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Eclairage sur la monnaie unique de la CEDEAO : Report du lancement initialement prévu en 2020

Le lancement de la monnaie unique des 15 pays regroupés au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest ((Cedeao) était prévu pour la première fois en 2003, mais il a été reporté à plusieurs reprises, en 2005, 2010, 2014 et maintenant en 2020.

La création de la monnaie unique de la CEDEAO, est un des objectifs fondamentaux de cette institution d’intégration sous-régionale créée le 28 mai 1975 à Lagos (Nigéria) qui compte environ 400 millions d’habitants et qui s’étend presque sur 5 millions km2. Son objectif est double : favoriser le commerce, les échanges et la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux entre les différents pays membres, ainsi qu’impulser une croissance économique forte, durable et inclusive au niveau de la sous-région.

Dans un communiqué final, les chefs d’Etat membres de Task Force Présidentielle de la Cedeao qui s’étaient réunis en Accra (Ghana), le 21 février 2018 ont confirmé leur adhésion à une “approche graduelle privilégiant un démarrage avec les pays qui respectent les critères de convergence tandis que les autres pays pourront s’y joindre ultérieurement”.

Par ailleurs, le communiqué final de la 21ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (Uemoa) en Abidjan, le vendredi 12 juillet 2019 réitéra l’engagement des pays membres à poursuivre les réformes en vue de respecter les critères de convergence pour l’adoption d’une monnaie unique en 2020 au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Notons que les quatre premiers critères de 1er rang concernent : 1) Un déficit budgétaire n’excédant pas 3%. 2) Un taux d’inflation annuel moyen inférieur à 10%, 3) Le financement des déficits budgétaires par la Banque centrale ne devrait pas dépasser 10 % des recettes fiscales de l’année précédente, 4) La disponibilité des réserves extérieures brutes représentant au moins trois mois d’importations.

Quant au Président de la République du Niger, S.E.M. Issoufou Mahamadou, par ailleurs Président en exercice de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Cedeao, il est revenu, dans son discours d’ouverture, lors de la 56ème Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Cedeao le 21 décembre 2019 en Abuja (Nigéria) sur l’objectif de l’organisation qui est de promouvoir la coopération et l’intégration, en vue de la création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest, afin d’améliorer les conditions de vie des populations et d’assurer la croissance économique et le développement du continent africain. Aussi, il souligna la nécessité de respecter les critères de convergence par le pays membres avant le lancement de l’Éco.

Notons que le Président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara,  Président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement de l’Uemoa, le 21 décembre 2019 en Abidjan et en présence du Président de la République Française, Emmanuel Macron, communiqua trois décisions prises  par l’Uemoa en vue de réformer le Franc CFA et de préparer l’avènement de l’Éco, remaniant ainsi  les Accords de Coopération Monétaire liant les 8 pays de l’Uemoa et la France : 1)Le changement du nom de la monnaie Franc CFA en ECO, lorsque les pays de l’Uemoa intégreront la nouvelle zone Éco de la Cedeao ; 2) L’arrêt de la centralisation des réserves de change au Trésor Français, la fermeture du compte d’opérations et le transfert à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) des ressources disponibles dans le compte d’opérations et le maintien de la parité fixe entre l’Éco et l’Euro ; 3) Le retrait de tous les représentants Français dans les organes de décision et de gestion de l’Union Monétaire Ouest Africaine (Conseil d’Administration de la Bceao, Commission bancaire et Comité de Politique Monétaire).

Toutefois, la Zone Monétaire de  l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) qui regroupe les 6 pays de la Cedeao ayant leurs monnaies nationales affirmait dans  le communiqué final de la réunion des Ministres des Finances et des Gouverneurs de Banques Centrales,  le 16 janvier 2020, à Freetown (Sierra Leone) que la décision de renommer le Franc CFA en Éco à taux de change  fixe avec l’Euro le 21 décembre 2019 par l’Uemoa n’était pas conforme avec la décision de la Conférence des chefs d’Etat de la Cedeao d’adopter l’Eco à taux de change flexible comme le nom d’une monnaie unique indépendante pour l’ensemble des 15 pays de la Cedeao. Les pays membres de la Zone monétaire de l’Afrique de l’ouest (ZMAO), le Nigeria et tous les pays anglophones de l’Afrique de l’ouest plus la Guinée souhaiteraient donc l’organisation d’un sommet extraordinaire de la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la ZMAO “pour examiner en profondeur la question de la monnaie unique de la Cedeao”. Cependant, le compte Twitter de la Présidence de la République du Nigeria du lundi 10 février 2020 annonça que la position du Nigeria sur l’Éco est que les critères de convergence n’ont pas été atteints par la majorité des pays membres de la Cedeao et qu’il devrait par conséquent y avoir un report du lancement de la monnaie unique,  relançant ainsi le débat sur la faisabilité de la monnaie unique dans un avenir proche et confirmant concomitamment un secret de polichinelle, le lancement de la monnaie unique de la Cedeao, l’ Éco n’aura pas lieu en 2020 et devra être renvoyé aux calendes grecques une fois de plus.    

Par Modibo Mao Makalou

 MBA, Economiste

SourceAujourd’hui-Mali

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