Au Mali, les femmes représentent plus de 51 % de la population. Malgré cette majorité, elles se font rares sur les listes électorales. Pourquoi les femmes maliennes sont toujours réticentes aux élections au Mali ?
Rarement une élection présidentielle au Mali a vu deux femmes candidates. Pour voir une femme candidate à une présidentielle au Mali, il faut remonter à 2007 avec Mme Sidibé Aminata Diallo. La deuxième, celle de Mme Haïdara Aïssata Cissé dite Chato, date de 2013.
A l’Assemblée nationale, elles n’ont jamais dépassé le chiffre 16. A peu près une quarantaine est à la tête des mairies au nombre 703 au Mali. Selon le dernier Ravec, la couche féminine représente 51 % de la population malienne. Malgré cette densité démographique, les femmes restent très réticentes aux élections au Mali.
Selon un assistant chargé de programme à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Abdoulaye Sultane, le phénomène est d’abord dû à un problème psychologique. « Les Maliennes sont toujours confrontées au problème des us et coutumes. Elles sont aussi freinées dans leurs initiatives par l’islam pratiqué par la majorité des Maliens », analyse-t-il.
Il indique que le phénomène peut aussi s’expliquer par leur faible présence dans les grandes institutions du pays. Ce qui, pour lui, ne leur permettra pas de se préparer moralement et financièrement pour faire face aux élections.
« Les candidatures féminines sont encouragées, mais elles ont toujours manqué d’accompagnement. Parce qu’il faut beaucoup d’argent pour une campagne électorale surtout la présidentielle », souligne M. Sultane.
L’enseignant Issouf Traoré est formel : jamais les Maliens ne laisseront une femme présider aux destinées du pays. « Même si cela doit arriver, nous sommes quand même très loin de cette époque pour le moment », ajoute-t-il.
Notons aussi que sur le fichier électoral, les femmes sont moins nombreuses que les hommes. Sur plus de 8 millions d’électeurs, elles ne représentent qu’environ 3,9 millions. Selon le colonel Boussourou Dramé de la Délégation générale aux élections, cela peut s’expliquer par leurs multiples occupations qui priment les échéances électorales.
Abdoul Madjid Mohamed Maïga
Source: Le Focus