Afin de faire connaitre leurs programmes et leurs ambitions pour le Mali, 26 Mars propose de vous faire découvrir à fond, les candidats déclarés à l’élection présidentielle 2018.
Cette fois, c’est M. Moussa Mara qui a accepté de répondre à nos 3 questions.
26 Mars : Vous avez officiellement annoncé votre candidature à l’élection présidentielle 2018.
Quelles sont vos motivations?
Moussa Mara : je veux panser les plaies du Mali. La plus importante de celles-ci est incontestablement la défiance des maliens entre eux-mêmes, vis-à-vis de leur pays et surtout de leurs responsables. Sans confiance, rien de durable ne peut être entrepris par une collectivité ou un pays. Il faut donc restaurer la confiance des maliens en eux-mêmes, en leur pays et en leurs leaders. C’est la motivation principale de ma candidature. J’estime être le mieux à même de restaurer cette confiance. De par ma personne (mon histoire, mes racines, mon parcours, mes compétences, mon expérience et ma volonté de rassembler) ainsi que par mes idées et projets, je serais en mesure de réaliser ce dessein majeur pour le Mali si mes compatriotes me font confiance.
26 Mars : Si vous êtes élu Président de la République du Mali, quelles seront vos priorités?
Moussa Mara : la confiance ne s’obtiendra pas par des mots uniquement. Il faut des actes très forts conduits par une équipe compétente et déterminée, agissant de manière solidaire et conformément à un programme précis. C’est pourquoi nous agirons à la lumière de quatre principes majeurs qui gouverneront l’action de l’Etat dans tous les domaines au service de nos compatriotes
Le premier principe est le renouvellement et le rajeunissement des responsables maliens pour insuffler du sang neuf dans l’action publique, amener des idées novatrices conduites par des maliens de l’intérieur et de la diaspora afin que la jeunesse malienne se retrouve mieux dans la gestion du pays. Le second principe est la lutte contre la corruption des responsables qui se doivent d’être exemplaires s’ils veulent qu’on leur fasse confiance. Une nouvelle gouvernance vertueuse, efficace et orientée vers des résultats concrets est à ce prix. Le troisième principe est la décentralisation profonde et réelle du pays pour que les maliens aient ce à quoi ils aspirent, là où ils vivent, sans être obligés de se déplacer à Bamako. La décentralisation permettra à nos diversités ethniques, climatiques et territoriales de mieux être mises à profit au bénéfice du Mali et des maliens. Enfin le dernier principe est le souci de l’amélioration effective des conditions des vies de nos compatriotes les plus démunis à travers l’accroissement de leurs revenus ou l’atténuation de leurs charges. Nous imprimerons à l’action publique dans tous les secteurs (la sécurité comme l’éducation en passant par la santé ou l’économie) l’observation scrupuleuse de ces quatre principes majeurs.
Le mandat sera organisé en deux phases : une première de deux ans pour stopper l’enlisement du Mali et une seconde de trois ans pour l’inscrire dans une dynamique de renouveau de prospérité. La première priorisera les questions de sécurité, de reformes pour parachever la mise en œuvre de l’accord de paix, accélérer la réorganisation de notre dispositif sécuritaire et de défense, installer le processus de réconciliation nationale…
La seconde donnera plus de place aux questions économiques et sociales, les problématiques de jeunesse, le redressement de l’école, le traitement adéquat des questions de démographie, d’accès aux services de base (Energie, eau – assainissement…), la généralisation du numérique…
26 Mars : Substantiellement, pouvez-vous nous parler de votre programme?
Moussa Mara : il serait fastidieux de détailler le programme à ce niveau. J’ai souhaité expliquer les principes qui gouverneront le fonctionnement de l’Etat dès notre entrée en fonction. J’ai également mis en lumière l’organisation globale du mandat pour que nos compatriotes sachent les étapes importantes du mandat et qu’ils comprennent qu’il n’y aura aucun tâtonnement du premier au dernier jour de notre quinquennat. Je me permettrais simplement à ce niveau d’insister sur trois sujets majeurs : la sécurité, l’école et l’emploi des jeunes.
