La République démocratique du Congo fait « face à une nouvelle épidémie » de fièvre hémorragique Ebola, qui aurait déjà fait 20 mort dans l’est du pays, a annoncé mercredi le ministre de la Santé, tout juste une semaine après avoir annoncé la fin de la précédente épidémie.
La nouvelle épidémie menace la région de Béni, tandis que la précédente avait touché le nord-ouest du pays. « A ce stade, rien n’indique que ces deux épidémies, séparées de plus de 2.500 km, soient liées », a écrit dans un communiqué le ministre, le docteur Oly Ilunga Kalenga.
« Ebola est une menace permanente en RDC », a réagi le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. « En travaillant en étroite collaboration avec le ministère de la Santé et ses partenaires, nous combattrons cette crise comme nous l’avons fait la dernière fois ».
« Puisque nous sortons d’une autre épidémie d’Ebola nous avons maintenu le staff et l’équipement en place », a précisé Matshidiso Moeti, directeur régional de l’OMS pour l’Afrique.
Déjà connue pour être le fief de nombreux groupes armés, la province du Nord-Kivu a notifié samedi « au ministère de la Santé 26 cas de fièvre avec des signes hémorragiques, dont 20 décès » dans un village près de Béni, a rappelé le ministre.
« Six échantillons prélevés chez des patients hospitalisés sont arrivés à Kinshasa ce mardi 31 juillet et ont été analysés par l’Institut national de recherche biomédicale (INRB). Des six échantillons analysés, quatre se sont révélés positifs à la maladie à virus Ebola », a-t-il détaillé.
« Une équipe de douze experts du ministère de la Santé arrivera à Béni ce jeudi 2 août », a poursuivi M. Ilunga.
L’accent sera mis sur la sécurité « afin d’assurer la protection des prestataires de soins déployés et de la population », a-t-il précisé.
Située au nord de la province près de la frontière avec l’Ouganda, la région de Béni est le fief du groupe rebelle ougandais Allied democratic forces (ADF), qui terrorise les civils.
« J’en appelle au calme et à la prudence », a déclaré sur Twitter le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku.
La RDC a déjà connu neuf précédentes épidémies d’Ebola sur son sol où le virus a sévi pour la première fois en 1976.
Le 24 juillet, le même ministre de la Santé congolais avait annoncé la fin de la neuvième épidémie déclarée le 8 mai dans la province de l’Equateur à la frontière du Congo-Brazzaville.
Cette épidémie, partie de la forêt équatoriale, a tué 33 personnes pour 54 cas au total, selon les statistiques du ministère de la Santé.
La RDC et ses partenaires (Organisation mondiale de la Santé, MSF, Unicef…) s’étaient « préparés au pire » quand un cas avait été diagnostiqué le 16 mai dans la capitale provinciale Mbandaka, en liaison directe avec la capitale Kinshasa via le fleuve Congo.
L’OMS et les autorités congolaises ont lancé pour la première fois une vaccination ciblée qui a visé le personnel soignant, les contacts des malades et les contacts des contacts, soit 3.300 personnes au total.
Deuxième pays le plus grand d’Afrique (2,3 millions de km2), la RDC dispose d’immenses ressources minérales mais la grande majorité de ses quelque 80 millions d’habitants vivent avec quelques dollars par jour.
Le pays traverse une crise politique à l’approche des élections prévues le 23 décembre 2018 supposée organiser le départ du président Joseph Kabila.