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Durée de la Transition: la vérité alternative de Macky Sall

Préoccupé par la crise alimentaire mondiale que l’irresponsabilité de l’Europe a provoquée en ajoutant les mercenaires auprès de l’Ukraine dans le conflit qui l’oppose à la Russie, le président de l’Union africaine, président du Sénégal, Macky Sall, a pris sa sébile pour aller quémander le maître du Kremlin. Mission pour l’Europe et non pour l’Afrique, Macky Sall s’est arrêté à Paris pour rendre compte au locataire de l’Élysée.

 

Au-delà des inquiétudes céréalières partagées, les deux hommes ont évoqué une autre source d’appréhension : la sécurité dans le Sahel et particulièrement dans notre cher pays le Mali, lâché par la France et mis sous embargo par la communauté internationale. Dans une immonde traîtrise, ils s’accordent sur une vérité alternative : les instructeurs russes ne sont pas déployés pour former et conseiller les FAMa mais pour perpétrer des actes d’exaction qu’ils qualifient de crimes envers « certaines communautés » comme les Peuls (AFP).
Au lieu de faire honneur à son double mandat de président de l’Union Africaine et du Sénégal, une nation liée à la nôtre par de solides et indélébiles liens historiques, Macky Sall prêche-t-il la stigmatisation peule au nom de la race au Mali qui se veut un et indivisible ? Macky Sall va-t-il donner raison à la coalition Yewwi Askan Wi (Éveil du peuple, selon notre mauvais Ouolof) et de Wallu (Khalifa Sall, Ousmane Sonko, Déthié Fall, Ahmet Aidara, Aida Mbodj,..) qui estime que le Sénégal mérite mieux ? Que l’instrumentalisation des conflits communautaires et ethniques sous commandes de qui on sait…
Au nom de l’Afrique, Macky Sall a partagé avec Emmanuel Macron, s’agissant de notre pays, la seconde vérité alternative selon laquelle « Wagner est la garde prétorienne d’un régime qui a pour premier objectif de se protéger ».
En conclusion, acquiesçant tout ce que déblatère son hôte, Macky Sall à la suite de Macron, estime que Wagner doit quitter le Mali : « il faut que Wagner parte». Macky Sall, qu’on ne peut soupçonner de couardise : puisqu’il revient du Kremlin a-t-il mis en demeure Vladimir Poutine de retirer Wagner du Mali ? Autrement comment Poutine va prendre au sérieux l’Afrique que le président de l’Union Africaine vient pleurnicher pour demander la levée de l’embargo russe sur les céréales puis poignarde la Russie dans le dos en estimant que ses « mercenaires » doivent quitter le Mali alors que nul n’est sans savoir que les Européens ont déployés des mercenaires en Ukraine ?

Malheureusement, celui qui avait annoncé sans fioriture être sûr que la CEDEAO parviendra à un accord le samedi 4 juin 2022 avec notre pays s’invente une bonne vérité alternative pour vernir la trahison sous dictée de la CEDEAO.

Dans une interview reprise largement sur les réseaux sociaux, le président Macky Sall explique que la durée de 24 mois de la Transition, refusée par les dirigeants de la CEDEAO, avait été validée par les autorités de la transition avec le Médiateur Goodluk de la CEDEAO avant le sommet du 4 juin 2022 à Accra. Mais, en mission pour plaire à l’Élysée Macky se mélange les pédales, et tente de travestir la vérité.

Pour l’histoire, un extrait de son interview :
« Question : Au Mali, la junte a décrété le lundi dernier que la transition durerait 24 mois. Est-ce que ce n’est pas un affront à tous les chefs d’État de la CEDEAO. La CEDEAO qui s’était réunie 2 jours avant à Accra pour tenter de trouver un compromis. Est-ce que finalement les militaires de Bamako ne se moquent pas de vous, ne vous mènent pas en bateau ?

Macky Sall : Je ne pense pas qu’ils se moquent de nous. Bon, il y a de maladresse peut être.

Question : ce n’est pas une maladresse, c’est un acte fort

Macky Sall : Non, vous savez : la vérité est que le Médiateur a bien soumis ce projet de 24 mois à la conférence des chefs d’État, mais à compter de mars 2021 avec des conditionnalités qui ont été posées. La conférence est saisie. On a discuté, de longue discussion et finalement on a dit qu’on ne va pas prendre une décision maintenant. On demande au médiateur, on prend acte de cette proposition. Nous demandons qu’ils mettent à profit le mois à venir pour remplir la feuille de route pour qu’on ait très précisément les différents engagements et les échéances.
En ce moment, le 3 juillet nous pourrions valablement délibérer. C’est la levée ou pas de sanctions