Dans le cadre de notre action sécuritaire, le Président de la République que je serais va prendre en main effectivement et personnellement ce dossier et y consacrera l’essentiel de son temps au moins pendant la première année de mon mandat. Je passerais ainsi autant de temps dans le centre et le nord du Mali qu’à Bamako. Cette présence constante est ce dont nos FAMAS ont le plus besoin pour sentir le Mali derrière eux dans leur mission. Sur le plan institutionnel d’abord je regrouperais les secteurs de la défense et de la sécurité dans un seul ministère car aujourd’hui et pour longtemps encore, les impératifs de sécurité intérieur et de lutte contre le terrorisme occuperont toutes nos forces (armée et sécurité). Elles sont sur le même spectre, elles travailleront dans une coordination précise et seront sous la même égide. Ensuite je réunirais une fois par semaine le conseil de défense pour suivre au plus près toutes les situations sécuritaires du pays, dans un cadre où tous nos services de renseignement travailleront en intelligence plutôt qu’en concurrence. Nous travaillerons ainsi sur les quatre chantiers majeurs de la sécurité de notre pays : le dossier du nord, le dossier du centre, la sécurité des villes, les autres facteurs d’insécurité avec leurs interactions (questions frontalières, questions régionales, questions inter urbaines, sécurité dans certaines zones rurales comme les sites d’orpaillage…). Le renforcement de nos dispositifs sécuritaires, les reformes à mettre en place, notre adaptation à l’évolution des contextes impacteront ce travail acharné et prioritaire pour produire des résultats progressifs et rassurer nos partenaires que le Mali est de retour sur ce segment majeur du sahel.
En ce qui concerne l’école, nous regrouperons ce secteur crucial, actuellement morcelé, pour le placer sous la direction d’un seul département ministériel. L’éducation, du jardin d’enfant à l’université en passant par les formations techniques et professionnelles, est un système unique. Nous regrouperons les services, allègeront le dispositif de certaines activités non pertinentes, améliorerons la gouvernance et le partenariat avec les acteurs de l’école pour que la reprise en main soit perceptible dès les premiers mois du mandat. Nous travaillerons à concevoir le nouveau programme décennal, de 2018 à 2020 pour qu’il entre en vigueur progressivement à partir de la rentrée 2020 – 2021. Ce programme sera conçu autour de la qualité du système éducatif et donnera une place centrale à l’enseignant plutôt qu’à la construction de salles de classes. Nous travaillerons à la reconfiguration de notre système éducatif vers les forces du pays et autour de la production et de la création de richesse. Nous nous emploierons à accompagner le système éducatif d’un dispositif de formation professionnelle qui donnera une chance de réorientation aux jeunes diplômés et nous ferons des sciences la cible majeure de l’enseignement.
Enfin, pour l’emploi des jeunes, c’est un travail constant qu’il convient de conduire dans plusieurs directions. L’économie renforcée du Mali, un secteur primaire professionnalisé et ayant accès au crédit, une industrialisation croissante vers l’objectif de 10% de notre PIB, le soutien aux secteurs des services ainsi que l’appui aux économies locales, urbaines et aux nouveaux métiers accroitront les chances des jeunes sur le chemin de l’emploi. De manière spécifique, nous lancerons une initiative de soutien aux 800 communes du Mali pour que chacune d’entre elles puissent créer quelques dizaines d’emplois chaque année au bénéfice des jeunes, ce qui permettra au Mali de créer plus d’emplois comme jamais dans son histoire. Nous écouterons les maires et travaillerons avec eux pour atteindre ce résultat. La simplification des procédures de création d’emploi, la conduite de mesures de soutien aux jeunes innovants, l’accompagnement plus dynamique des organisations de soutien aux jeunes entrepreneurs ouvrira la perspective d’une jeunesse malienne prête à s’assumer et à engager l’aventure de l’auto emploi. Enfin, nous reconduirons et renforcerons tous les dispositifs actuels de soutien à l’emploi des jeunes, en corrigeant leurs faiblesses (transparence, gouvernance, simplification des règles, régionalisation des projets…) pour accélérer leur mise en œuvre et améliorer leurs performances.
Dans chacun des domaines de l’action de l’Etat, il y aura le souci des maliens qui souffrent, l’équité entre nos compatriotes, le soutien à la performance et le partage des informations avec nos compatriotes. Ce sera le cas à tous les niveaux. Les résultats se feront sentir rapidement si les maliens nous accordent leur confiance.
Propos recueillis
Par Djibril Kayentao
Source: Le 26 Mars