Après l’élection présidentielle qui a plébiscité le président Ibrahim Boubacar Keïta et permis la naissance de toutes sortes d’alliance politique ( à Bamako et à l’intérieur du pays), les sièges à l’hémicycle de Bagadadji, ou du moins les avantages que procure la fonction de député, opposent les « Tisserands » de Gao et« les prétendus amis » du Simbo censés aussi lui garantir une majorité parlementaire pour le cas où… durant les cinq ans de son mandat. Mais déjà le torchon commence à brûler entre le peuple RPM et les « Abeilles » épaulées par Arboncana Boubèye Maïga, élu d’Asma, le parti de l’omniprésent Soumeïlou Boubèye Maïga.
Quarante-huit heures après les législatives du 15 décembre, la tension monte dans les rues de la « Cité des Askia ». Après un calme apparent, les états-majors des deux listes en lice (Adema-Asma et RPM) s’agitent et interprètent chacun à son avantage les résultats provisoires déjà sur la table du ministre de l’Administration Territoriale.
Selon les chiffres provisoires publiés à Gao, les « Abeilles » et leur colistier d’ASMA-CFP ont raflé les trois sièges du cercle de Gao en battant les « Tisserands » d’IBK par un score sans appel, qui cependant donne le tournis au décompte des résultats issus des urnes.
Sur les sept communes du cercle, quatre sont situées le long de la vallée et les trois autres, des communes nomades (dont les potentiels d’électeurs demeurent encore sur les sites de réfugiés au Niger et au Burkina Faso, et dans certaines localités algériennes comme In Khalil, Tamanrasset, Bordj el Moktar et Timiamin.) Cependant, c’est dans ces trois communes, les moins peuplées en temps normal et aujourd’hui désertes, que la différence de voix entre les deux listes a fait de Assarid Ag Imbarkawane, Abouzéïdi Ousmane et Arboncana Boubèye les nouveaux honorables du cercle de Gao. D’ores et déjà, les responsables du RPM voient la fraude massive et crient à l’achat des consciences, au bourrage des urnes et à la complicité des sous-préfets de Tilemsi et d’Intilit, qu’ils accusent de tous les maux. En attendant la proclamation des résultats, les amis du président Ibrahim Boubacar Keïta et ses alliés qui l’ont accompagné au second tour des législatives crient au scandale et à une pérennisation d’un système basé sur la triche, la magouille, le tripatouillage, les intimidations et autres insultes à la démocratie malienne.
Déjà, plusieurs huissiers de justice sont commis pour bouter la liste Adema-Asma hors du circuit. Ce serait fait certainement lors du troisième tour qui sera arbitré par les neuf sages constitutionnels. A Tombouctou où les « Tisserands » sont devancés par quelques 2.000 voix, il semble que ce soit le scénario inverse.
Pourvu que la loi soit dite et que le règne de l’impunité, de l’injustice, de l’arbitraire soit à jamais banni, et que les collectivités du nord-Mali n’aient pas seulement que des figurants à l’Assemblée nationale du Mali.
Modibo TANDINA, depuis Gao
SOURCE: Le Prétoire