Sept mois après l’installation des autorités de la transition, les lignes ne bougent pas. Cela est une réalité, bien que triste. La « rectification » de cette transition s’impose, surtout quand on veut une vraie refondation de l’État telle que chantée après le départ de IBK. Ce besoin a été réclamé depuis des mois et le président de la Transition semble avoir entendu le message. Mais comment cette rectification de la transition est-elle possible alors qu’un sentiment de méfiance règne entre les différents acteurs politiques et de la société civile ? Difficile. Pour une transition réussie, chacun doit faire des efforts, des concessions.
Les autorités de la transition, surtout le président de la Transition semble avoir compris la soif du peuple malien de voir la transition « rectifiée ». Ces dernières actions expliquent cette posture. Après avoir rencontré les différentes forces vives de la nation, il a dissout le gouvernement afin d’en former un de large ouverture. Même s’il a fait du IBK sans IBK en reconduisant le premier ministre déjà contesté, il montre quand même qu’il tient à l’inclusivité qui est demandée depuis des mois. Mais les autorités doivent encore faire des concessions. Elles doivent revoir le cas du Conseil National de Transition qui, depuis sa mise en place, est une épine dans leur pied. Si la dissolution de cet organe baissera la tension et favorisera le rassemblement de toutes les forces vives de la nation, Bah N’daw doit faire ce sacrifice.
Les autorités de la transition doivent aussi continuer à démarcher toutes les forces vives de la nation avant la formation du nouveau gouvernement, même si cela doit prendre beaucoup de temps. Elles doivent aller à la rencontre du M5-RFP qui, visiblement, n’est pas toujours satisfait. Les autorités doivent accepter de réduire leurs grandes dépenses et leurs avantages, pour apaiser la colère des syndicats qui en demandent trop. La « colonelisation » du pays doit aussi s’arrêter. Les militaires sont beaucoup plus utiles sur le front que dans l’administration dans un pays en guerre comme le nôtre. Les autorités doivent, désormais, faire de la concertation leur principe.
Quant au M5-RFP, il doit, lui aussi, sortir de sa position radicale. Demander à être concerté à toutes les décisions, même pour la dissolution d’un gouvernement, est exagéré. Il est illusoire de pouvoir faire changer les choses étant dehors. Le mouvement hétéroclite doit donc accepter d’entrer dans le gouvernement et travailler pour la réussite de la vraie refondation qu’il réclame depuis des mois. Le combat de la Justice pour les victimes de 10, 11, et 12 juillet 2020, il peut mieux le faire s’il est dans le gouvernement. Le M5-RFP, à nos yeux, ne doit pas attendre la mise en œuvre effective de ses 10 mesures pour chercher à entrer dans le gouvernement.
Les syndicats, surtout l’UNTM, la plus grande centrale syndicale, aussi doivent faire des concessions. Katilé doit patienter et attendre un régime légitime gérer ses revendications. Une transition de 18 mois ne peut pas résoudre tous les problèmes.
Boureima Guindo
Source: Le Pays- Mali