Le contexte politique malien vibre, pour l’heure, au rythme des élections du président de la République. Pour l’occasion, nous assistons à une forte irruption d’activistes et de cyber activistes dans la conquête et la conservation du pouvoir d’Etat. Et à la solde exclusive des politiques. Ce nouveau paradigme du jeu politique dans notre pays s’expliquerait en partie par la forte effervescence de la jeunesse envers les réseaux sociaux, les nouvelles technologies de l’information et de la communication mais surtout, l’implication active des jeunes dans les structures des formations politiques.
Si l’usage des TICs est bénéfique sous beaucoup d’angles, force est de reconnaître que leur usage actuel au Mali permet d’émettre des signaux d’alarme qui, si on ne prend garde, peuvent être porteurs du spectre de la violence post-électorale. En quoi l’activisme, dans le contexte des élections présidentielles au Mali, peut-il générer les pathologies de la violence électorale ?
La conquête du fauteuil présidentiel de cette année se joue dans une atmosphère différente des années antérieures. Les activistes et cyber activistes volent la vedette aux autres prestataires. Ainsi, le contrôle des réseaux sociaux ou des médias devient un impératif stratégique pour vendre et vanter les programmes de société aussi bien que les qualités de leadership de son candidat. Dans cette perspective, nous observons des dérives notoires. L’information prend un tournant de désinformation, de dénigrement et de diffamation. Le métier de journalisme se banalise car, on publie sans qualité ni certitude mais, supposant que l’usage du conditionnel, nous dédouanerait de la pudeur d’avoir sciemment menti, très souvent sur la base des rumeurs ou d’opinions erronées. Dans ce contexte, la violence verbale est permanente sur les réseaux sociaux. Une véritable passe d’armes entre les activistes et les autres membres de la société civile et sans oublier les hommes politiques. Plus, on s’approche du jour du vote, plus les positions se radicalisent jusqu’à proférer des menaces de mort ou d’inciter à la violence comme conditionnement des électeurs pour parer à un éventuel échec de son candidat. La dénonciation active du régime est devenue une manie qui empêche toute perception des mérites louables du pouvoir en place. Toute chose qui donne du zèle à l’opposition qui s’autoproclame en alternance crédible. La majorité pour se défendre confond sciemment la communication institutionnelle avec la propagande politique. On oublie de facto la frontière entre activisme et opposition. Car l’action citoyenne ne doit épargner ni l’opposition et ni la majorité. En plus, on oublie à tort une majorité silencieuse de citoyens qui s’abstient délibérément des propagandes médiatiques ou mieux, n’ayant pas accès aux réseaux sociaux mais dont le vote est déterminant dans le choix du président de la République.
En somme, pour une élection apaisée, il urge de procéder à une sensibilisation à grande échelle des activistes et des cyber-activistes sur la déontologie dans l’usage des médias, sur le respect de la vie privée des personnalités et sur la communication de crise. Sans quoi, l’activisme rime de plus en plus chez nous avec l’éloge de la violence et de l’atteinte aux mœurs. Le fossé de l’incompréhension et de l’intolérance s’élargit entre les citoyens ayant pour cause le culte de la personnalité et la quête des intérêts personnels. Alors, face à cet activisme et cyber activisme à outrance, notre devoir citoyen est de veiller sur la qualité des informations et des personnes ou des sources qui informent. Enfin, prions pour que la boîte de pandore ne s’ouvre pas durant ces campagnes électorales ou après l’élection du président de la République. Toute chose qui affecterait tous les efforts consentis pour la sortie de la crise.
Par Siaka KONE, enseignant.
Source: Tjikan