Désarmer sonne bien comme une œuvre d’autorité, et moins comme un acte librement consenti, même si la diplomatie post-accord veut lui donner cette dernière connotation et nous invite à l’accepter comme tel.
Etre démobilisés de gré, ou de force : c’est dans le procédé qu’on connaitra la réalité du chemin de la réinsertion ou celui de la réintégration ; s’il est fait du choix diversement contraignant de la paix, ou de celui maladroitement pétri de supercheries, d’inégales considérations des parties ou de duperie à visage mal caché par les vents de sable du désert, à la barbe des forces étrangères.
Personne n’a jamais demandé la permission de prendre les armes, le collimateur ne s’étant jamais trompé sur la cible : l’Etat malien, ses représentants, ses symboles et ses alliés par ricochets. Qu’ils aient été rebelles, bandits, djihadistes, ou parties à l’accord d’Alger, les assujettis au DDR ont à un moment donné braqué et criblé l’Etat malien de boule de feu à volonté, le contraignant à s’affaisser. Dans quel objectif ; et cet objectif est il atteint ? Les rebelles indépendantistes ont fait du chemin depuis la création du MNLA qui n’a pas été dissous, même s’il est membre de la CMA. Les mouvements vont enfin déposer les armes. Déposer plutôt que désarmer, sinon quelle sanction, quelle contrainte a-t-on jamais eu la preuve contre les mouvements armés, pour des violations reconnues comme telles, de l’accord, depuis qu’il a été signé ? Une chose est certaine, sans une force de contrainte, crainte par toutes les parties, pour sa capacité réelle de sanction contre les contrevenants à l’accord et aux règles de l’opération désarmement, démobilisation et réintégration, le bout du tunnel restera encore moins sûr.
B. Daou
Source: Le Républicain