L’argent est le nerf de la guerre dit-on. Pour organiser des élections, il faut débourser des fortunes. Et cette année, on pourrait avoir encore des élections chères. Le conditionnel est de mise car, en dehors de commentaires sur les chiffres de l’organisation de prochaines joutes électorales qui vont bon train, le doute existe sur la prévision de la Loi électorale.
Dans une sortie télévisée, l’éminent avocat, Me Kassoum Tapo, ancien président de la CENI a évoqué le budget d’organisation des élections qui grimpe crescendo depuis 1997. Il dit avoir géré un budget de 17 milliards pour toutes les élections tandis qu’il est aujourd’hui question de près de 90 milliards pour celles à venir. Pour lever le doute, Amadou Maiga, le 1er secrétaire parlementaire du CNT, tempère le débat, et a une idée du budget proposé à cet effet. « Les dépenses électorales au titre de la (LFI) Loi de Finances Initiale 2021 sont de 30 750 000 000 Fcfa et au compte du collectif budgétaire, il y a eu une majoration de 15 milliards de Fcfa. Donc les dépenses électorales s’élèvent à hauteur de 45 750 000 000 Fcfa », a-t-il précisé, ajoutant que ce sont des « prévisions ».
Mais avant, la seule chose qu’on sait de ces élections à venir, c’est qu’elles seront chères. Car loin des chiffres soutenus si haut par un secrétaire parlementaire du CNT, le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, lieutenant-colonel Abdoulaye Maiga, a lui aussi, un agenda s’agissant de l’organisation des élections. En février 2021, il a présenté aux partenaires financiers son plan d’actions, qui était assorti d’un budget estimatif de 96 095 409 480 Fcfa pour les scrutins (referendum, élections législatives, présidentielles, régionales, cercles et communales). Ce qui entraîne un fort décalage des chiffres, entre le CNT (organe législatif) et le ministère (probable organisateur) des élections prochaines.
De 17 à 96 milliards en l’espace de 25 ans d’organisation d’élections, il y’a un écart ahurissant qui peuvent néanmoins s’expliquer par les réalités sécuritaires de notre pays. Cependant, le pays étant à bout de souffle économiquement, c’est toujours un budget colossal pour des élections qui ne garantissent pas toujours l’accalmie après la proclamation des résultats. Bien entendu, les principales justifications du budget présenté par le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation aux partenaires, résident dans la « contrainte liée à la sécurisation des élections, et le contexte sanitaire lié au coronavirus ».
Malgré cette flambée des budgets de l’élections, les résultats sont de plus en plus contestés, et surtout le taux de participation en baisse (hormis 2013) montre que nos élections manquent, de plus en plus, de légitimité populaire.
Ousmane Tangara
Source: Bamakonews