En réponse au communiqué de l’ONG HUMAN RIGHTS WATCH en date du 1er novembre 2023, intitulé « Mali : Les groupes islamistes armés et l’armée prennent les civils pour cible », le Gouvernement du Mali a dénoncé avec « force » une approche « biaisée » et « sensationnaliste » qui, selon lui, met l’Armée malienne au même rang que les « groupes islamistes armés ». Bamako a réaffirmé son attachement au respect « strict » des droits de l’Homme.
L’ONG HUMAN RIGHTS WATCH a souligné, le mercredi 1er novembre dernier, qu’au Mali « des attaques et exécutions sommaires sont commises en toute impunité par les groupes islamistes armés et l’armée. Ces meurtres ciblés de civils constituent des crimes de guerre ». Tout en dénonçant cette communication, le Gouvernement de la transition du Mali a souligné que « l’Etat du Mali est profondément attaché au respect des droits humains consacrés dans toutes ses Constitutions, de l’Indépendance à nos jours ».
Dans sa note de réponse au communiqué de Human Rights Watch, le Gouvernement du Mali a fait état d’une approche « biaisée » et « sensationnaliste » de l’ONG, mettant l’armée malienne, dès le titre de son rapport, au même rang que les « les groupes islamistes armés ». Selon lui, « Cette démarche de l’ONG pose des doutes sérieux, non seulement sur l’objectivité de son analyse mais également sur la crédibilité de tous les faits allégués car ceux-ci ne tendraient qu’à étayer une ligne éditoriale clairement affichée d’emblée », se fustige le Gouvernement malien.
En outre, le gouvernement dit regretter avec la même vigueur, que HRW ait pris le parti assumé de faire croire que l’Armée malienne « prenne les civils pour cible ». « Ce narratif, qui reprend des éléments de langage de certains acteurs internationaux dont l’hostilité vis-à-vis du Mali n’est pas un secret, cache mal la démarche, entièrement à charge, suivie par l’ONG », dénonce-t-il.
Le gouvernement met en cause les allégations apportées par Human Rights Watch
Le Gouvernement du Mali, toujours en réaction au communiqué de l’ONG, souligne que toutes les allégations de violations graves des Droits humains portées à la connaissance des autorités judiciaires de l’ordre civil ou militaire, conduisent à des enquêtes en vue d’en rechercher leurs auteurs et de les poursuivre. « Toutefois, il importe de signaler les contraintes et les défis liés à la conduite des enquêtes dans le contexte d’insécurité que connait le pays depuis 2012 », déclare le gouvernement du Mali. Nonobstant cet état de fait, signifie-t-il, la justice malienne a initié plusieurs procédures contre les membres des forces armées et de sécurité ou les groupes armés, dont certaines ont fait l’objet de jugement et d’autres en cours d’instruction préparatoire devant les juridictions civiles ou militaires.
Le Gouvernement dit aussi regretter la méthode de collecte d’informations utilisée par Human Rights Watch, notamment les témoignages recueillis en utilisant des appels téléphoniques, auprès de « personnes au courant des incidents », sans autre précaution minimum de recoupement d’informations. « Il est tout aussi regrettable et en se fondant sur les commentaires faits par des médias instrumentalisés, sans vérification sur site, enlève toute crédibilité aux conclusions du rapport », déclare-t-il.
Aussi, le Gouvernement précise qu’aucun des cas de violations présumées des Droits de l’Homme contenus dans les présentes conclusions préliminaires de Human Rights Watch n’avait été, jusqu’à ce jour, porté à la connaissance des autorités judiciaires compétentes. « Cela renforce les doutes sur la crédibilité des allégations portées par Human Rights Watch et qui ne reflètent aucunement la réalité sur le terrain. En effet, les opérations menées par les Forces Armées maliennes (FAMa) dans la région de Nara ont toutes ciblé les groupes armés terroristes et en conséquence, sans aucun incident sur les populations civiles. A ce titre, l’opportunité d’une enquête ne s’était pas présentée », a laissé entendre l’État malien.
« Des conclusions erronées tendant à incriminer les autorités maliennes et les FAMa »
Par ailleurs, le Gouvernement a fait savoir que de l’analyse des allégations contenues dans le rapport de HRW, il ressort le caractère tendancieux des allégations infondées, des affirmations gratuites, des témoignages recueillis à distance et orientés, des conclusions erronées tendant à incriminer les autorités maliennes et les FAMa. « Les violations graves citées dans ce rapport sont l’œuvre des groupes terroristes. Les civils, les militaires et les forces internationales payent un lourd tribut de cette barbarie. L’armée est dans sa mission régalienne de protection du territoire, des populations et des biens. Dans ce cadre, elle opère en toute autonomie et ne fait appel à aucun supplétif étranger. Grâce à sa montée en puissance, des dizaines de milliers de personnes ont pu regagner leur lieu de résidence, l’administration et les services sociaux de base se redéployent progressivement », relate le Gouvernement.
Pour les autorités maliennes, les FAMa sont une armée républicaine, formées au respect des dispositions pertinentes des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Aussi, souligne-t-il, c’est une armée nationale dans laquelle toutes les communautés sont représentées, à tous les niveaux, y compris au plus haut niveau du commandement. Les Forces Armées maliennes accomplissent leur rôle dans le strict respect. « Il importe également de rappeler que la prévôté est présente au sein de chaque détachement opérationnel pour garantir le respect des Droits de l’Homme et du droit International Humanitaire sur les différents théâtres d’opérations militaires ».
Ainsi, le Gouvernement recommande une meilleure lecture des évènements de la part de Human Rights Watch, qui gagnerait notamment à rester dans une stricte neutralité et à inscrire davantage sa démarche dans une approche constructive.
Ibrahim Djitteye
Source : LE PAYS