Parce que le temps semble être à la rue, cette rue qui gère les colères et les émotions. Telles des baudruches, les contestataires et les supporters du pouvoir, se gonflent et bandent leurs muscles. En effet, les manifestations gigantesques des 05 et 19 juin organisées par le M5 dans le but avoué de forcer le Président de la République à la démission resteront dans les annales de l’histoire de notre pays. Si le 5 juin ce sont les grandes artères de Bamako qui furent littéralement inondées par les contestataires, le 19 juin la contestation a gagné les grandes villes du Mali ainsi que certains pays comme la France et les Etats-Unis du fait de la diaspora. En face, ceux qui soutiennent les institutions, après le report d’une première manifestation pour diverses raisons (le Président aurait demandé de ne pas manifester, la présence du Covid n’incite pas au rassemblement), s’organisent pour occuper bruyamment la rue demain.
Pendant ce temps, les médiateurs sont au four et au moulin. L’objectif est d’amener les deux camps à s’asseoir pour se mettre d’accord sur une démarche consensuelle à trouver afin de rectifier les déviances de la démocratie. Tout le monde reçoit tout le monde, au point que les revendications maximalistes ne semblent plus à l’ordre du jour. Nous l’avons écrit à plusieurs reprises, il n’est pas responsable de vouloir faire partir le président de la République dans la mesure où à la pratique on se rendra facilement à l’évidence qu’il est compliqué de le faire. Ceux qui font la médiation, tant au plan national qu’au plan international, œuvrent à préserver l’institution Président de la République. Par contre, tout le reste se négocie. Cette crise changera forcément la gouvernance et il y a des dérives que les Maliens ne toléreront plus. Ce serait déjà une grande victoire que de ramener tout le monde dans le sens de la vertu. D’ici là, nos baudruches connaîtront le sort de toutes les baudruches : se dégonfler.
Akhimy Maïga