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Éditorial: la gouvernance factice

Incapable de tenir ses engagements, le Gouvernement s’abrite derrière l’argument de tous ceux qui sont vautrés dans le confort de l’inefficacité chronique : les syndicalistes qui multiplient les grèves sont manipulés par l’Opposition. Maintenant qu’il n’y a quasiment plus d’opposition qui empêche de gouverner en rond, qui manipule les populations de Kayes à Gao ? C’est la question à poser à ce régime qui, dans la fuite en avant, est rattrapé par la réalité des manifestations.

En septembre 2018, il y a eu des manifestations des jeunes de Kati et de Kolokani contre le mauvais état de la Route Nationale 3 (la route Kati-Kolokani-Diéma-Kayes).
Lors d’une manifestation, le 1er aout, les jeunes de Gao ont invité le gouvernement malien à prendre les dispositions nécessaires pour la réhabilitation de la route Gao-Sevaré (RN16)
Le mercredi 21 août 2019, le Collectif Action Citoyenne de Kabara de la Région de Tombouctou. « Nous exigeons le prolongement de la route de centre-ville au quai de Kabara, du rond-point à Koriomé afin de soulager ces braves populations évitant ainsi à de nombreux jeunes de basculer dans la violence »
Ce vendredi 23 août 2019 les populations de Kayes ont fermé à la circulation la RN3 en guise de protestation contre l’état de dégradation avancé de cette route. La population de Kati, également concernée, n’est pas demeurée en reste. Le ministre TRAORE Seynab DIOP qui avait déclaré devant les honorables députés, en octobre 2018, que 70 milliards destinés à ces travaux étaient disponibles, se dédie sans gêne se fendant d’un communiqué où elle oppose à la revendication des populations de Kayes, Kolokani, Didiéni, Diéma, Kati, le manque de moyen de l’État. Donc, les 70 milliards ont été soufflés. Mais, ce n’est même pas le seul mensonge dans cette rocambolesque affaire.
Pourtant, invité au Forum économique mondial, le Président IBK avait effectué un voyage du 9 au 13 septembre 2014, à Tianjin en Chine, au cours duquel des rencontres économiques ont eu lieu avec le gouvernement chinois. Dans le cadre de la coopération bilatérale, la Chine a fait don de 18 milliards de FCFA et d’un prêt de 8 milliards de FCFA sans intérêt. Des protocoles d’accord et conventions ont été signés dans plusieurs secteurs. Concrètement, les retombées de ce voyage présenté comme historique couvrent la construction de la route Sévaré-Gao, de l’aéroport de Kidal, d’un quatrième pont à Bamako, et d’un hôpital ultra-moderne dans la capitale. Le financement de la route Sévaré-Gao (RN 16) était bouclé.
De retour, le Président IBK a déclaré qu’il venait avec 5 500 milliards FCFA de portefeuille de projets.
Retour triomphal, le RPM mobilise pour saluer une diplomatie gagnante, un succès éclatant ; la communication officielle n’est pas en reste.
En 2019, l’on apprend que contrairement à ce qui a été claironné, IBK n’a pas ramené de Chine 5 500 milliards FCFA, mais 5 000 milliards FCFA de sources de l’Empire du Milieu. Il y a eu manipulation risquée des chiffres qui se retourne contre le pouvoir.
En 2019, pour un financement de la réhabilitation bouclé, la route Sévaré-Gao n’a jamais été aussi impraticable, imposant souvent aux voyageurs un détour par le Niger et le Burkina-Faso.
Pourquoi en est-on là ? En faisant le point des relations sino-maliennes, l’ambassadeur ZHU Liying explique la non-exécution des conventions signées en 2014 : « en ce qui concerne les intentions d’investissements chinois au Mali, cela dépend en effet de nombreux d’éléments, notamment la loi du marché, la politique d’attraction des investissements, les conditions de sécurité, entre autres. En tout cas je suis convaincu qu’au fur et mesure que le Mali améliore sans cesse son environnement des affaires, les investissements internationaux vont venir encore plus massivement pour la coopération mutuellement avantageuse ».
Après le fiasco de sa visite ronflante en Chine, de retour d’un voyage en Arabie saoudite, IBK se gargarise de nouveau d’une moisson surabondante : « j’ai eu le bonheur de la confirmation de la reprise de la route Sévaré-Gao, que l’aéroport de Kidal va être construit, que le tronçon Kidal, frontière algérienne est un acquis ».
À Bamako, il y a le projet de l’aménagement de la voie de raccordement du 3e pont de Bamako à la route Nationale Bamako-Ségou annoncé par le Premier ministre Modibo KEITA dans sa Déclaration de politique générale, le 11 juin 2015, qui n’a toujours pas connu un début d’exécution. Pire, le site choisi comme camp de base de l’entreprise de (construction ?) ne rassure pas quant à la réalisation d’un échangeur prévu dans le projet initial.
Ainsi, de 2013 à maintenant, ce régime enfume les populations, fait des promesses qu’il ne tient pas ; mais pire, qu’il n’a même pas l’intention de tenir. Il agit comme si les Maliens étaient des captifs, des gens vaincus à la guerre à qui il faut imposer et en imposer. La vérité est une escroquerie intellectuelle, un abus de confiance dont le peuple malien est victime. Les francs patte-pelus, avec leurs arguments spécieux à l’emporte-pièce restent sur une victoire fragile.
PAR BERTIN DAKOUO

 

Source: info-matin

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