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Droits de l’homme : Comment Paris veut déconstruire la charte de Kouroukanfouga

On a vu Emmanuel Macron, le président français, affirmer plusieurs fois que l’armée malienne est en train de commettre des exactions sur un groupe ethnique. Ces déclarations qui s’apparentent à de l’incitation à la haine ethnique sont vouées à l’échec, puisque la vie des Maliens est codifiée par la charte de Kouroukanfouga de 1235, qui est une vieille tradition de promotion des droits de l’homme.

Ce n’est pas pour rien que les ministres maliens font référence à cette charte, également appelée le serment du Mandé. Très récemment, le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré, a fait référence à la Charte du Mandé au Canada à l’occasion d’une rencontre sur l’investissement au Mali. Il est important que les investisseurs qui entendent souvent l’Elysée s’hasarder sur le terrain ethnique comprennent la réalité malienne.

Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, cite le plus souvent la charte de Kouroukanfouga comme ce fut le cas lors d’une réunion des Nations Unies en Suisse sur les droits de l’homme. Le chef de la diplomatie a d’ailleurs distribué une copie de la charte de Kouroukanfouga lors de cette rencontre. Il est important que les Occidentaux comprennent que dans le quotidien, chaque Malien applique une ou des recommandations de la charte de Kouroukanfouga qui s’inspire d’ailleurs d’une plus ancienne tradition humanitaire.

Emmanuel Macron qui a déclaré que les forces armées maliennes font des exactions sur une communauté ignore tout du Sinankunya. Cette notion a été mise en valeur dans la charte de Kouroukanfouga, la parenté à plaisanterie. Cette tradition codifie le comportement des Maliens depuis le Moyen Age jusqu’à la transition politique actuelle. C’est ainsi qu’entre les Peuls et les forgerons de la communauté Bambara, il existe un lien sacré qui est fondé sur la parenté à plaisanter.

Aucune discrimination systémique ne saurait exister au Mali contre une communauté dans ce contexte. Ce que l’Elysée doit comprendre, c’est que des éléments étrangers peuvent mettre à mal ce tissu social. C’est ainsi que des groupes terroristes venus d’ailleurs ont instrumentalisé des Maliens pour installer des foyers de tension. Mais jamais l’Etat malien n’a été amené à travailler contre une composante de la société.

Enfin, Paris doit pouvoir expliquer comment des responsables du régime en place à Bamako peuvent avoir des conjoints dans les communautés supposées être persécutées. Le drame dans tout ça, c’est que la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se laisse fourvoyer par Paris. Cette commission a fait un communiqué dans lequel elle a dénoncé des exactions contre une communauté sur la base de photos.

Soumaïla Diarra

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