En attendant les résultats du 1er tour tenu dimanche, une partie des candidats de l’opposition dénonce des fraudes. Dans ce pays miné par l’insécurité, le climat devient très lourd.
Pluie et coupures de courant. L’ambiance est aussi tendue que maussade à Bamako dans l’attente de la proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle au Mali. Désormais le réseau Internet ne fonctionne plus qu’à tout petit débit, un choix délibéré des autorités afin de contrôler les informations – fondées ou non – concernant l’élection.
C’est jeudi que devraient être annoncés les noms des deux candidats qualifiés pour le second tour, prévu le 12 août. « Tout le monde est sur le qui-vive, on est tous à cran », témoigne une représentante de l’opposition. Après avoir passé une partie de la campagne à marteler que leur champion serait élu dès le premier tour, les partisans d’Ibrahim Boubacar Keïta admettent aujourd’hui que ce ne sera sans doute pas le cas. « Un deuxième tour est probable », admet-on dans l’entourage d’« IBK », en assurant que la qualification du président sortant ne fait aucun doute. « Il y a déjà beaucoup de tractations en vue du second tour », ajoute un proche du président.*
Depuis quelques jours une rumeur tenace – qui en dit long sur le climat crispé – court entre Bamako et Paris selon laquelle IBK, malade, aurait quitté le Mali pour se faire soigner en France. « Faux, rétorque Djeneba Keïta, nièce d’IBK et élue de Montreuil. Je viens de les avoir tous au téléphone il y a un quart d’heure, le président est bien à Bamako avec sa femme et ses filles. »
Si les électeurs ont pu se rendre dimanche dernier pour voter dans les quelque 23 000 bureaux de vote, le scrutin n’a pu avoir lieu, pour cause d’insécurité, dans environ 700 bureaux, essentiellement dans la région de Mopti, au centre du pays. « Comme par hasard des bureaux qui nous étaient favorables », grommelle un soutien de Soumaïla Cissé, principal opposant du sortant.
Les djihadistes ont tout fait pour perturber le scrutin allant jusqu’à attaquer mardi dans le centre du Mali un convoi militaire chargé de transporter les urnes. Bilan provisoire : au moins quatre militaires maliens et huit islamistes présumés ont été tués. Les terroristes ont aussi revendiqué l’assassinat dans le nord-est d’un chef militaire d’un groupe armé touareg coopérant avec l’armée malienne et française.
Suspectant le pouvoir de fraude électorale, une quinzaine de candidats parmi lesquels Soumaïla Cissé et Aliou Diallo ont signé une déclaration commune et tenu une conférence de presse mercredi matin pour dénoncer des irrégularités et critiquer la cour constitutionnelle chargée de valider le scrutin. « A Ménaka, dans le Nord-Est, il y avait par exemple 20818 inscrits alors que la ville ne compte que 20702 habitants », dénonce un membre de l’opposition.
La députée européenne italienne Cécile Kyenge, qui dirige la mission des observateurs de l’Union européenne (UE) au Mali a insisté pour que les autorités publient une « liste complète et détaillée » des bureaux où le scrutin présidentiel n’a pas pu se tenir en raison de violences. Elle a également demandé la « publication au plus tôt et en ligne de l’ensemble des résultats bureau de vote par bureau de vote ». La confiance règne…
Source: leparisien