L’école malienne est plus que jamais dans la tourmente à cause de l’incapacité du régime à résoudre la crise scolaire qui paralyse l’école depuis plusieurs mois. Aussi, les syndicats de l’enseignement viennent de déposer un nouveau préavis de grève de 27 jours. Et du coup, de sérieuses menaces planent sur l’année scolaire.
A quelques mois de la fermeture des classes, la grève des enseignants se poursuit dans le pays. Un nouveau préavis de grève de 27 jours allant du mercredi 22 mai au vendredi 28 juin 2019 a été déposé par la synergie des enseignants signataire du 15 octobre.
Ce nouveau arrêt en perspective de travail intervient après plusieurs autres. En effet, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre (Syldef, Syneb, Syntec, Synesec, Synefct, Fenarec et la Section enseignement secondaire du Snec), ont observés plusieurs grèves, au cours de l’année scolaire (11 au 15 mars, du 18 au 22 mars et du 1er au 15 avril 2019…). Ces mouvements de grèves ont paralysé tous les établissements scolaires publics du pays.
Les points qui font toujours l’objet de blocage pour la reprise des cours sont au nombre de trois : l’octroi d’une prime de logement ; la relecture du décret N°529/P-RM du 21 juin 2013, portant allocation d’indemnités au personnel chargé des examens et concours professionnels en ses articles 1, 2 et 3, l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’Etat.
Faute de consensus entre les parties, l’avenir des élèves est menacé en cette année scolaire 2018-2019.
L’année scolaire compromise !
Les parents d’élèves, pour qui les grèves sont également très déplorables, se désolent de la non résolution de la crise, qui n’a que trop duré. Certains pensent même que l’État ne prend pas très au sérieux les revendications des syndicalistes, vu que les mêmes doléances, qui ne datent pas d’aujourd’hui reviennent à chaque fois. « Ce qui est désolant, c’est de voir des enfants, même si c’est une dizaine, qui ne vont pas à l’école pendant que les autres continuent. Si ce rythme perdure au niveau du second cycle, ce sera la catastrophe aux examens, parce que les sujets ne sont pas choisis en fonction des jours non travaillés », s’alarme Yacouba Lamine Dembélé, Secrétaire général de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves du Mali. Une fédération qui fait partie de la commission de conciliation mise en place pour mener les négociations. « Par rapport à la situation actuelle, nous demandons simplement une certaine flexibilité de la part des uns et des autres, parce que, dans une négociation de ce genre, il faut faire des concessions », souligne M. Dembélé.
Pour l’Association des parents d’élèves, si la grève est un droit, les portes de la négociation doivent rester ouvertes. Les parents d’élèves demandent aux enseignants de surseoir à cette grève et de reprendre les débats pour sauver l’année scolaire. L’APE déplore tout de même l’intransigeance des enseignants qui s’agrippent à 3 points sur 10. « Je pense qu’ils sont eux aussi parents d’élèves. Ils doivent savoir raison garder et accepter des compromis parce que nous nous acheminons vers une année blanche », martèle Djoukamady Sissoko de l’Association des parents d’élèves.
Autre association de parents d’élèves à s’élever contre cette situation :». C’est du moins ce qu’affirme le collectif national des parents d’élèves et étudiants du Mali. Selon ses responsables, le gouvernement affiche « une mauvaise volonté » dans la résolution des revendications des enseignants.
Les élèves, qui subissent de plein fouet l’arrêt des cours dû aux grèves répétées de leurs enseignants, aussi expriment leurs inquiétudes. Entre l’incapacité d’aller à l’école tout comme leurs camarades du privé et la persistance d’une situation qui ne semble pas présager d’un dénouement heureux, ils se sentent de plus en plus lésés. « Je suis très inquiet. Nous venons chaque matin voir s’il y aura des cours ou pas, mais toujours rien. Je ne connais pas l’objectif des professeurs, mais la grève a beaucoup de conséquences. Ce sera compliqué pour nous si nous ne parvenons pas à suivre normalement nos cours avant les examens », déplore Alou Kanté, élève en TSEco au Lycée Mamadou Sarr. « Je pense qu’il est temps que les professeurs arrêtent de faire grève, parce que bientôt c’est le trimestre. Nous n’avons pas de leçons dans nos cahiers alors que les autres suivent les cours. Nous, nous restons à la maison à ne rien faire », lance pour sa part Djouma Keita, élève en 11ème année dans le même lycée, visiblement très affectée par la situation.
Mémé Sanogo
Encadré
Ce que IBK disait à propos de l’ecole…
«… Mais, j’ai, aujourd’hui, une préoccupation qui me tient à cœur : c’est l’Ecole. Car, vous ne pouvez pas parler aux cadres maliens, surtout de la génération actuelle, sans être effaré par leurs types d’expression ; l’écrit est encore pire ! Je vous assure que c’est grave…». C’est là le constat (sombre) fait par IBK qui parlait de l’école malienne dans une interview accordée au journal «Construire l’Afrique», en avril 2007. Aujourd’hui, sous sa présidence l’école traverse la pire période de son existence. Retour sur certains propos d’IBK.
«… Mais, j’ai, aujourd’hui, une préoccupation qui me tient à cœur : c’est l’Ecole. Car, vous ne pouvez pas parler aux cadres maliens, surtout de la génération actuelle, sans être effaré par leurs types d’expression ; l’écrit est encore pire ! Je vous assure que c’est grave.
Ce pays qui a fourni les meilleures élites à la sous-région, est à la traîne. Or, tout pays qui n’aura pas su soigner la qualité de ses ressources humaines ne sera pas convié au banquet de l’avenir.
Mes amis et moi, sommes conscients des grands enjeux et des grands défis à relever dans ce secteur.
Pour que l’enseignement soit meilleur, nous devons savoir apporter des réponses à la qualité du système éducatif ; à la pertinence des programmes ; à la revalorisation de la profession d’enseignant.
Au cours des cinq prochaines années, mon programme sera axé, si je suis élu, autour de la préoccupation majeure de l’éducation, car, c’est elle qui déterminera tout.
Le progrès et l’avenir du Mali reposent sur la réhabilitation de l’éducation; une bonne formation de nos enfants nous permettra de disposer de cadres compétents, qui auront l’avantage d’être formés sur place, dans notre environnement.
C’est ainsi que nous résoudrons donc le problème de la formation de nos enfants à l’étranger; ils n’auront plus de raison de s’y rendre. Une bonne éducation, prodiguée au Mali, permettra, également, de régler le problème de l’émigration ; car elle fera des Maliens, des créateurs de richesses, chez eux; ils seront plus aptes à entreprendre, ici, au Mali… ».
Source: L’Aube