Notre éditorialiste décrypte les enjeux du 33e sommet de l’Union africaine (UA) qui s’ouvre ce 7 juillet dans la capitale nigérienne.
Le 33e sommet de l’Union africaine s’ouvre ce 7 juillet dans la capitale nigérienne. Pas moins de 31 chefs d’État y sont attendus. Un record d’affluence en soi, les sommets que l’organisation continentale convoque les mois ne drainant pas traditionnellement grand monde. Alors, pourquoi tant d’engouement pour Niamey ? Réponse : les enjeux particuliers de ce sommet. Il y en a deux. Le premier enjeu s’appelle « ZLEC ». Le sigle rébarbatif est mis pour Zone de libre échange continental, un des projet phares de l’Union africaine. Il vise à construire, en Afrique et pour l’Afrique, un marché de 1, 2 milliards de consommateurs pesant près de 3 milliards de dollars en PIB cumulé. La petite révolution a été pilotée par Paul Kagame et Issoufou Mahamadou. Ce duo a réussi à faire tomber toutes les réticences, les unes après les autres. Y compris celle du puissant Nigeria réticent au départ mais désormais rallié. C’est à Niamey que ce ZLEC sera ratifié par les États membres de l’union africaine. Autant dire que c’est dans cette ville qu’il sera porté sur les fonts baptismaux. Pour l’histoire, c’est significatif. D’autant plus significatif que le Zlec ne manquera pas de déclencher, dans son sillage, l’inévitable débat sur la libre circulation des Africains en Afrique que le continent ne peut plus longtemps minimiser.
Le second enjeu de ce sommet, c’est le Niger lui-même, avec à sa tête Issoufou Mahamadou. Parce que pour ce sommet, Niamey aura mis les petits plats dans les grands. Elle s’est dotée, ces deux dernières années, de nouvelles infrastructures : hôtels de grand standing, aéroport de classe internationale, hôpital de référence, et autres commodités de base. La ville porte encore les stigmates de l’austérité. Mais elle commence à avoir fière allure et elle a toute sa place aujourd’hui dans le club sélect des capitales africaines capables d’abriter les grands rendez-vous internationaux.
Le dernier attrait, c’est le Président Issoufou Mahamadou lui-même. Neuf ans de présidence pas uniforme, il est vrai, de très gros défis à encore relever tant pour le bien-être de ses compatriotes que pour la préservation des contre-pouvoirs qui font le charme et la spécificité de la politique au Niger. Incontestablement des acquis qui viennent démontrer que la condition sahélienne peut ne pas être une fatalité. Il incarne l’orgueil piqué à vif ainsi que la combativité de son pays qui connaît mille fragilités. Mais Issoufou entretient une lueur qui honore le continent et qui structure tout le reste : l’alternance vue comme la part courue dans la course de relais qu’est la démocratie. La décision de s’en aller à terme échu. Sans chercher à tripatouiller la constitution. Et partir après avoir balisé, de manière prévisible et louable, le chemin pour ses camarades de lutte. Le fait est rarissime sous nos cieux. Sous ce regard donc, c’est l’Afrique qui vient saluer la République du Niger sur les rives du fleuve éponyme.
Source: benbere