Samedi à Sévaré, la meute n’était pas belle à voir avec la bave aux lèvres et l’injure à la bouche. Idem pour le spectacle dramatique de pillards portant sur la tête qui des cartons, qui un matelas.
Cependant, l’image qui fera le tour du monde et qui fera encore plus mal à l’honneur déjà bien éprouvé du Mali restera celle de ce véhicule des Forces armées maliennes chargeant le butin provenant des containers éventrés de la Minusma. Des forfaits en bandes organisées, qui, comble d’indélicatesse, seront retransmis en direct sur les réseaux sociaux avec, il est vrai, des réactions contrastées. Lamentable, indignant, humiliant, pour de nombreux commentateurs.
Doit-on, du reste, en attendre moins d’une société qui garde encore des repères? Mais « bien mérité pour les forces étrangères » dépeintes comme des sangsues, des traitres venus poignarder le Mali, selon d’autres posts. Et c’est sur ceux-là qu’il convient de s’attarder tant ils font reculer ce que nous croyions être les lignes rouges d’une société qui sacralise l’hospitalité et la gratitude. Or, le rejet des forces onusiennes et de Barkane est une réalité dans un contexte sécuritaire extrêmement volatil au Sahel. Nul doute que ce phénomène est animé par des leaders d’opinion qui sont loin de représenter les majorités. Mais celles-ci restent silencieuses et préoccupées par leur propre survie. Or celle-ci est menacée dans plusieurs parties du pays par les violences en cours. Dans ce contexte, il est plus facile de convaincre les masses d’ailleurs que ce sont les forces étrangères qui leur pourrissent la vie.
D’autant que tout l’accord pour la paix et la réconciliation est largement méconnu du pays et régulièrement instrumentalisé par les parties. D’autant que le « nœud gordien » que constitue Kidal n’est pas tranché. Et d’autant, enfin, que la culture locale donne toujours la trahison comme moteur de l’histoire. En tout cas, les tensions sont perceptibles et les griefs nombreux. Toute la question est de savoir si le Dialogue national inclusif en préparation arrivera à disperser les nuages en prenant le taureau par les cornes.
Source: benbere