismes possibles de leur recrutement. Enfin, la dernière a porté sur le type de mécanismes d’alerte précoce et de mitigation des crises liées aux élections appropriées au Mali.
Chaque groupe a formulé des recommandations dont la consolidation aboutira à un dernier atelier de validation, par les mêmes acteurs, de cette stratégie nationale de prévention et de mitigation des conflits et violences liés aux élections. Par la suite, le document validé sera vulgarisé auprès des différentes couches des régions du Mali dans le but d’y mettre sur pied des comités locaux d’alerte précoce et de réponses rapides, chargés de désamorcer les tensions sociales non seulement en période électorale, mais aussi pendant toute la durée du processus de paix et de réconciliation au Mali.
Dans quelques mois et conformément au calendrier électoral publié par le gouvernement, le Mali entend organiser au moins six scrutins majeurs d’ici à la fin 2018 qui permettront de couronner le processus de sortie de crise. « Ça nécessite de mener des campagnes de sensibilisation auprès des acteurs pour mieux comprendre les différentes dispositions contenues dans la loi électorale. Au niveau de la CENI, nous veillons à ce que les acteurs soient traités sur le même pied d’égalité », affirme Mamadou Maiga, sixième vice-président de la CENI.
De par leur nature et le contexte actuel, ces élections ont plusieurs enjeux politiques et socio-économiques tant pour le pays que pour les acteurs politiques impliqués. Elles pourront par ailleurs paver le chemin d’une réconciliation durable tant espérée par tout le peuple malien.
MUNISMA