La Fédération malienne des associations des personnes handicapées (FEMAPH) a organisé, ce mardi 3 septembre 2019, une conférence de presse à son siège sis à Bakariboubou. Au cœur des échanges avec les hommes de médias, les difficultés auxquelles font face des enfants handicapés au Mali pour un accès l’éducation. Au cours de cette rencontre, les responsables de la FEMAPH ont invité l’État à, non seulement appuyer financièrement les structures des personnes ayant un handicap, mais aussi à respecter les traités, lois et conventions internationales relatives aux droits des personnes handicapées.
Cette conférence de presse était animée par le président de la FEMAPH, Moctar BAH ; qui avait à ses côtés, le président de l’UMAV, Hadji BARRY ; le directeur général de l’AMALDEM, Mozaze Ag Mohamed IKNANE ; le président de l’AMASOURDS, Dana Benjamin DIARRA ; de Boubacar SEREME, coordinateur du projet PAAPH, etc.
L’organisation de cette conférence de presse, selon ses initiateurs, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’amélioration de l’accès des personnes handicapées aux services sociaux et à la participation citoyenne au Mali (PAAPH) financé par le programme Voice Mali.
Le président de la FEMAPH, Moctar BAH, a souligné qu’il n’y a un problème d’appui financier, un problème d’infrastructures au niveau des structures d’accueil et d’éducation des personnes vivantes avec un handicap. Avant d’ajouter que la subvention que l’État accorde ne prend pas en compte l’éducation inclusive.
À cet effet, il a invité l’État à augmenter le budget alloué à l’éducation pour pouvoir respecter les ODD4 (Objectif du développement durable). Il a souligné la nécessité pour le Mali d’aller vers une école carrément inclusive. Par ailleurs, il a invité l’État à respecter les traités, lois et conventions internationales relatifs aux droits des personnes handicapées, dont la convention internationale des droits des personnes handicapées signée en 2007 et ratifiée par le Mali en 2008.
Quant à Hadji Barry de l’UMAV, il a souligné le manque criard de matériel didactique (braille) dans son établissement.
Selon lui, la subvention de l’État s’élève à 12 millions F CFA et n’a jamais connu une évolution malgré l’augmentation des effectifs de l’établissement. Parmi les autres difficultés, il a souligné la mévente de la craie fabriquée par les aveugles (80 000 bâtons) ; les difficultés d’acquisition de la canne blanche, la faible capacité de l’internat, etc.
À sa suite, Mozaze Ag Mohamed Iknane, responsable de l’Association malienne de lutte contre les déficiences mentales chez l’enfant (AMALDEME) a fait savoir que la subvention de 12 millions de FCFA par an en faveur de sa structure n’a pas changé de 1984 à nos jours. À l’en croire, la masse salariale du personnel de l’AMALDEM s’élève à 2 800 000 FCFA par mois. À ce jour, dit-il, le personnel est à 4 mois d’arriérés de salaire.
Pour sa part, Dana Benjamin Diarra, président de l’Association malienne des sourds (AMASOURDS) a fait savoir que les enfants avec déficiences auditives et de déficiences intellectuelles ne poursuivent pas les études secondaires et/ou professionnelles après l’obtention du diplôme d’études fondamentale au Mali. Et cela, faute d’établissement spécialisé pour pouvoir continuer avec les études. Il a surtout mis l’accent sur le manque d’interprète dans le secteur aussi. Aujourd’hui, on compte plus de 500 élèves sourds, dont 33 candidats au DEF 2019 avec 7 admis. Aussi, à ce niveau la subvention annuelle de 3 millions F CFA connait un retard de versement à l’AMASOURDS.
Répondant aux questions des journalistes, les conférenciers ont invité l’État à agir en faveur des personnes handicapées. « On interpelle l’État, il y a l’urgence, nous demandons à l’État d’avoir un regard pour ces institutions, car l’éducation n’attend pas », ont-ils dit.
Par Abdoulaye OUATTARA