En prélude à la réouverture en décembre prochain du Musée royal d’Afrique centrale, les langues se délient sur la restitution des du patrimoine africain.
« Que faire des objets pillés durant l’époque coloniale et consacrés œuvres d’art dans les mussée d’Europe ? » Suite à cette question qui s’est fait entendre dans les oreilles du Président Macron par des artistes comme l’essayiste sénégalais, Felwine Sarr, et l’historienne de l’art, Benédicte Savoy, une lettre ouverte a été publiée le 25 septembre 2018 et dans laquelle 36 personnalités dans le monde artistique, universitaire et associatif, en majorité Afro descendantes, dénoncent une « Belgique à la traine sur la restitution des trésors coloniaux.»
Vu l’ampleur de cette dénonciation, le gouvernement aurait-il pris des moyens afin de répondre à cette question comme il se doit. L’actuel ministre de la Coopération, Alexander De Croo, se dit prêt à discuter avec les autorités et les directeurs du musée, ainsi que les experts des pays concernés afin de trouver à cette problématique un dénouement heureux. Pour tenir sa parole, le ministre « renvoie » un premier jalon au Rwanda, notamment des archives de la période coloniale qui avaient été annoncées en fin septembre.
Le gouvernement qui ne veut toujours pas rester en marge de la résolution des revendications des artistes avait prévu, par le Ministère de la Coopération, une enveloppe de 400 000 euros pour un projet de numérisation des archives royales et de celle du musée royal d’Afrique centrale ayant trait à cette ancienne colonie Belge. Ce projet débutera en 2019 avec la visite d’une délégation d’archivistes rwandais qui définiront leur priorité. Entre temps, une trentaine de scientifiques dont certains travaillent au Musée royal d’Afrique centrale ont demandé un dialogue transparent qui « doit l’emporter sur le paternalisme ». C’est dans ce cadre que ces scientifiques expliquent, dans cette tribune publiée le 17 octobre, qu’« il faut que l’on admette que la restitution concerne principalement la restitution physique d’objet de Musée, la numérisation , les prêts et les expositions itinérantes sont également importants, mais ne doivent pas détourner l’attention du cœur du débat. »
L’essentiel du fond du musée, où figure entre autres 180 000 objets ethnographiques et 8 000 institutions de musique, provient de la Belgique. « La présence de collections africaines à Tervuren mène inévitablement à la question du retour d’objets aux pays d’origine. (…) L’État belge, propriétaire légal des collections de l’AfricaMuseum, a transféré des objets, notamment entre 1976 et 1982. Lors de cette période, 114 pièces ethnographiques ont quitté le Musée royal de l’Afrique centrale pour l’Institut des musées nationaux du Zaïre à Kinshasa. Environ 600 objets ont également été transférés au Musée national du Rwanda à Butare», lit-on sur le site de la Radio France Internationale (RFI). De toutes les façons, l’Afrique centrale restera sous leur contrôle.
Djeneba Touré, stagiaire
Source: Le Pays