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École pour voyant et non-voyant : Une première en Afrique de l’ouest

«L’école des jeunes aveugles Youssouf Diakité de Missala», dans la Commune rurale de Kalaban Coro, s’agrandit de trois nouvelles salles de classes pour continuer à entretenirchez les non-voyants l’espoir de se désengranger du piège des préjugés défavorables qui, à tort, les condamnent à rester au bas de l’échelle sociale. L’inauguration de ces nouvelles salles de classes s’est déroulée, samedi dernier, en présence du représentant du ministère de la Santé et du Développement social, Siaka Coulibaly, de celui de l’Association «Rêve de voir le Mali», Djibi Sacko et de plusieurs parents d’élèves.

 

Le promoteur de l’établissement, Youssouf Diakité, est lui-même un non-voyant. Il est mû simplement par la conviction d’apporter sa pierre à l’édifice national en donnant la chance à des élèves non-voyants d’apprendre à lire et à écrire. Cet établissement scolaire qui compte désormais 5 salles de classes est la première école primaire inclusive en Afrique de l’Ouest pour voyants et non voyants. Créé en 2017, il accueille, aujourd’hui, 39 élèves, dont 13 non-voyants, répartis entre les classes de 1ère à la 5è année. Dans chaque classe, il y a des voyants et des non voyants. Les cours aussi sont dispensés par un binôme (un enseignant voyant et un autre non voyant).

Une enseignante non-voyante explique que ça fonctionne bien. Selon elle, l’assistance de l’enseignant voyant permet de surveiller les élèves distraits et d’utiliser le tableau. Le promoteur de l’établissement a expliqué que cet enseignement inclusif vise à faciliter la socialisation de l’enfant handicapé dès le bas âge et la compréhension du handicap par son camarade voyant. La réalisation de ce bâtiment, a-t-il indiqué, est le fruit d’une solidarité nationale et internationale.

Parlant des difficultés de son établissement, cet expert international en nouvelles technologies pour aveugles et malvoyants et en inclusion scolaire, évoque des dépenses liées à l’internat, notamment la prise en charge alimentaire des pensionnaires (élèves et maîtres) et le transport pour retourner dans les familles pendant le week-end. S’y ajoutent des difficultés de payement des salaires des enseignants et l’absence de matériels didactiques adaptés à l’enseignement des déficients visuels.

Youssouf Diakité espère sur un précieux coup de main du gouvernement, notamment en termes d’acquisition d’un moyen de transport et de prise en charge des salaires du personnel enseignant. Il ambitionne de construire l’internat dans l’enceinte de son établissement parce que pour l’instant celui-ci se trouve à quelques encablures de l’école. Il a exhorté les plus hautes autorités à aider les enfants non-voyants afin qu’ils jouent leur partition dans la construction d’un Mali émergent. Le représentant du ministère en charge de la Santé a salué l’inclusivité dans cette école à savoir l’enseignement des élèves non voyants et voyants dans une même classe.

Selon lui, le Mali a la chance d’être le premier à montrer aux autres qu’une personne atteinte de déficience visuelle peut travailler dans les mêmes conditions qu’une personne voyante, avoir les mêmes résultats et faire une compétition saine. «Tout le monde peut contribuer au développement socio économique du pays quand on vous donne cette chance», a indiqué Siaka Coulibaly. C’est une initiative à encourager au plus haut niveau, a-t-il soutenu. Il a rendu hommage au promoteur de l’établissement et aux partenaires pour la réalisation des trois nouvelles salles de classes, avant de souhaiter qu’il y ait beaucoup de classes pour permettre à l’ensemble des déficients visuels d’avoir accès à l’école qui est le socle du développement de tous les pays.

Un des temps forts a été la remise symbolique de prix aux meilleurs élèves et des vêtements offerts par l’association «Rêve de voir le Mali». Issa Kanté, un jeune non-voyant de 18 ans était parmi les bénéficiaires. Les yeux cachés derrière des lunettes fumées, cet écolier en classe de 4è année s’est félicité de son courage avant d’inviterses camarades à un soutien mutuel. Selon lui, les cours se déroulent bien et il ne rencontre pas de difficultés à travailler avec ses camarades voyants. Il a émis le vœu de devenir comptable de profession.

Soumaïla Fofana est aussi un élève non voyant en classe de 3è année. Garçon ambitionne aussi de réussir dans la vie. Il espère un jour crever le plafond de verre et devenir, pourquoi pas président de la République.

Mohamed D. Diawara

Source : L’ESSOR

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