Question : donc un compromis est encore possible ?
Macky Sall : Oui. Donc c’est ça. Évidemment c’était maladroit. C’était après ça qu’ils publient. Mais c’est le produit de leur accord avec le Médiateur. C’est ça la vérité. Maintenant nous verrons ici le 3 juillet si les conditions seront réunies pour que la Cédéao lève les sanctions qui quand même impactent difficilement la population malienne. »

La vérité alternative de Macky Sall « est que le Médiateur a bien soumis ce projet de 24 mois à la conférence des chefs d’État, mais à compter de mars 2021 avec des conditionnalités qui ont été posées ». Aucune impertinence, surtout aucune gloire, de notre part d’établir la malhonnêteté d’un président qui traitent les autorités de notre pays de « maladroits », mais pour l’histoire de l’Afrique en marche contre les valets de l’impérialisme et du néocolonialisme rétablissons les faits :

Macky Sall dit deux vérités :
-La Première : il dit que « la vérité est que le Médiateur a bien soumis ce projet de 24 mois à la conférence des chefs d’État, mais à compter de mars 2021 ». Mais bizarrement la Conférence des chefs d’État a dit qu’elle ne va pas prendre une décision maintenant et qu’elle préfère attendre le 3 juillet pour délibérer.
-La seconde : il dit s’agissant des 24 mois que «c’est le produit de leur accord avec le Médiateur. C’est ça la vérité.» Macky Sall veut-il dire que le Médiateur Goodluck Jonathan qui n’a jamais été un facilitateur serait parvenu à un accord avec les autorités maliennes et que les Chefs d’État, réunis à Accra suite à un coup de fil de Macron à Bazoum, auraient décidé de passer outre et de maintenir les sanctions ?
Entre les deux vérités, tout indique que c’est la seconde qui est vérité, car la nature nous a fait de telle sorte qu’on oublie toujours nos petits mensonges. En effet, l’accord sur les 24 mois à compter de mars 2021 ne tient pas, c’est même une hérésie de la part de Macky Sall qui pourtant a tout sa tête.

Pour qui s’en souvient, le mini-sommet tenu le 15 septembre 2020 à Aburi, au Ghana, après avoir pris note de la présentation par le CNSP des résultats du forum consultatif national, et des délibérations approfondies sur le schéma et la feuille de route de la transition présentés par les dirigeants du CNSP, avait « pris note de la durée de la transition politique au Mali qui sera de 18 mois maximum, à compter de ce jour, 15 septembre 2020 ».
Si la durée de la transition devait être 18 mois à compter de 15 septembre 2020, elle ne pouvait s’achever en mars 2021. Car entre le 15 septembre 2020 et mars 2021, il n’y a pas 18 mois, mais 6 mois. Par ailleurs en mars 2021, il n’y avait aucun problème entre le Mali et la CEDEAO. Celui-ci n’a véritablement commencé qu’en juin 2021 lorsque Emmanuel Macron a refusé d’acter et d’accepter la rectification de la Transition et mis en mission la CEDEAO pour faire plier le Mali. Donc les 24 mois ne peuvent pas courir à partir de mars 2021 comme le laisse entrevoir Macky Sall, mais bien de mars 2022 date de la fin de la première transition actée par la CEDEAO.
Dès lors la question est : est-ce que Macky Sall peut se réfugier derrière sa malhonnêteté pour traiter les autorités légales de transition du Mali de « maladroit(e)s » ? Qui est maladroit entre la CEDEAO qui revient sur l’accord trouvé par son médiateur (c’est en cette qualité que la CEDEAO l’a nommé), Goodluck Ébelé Jonathan ancien président du Nigéria (qu’elle humilie au passage, parce que Médiateur sans pouvoir de décision) et l’État souverain du Mali qui ne veut être l’otage d’un groupe instrumentalisé de Chefs d’État auxquels nul ne peut se fier, en tout en cas qui en a cure d’un accord trouvé avec le médiateur ?
Le Mali, autant a du reste pour le club des chefs d’État de la CEDEAO eu égard aux peuples qu’ils représentent, autant ne peut croire que ceux-ci puissent mandater un ancien chef d’État et mettre à la poubelle le fruit des efforts de celui-ci de plus d’une année. Au risque d’entamer un nouveau cycle d’une nouvelle année de volte-face et de remise en cause, les autorités de la Transition conscientes des attentes du peuple du Mali non seulement à voir la sécurité se tenir, mais aussi le retour à la normalité constitutionnelle, ont pris leur responsabilité historique de ne plus attendre le bon vouloir de la CEDEAO pour fixer définitivement le délai de la Transition.
Si c’est cela être maladroit, au Mali, nous sommes tous « maladroits ».

LA RÉDACTION

Source : Info-Matin

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