Au Mali, alors qu’une plus que probable prolongation de la transition se dessine, l’imprévisible et duplique landernau politique semble être sujet à une implacable facette de la politique politicienne : le musèlement et l’éviction stratégique des sérieux prétendants à la magistrature suprême à l’approche des échéances électorales. Un constat d’autant plus plausible que le premier a surgir sans prévenance du starting-block risque de ne plus voir la ligne d’arrivée, à cause d’antécédents judiciaires longtemps trainés.
Pour certains autres poids lourds, les élans sont nettement perturbés par la faute d’exhumation inopinée des dossiers de malversations financières et d’autres types d’affaires judiciaires. Un subterfuge subtilement réfléchi pour réduire au silence – ne serait-ce que momentanément et sans contestation conséquente – ceux qui s’empressent d’aller aux urnes et insinuent pour ce faire que la réussite d’une transition est d’en sortir vite.
Toutefois, quelques récalcitrants politiques, épargnés par les poursuites judiciaires, tentent de jouer aux rétifs jusqu’au-boutistes contre une possible prolongation de la Transition qui s’annonce pourtant inéluctable. Si la trêve est une notion totalement obsolète en politique, surtout sous nos tropiques, il va de soi que l’épilogue de toute période transitoire soit naturellement émaillé de virulentes dissensions entre politiques. Les récentes menaçantes déclarations entre les acteurs de divers bords politiques le prouvent à suffisance.
D’autre part, l’autorité indépendante de gestion des élections et les assises nationales dites de la refondation, quoique budgétivores et susceptibles d’opposer davantage les Maliens, demeurent pour le Premier ministre des passages obligés pour une issue favorable de la transition. Il urge cependant de repenser un autre moyen qui serait l’émanation réelle du peuple pour rendre effective la prolongation de la transition sans créer de pernicieux clivages supplémentaires.
En tout cas, même si le tumulte actuel parait maîtrisé par les autorités, celles-ci seront bien inspirées de joindre l’utile à l’agréable en récupérant les biens mal acquis de supposés délinquants à col-blanc dans l’unique dessein de reverser au trésor public au lieu de se délecter des déboires judiciaires de potentiels adversaires.
En définitive, bien malin qui pourra prédire ce qui nous attend en 2022 au regard de l’opiniâtreté et des postures politiques véhémentes – mais également du flou qui persiste autour du candidat idéal pour un Mali qui semble vouloir renaître de ses cendres tel qu’un phénix.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source : Le Témoin