L’heureux élu parmi les 19 prétendants à l’investiture de l’ADEMA-PASJ à la présidentielle du juillet prochain est connu depuis le conclave du mercredi dernier entre la Commission de bons offices et le Comité exécutif du parti. En principe, Dramane Dembélé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, défendra les couleurs rouge et blanche du parti de l’abeille dans une course dont certains concurrents ont pour nom Ibrahim Boubacar Kéita du RPM, Soumaïla Cissé de l’URD, Me Mountaga Tall du CNID, Modibé Sidibé de FARE Anka Wili. L’élection présidentielle n’étant pas qu’une compétition entre des partis politiques mais surtout entre des individus, les » candidats à la magistrature suprême « , la question se pose de savoir si le jeune Dramane Dembélé pourra faire trébucher ces poids lourds du microcosme politique national ?
Il semble que le nécessaire vent du changement qui s’est imposé à l’ADEMA-PASJ soit passé par le choix d’un homme nouveau comme candidat du parti à la prochaine élection présidentielle. Certains observateurs diront qu’aucun des 19 candidats enregistrés ne pouvait mieux refléter ce label d’ »homme nouveau » que Dramane Dembélé. Plus d’un responsable du parti n’avait de cesse de rappeler que les militants ne veulent plus des caciques de la vieille garde. A force de chercher l’oiseau rare ayant une certaine virginité politique au sein de la Ruche, la Commission de bons offices est finalement tombée sur le jeune ingénieur des industries et des mines.
A 46 ans, « Dra« , comme l’appellent affectueusement ses camarades du parti, doit désormais faire face à la lourde mais exaltante mission de candidat du plus grand parti du Mali. Sa désignation dans la soirée du mercredi dernier avait un peu surpris plusieurs cadres et militants du parti. Mais ceux-ci, en bons démocrates et républicains, ont fini par accepter ce choix. Il nous est revenu que tous les candidats en ont pris acte et ont promis de se mobiliser pour faire triompher cette candidature, conformément à l’engagement qu’ils ont signé la veille de respecter la décision finale du parti.
Au plan des atouts, il faut reconnaître que le coup d’Etat du 22 mars a créé une dynamique de changement au sein de l’ADEMA, souvent considéré à tort ou à raison comme le parti des »démocrates milliardaires « . Pour ne pas dire le parti des cadres qui ont le plus été impliqués dans les affaires de malversations financières au préjudice de l’Etat. Sous cet angle, en choisissant Dramane Dembélé, dont on assure qu’il ne traîne aucune casserole, le parti de l’abeille semble saisir la balle du changement au rebond.
En effet, Dramane n’a pas fait carrière dans l’administration classique sauf à considérer ses cinq ans passés à la tête de la Direction Nationale de la Géologie et des Mines (DNGM) comme étant un parcours administratif susceptible de ler. Or, il est établi, comme il le rappelait lui-même dimanche dernier, que de nombreuses missions de contrôle ont été dépêchées dans cette structure sans qu’elles aient trouvé le moindre reproche à lui faire en terme de mauvaise gestion.
Ainsi, Dramane jouit d’une réputation de » clean « , c’est-à-dire d’un homme qui n’a pas été trempé dans de sales affaires de gouvernance. Il faut, à cet égard, préciser que l’arrestation dont il a été l’objet après le coup d’Etat du 22 mars était liée à sa supposée implication dans une tentative de déstabilisation du nouveau pouvoir kaki. Ce qui avait fait sourire plus d’un observateur d’autant qu’une ordonnance de non-lieu du juge d’instruction lui a été délivrée quelques semaines après cette arrestation arbitraire.
Par ailleurs, le parcours politique de Dramane Dembélé force l’admiration de certains adversaires politiques. Si, du côté du RPM d’IBK, l’ancien député Mamadou Diarrassouba estime que » c’est un choix à ne pas sous-estimer mais à respecter « , à l’URD, le président des jeunes, Dr Madou Diallo pense qu’ «il ne faut surtout pas minimiser un adversaire politique». Certains acteurs politiques ayant requis l’anonymat trouvent en ce jeune ingénieur minier a les ressources morales et financières nécessaires qui, avec la cohésion et la mobilisation de l’ADEMA derrière lui, peuvent faire de lui un redoutable adversaire sur le plan électoral. Si Moussa Mara avait failli damer le pion à IBK aux législatives de 2007 en commune IV, rappellent certains observateurs, Dramane peut toujours créer la surprise.
Le groupe du député Yaya Sangaré, aidé de Bréhima Sangaré, qui pilotait la candidature de Dra lors des primaires, n’hésite pas à dire à qui veut l’entendre que cet ami personnel de Guillaume Soro, l’ancien Premier ministre et actuel président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire « possède les moyens de sa politique « .
En clair, le nerf de la guerre ne ferait pas défaut à ce jeune Turc qui a fait, semble-t-il, fortune dans les mines. On susurre d’ailleurs que plusieurs sociétés minières pourraient lui venir discrètement en appui… Il doit, à présent, maximiser ses chances en se faisant d’abord investir par l’ensemble du peuple ADEMA, ce dimanche 14 avril, en parvenant à rassembler tous les candidats aux primaires à cette cause commune, en renouant ses contacts à l’international. Il doit, ensuite, pouvoir mettre en place, grâce à l’assistance des uns et des autres, une équipe de campagne inclusive de toutes les énergies avant l’amorce de la marche vers Koulouba.
Bruno D SEGBEDJI