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Drames de l’immigration clandestine: l’État seul ne détient pas toute la solution

« Dilemme migration : partir ou rester ? » était le thème d’un débat d’idées, mardi après-midi, à l’Institut français du Mali (IFM). Organisé par la Deutsche Welle (DW) en partenariat avec radio Kledu, ce débat public entrait dans le cadre du nouveau programme de lutte contre l’immigration clandestine financé par le ministère allemand des Affaires étrangères.

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Le Mali comme de nombreux pays d’Afrique sont concernés par l’émigration clandestine qui se manifeste par un afflux massif des jeunes vers l’Europe, dans des conditions de sécurité extrêmement précaires.
Qu’est-ce qui les pousse à partir ? Quelles mesures sont prises par le gouvernement pour les retenir ?

Cette émission à grand public était animée par nos confrères Mahamadou KANE de Radio Kledu et Mireille DRONNE de la DW.
Ils avaient pour invités sur le podium, Broulaye KEITA, Conseiller technique au ministère des Maliens de l’extérieur ; Cheick Fanta Mady TRAORE, Coordinateur du Programme décennal de développement de la formation professionnelle pour l’emploi (PRODEFPE).
La société civile était représentée à ce débat par le Président de l’Association malienne des expulsés (AME), Ousmane DIARRA ; l’ancienne ministre et militante altermondialiste, coordinatrice du Forum pour un autre Mali, Aminata TRAORE ; le Dr Étienne Fakaba SISSOKO, non moins promoteur du blog journaldupeuple.com.
L’initiative, soutenue par le ministère allemand des Affaires étrangères, a permis de fournir des éléments de réflexion relatifs aux espoirs, aux problèmes et aux défis des migrants africains.
Parmi les questions abordées par les panélistes : les problèmes des pays de transit, les dangers auxquels sont confrontés les migrants durant les traversées du désert et de l’Océan, en bateau, ainsi que les conditions de vie difficiles qui les attendent dans les pays d’accueil, etc.

Raisons du départ
Tous les débats du jour auraient pu être une rengaine entre les acteurs divisés sur la question s’il n’y avait pas eu au départ, a les larmes de Salif, candidat l’émigration. Carreleur, le jeune Sarakolé Salif SOUKOULE, peine à joindre les deux bouts. « Entre deux chantiers, il faut compter sur la solidarité des autres pour vivre », a-t-il expliqué avant de fondre en larmes. Insupportable, dit-il, quand on veut sauvegarder sa dignité.
« Tu rentres dans la famille. Tu vois les enfants, la maman… tu veux faire quelque chose, mais tu n’as rien », a-t-il dit témoigné en sanglots. Dans ces conditions, le choix de Salif est fait : il veut quitter le pays !
Partir ou rester, le débat était donc houleux entre des invités loin d’être sur la même longueur d’onde.
Pour le président de l’AME, tant que les conditions au pays ne s’améliorent pas, même ceux qui sont de retour restent des candidats au départ.
Pour l’enseignant-chercheur, Etienne Fakaba SISSOKO, il n’y a d’ailleurs pas de dilemme puisque rester est souvent synonyme de mourir. Il met en cause les politiques économiques des États africains.
Un avis que partage Aminata Dramane TRAORE. Pour l’ancienne ministre et altermondialiste, l’émigration n’est qu’une des conséquences de la crise d’un modèle de développement : « L’immense majorité de ces jeunes ne prendraient pas le risque de partir s’ils avaient davantage de chances, qu’ils aient fait des études ou pas, d’accéder à un emploi, même dans le secteur informel, pour subvenir à leurs besoins ».

Les solutions des autorités
Accusés de ne rien faire ou presque pour les candidats au départ et autres rapatriés, les représentants des départements ministériels paraissaient, eux, sur la défensive.
Le conseiller technique au ministère des Maliens de l’extérieur, Broulaye KEITA, a souligné que l’Etat fait beaucoup d’efforts pour l’insertion des candidats potentiels. Mais aussi, la réinsertion pour ceux qui sont de retour dans différentes conditions. Pour lui, c’est l’un des axes majeurs de la politique nationale de migration. Dans l’axe 3 de cette politique, a-t-il fait savoir, l’ambition du gouvernement est d’appuyer toutes les initiatives locales des jeunes.
Partir ou rester pour M. KEÏTA, il faut d’abord réfléchir. Certes, a-t-il reconnu, partir est un droit fondamental, mais si cela doit nous conduire aux drames que nous enregistrons actuellement, il y a lieu de réfléchir murement avant de prendre une décision.
Face au drame de l’immigration, il a invité les candidats à explorer d’abord les opportunités qui existent au niveau de nos pays. Ainsi, il a rappelé les dispositifs de l’État qui existent en la matière, notamment l’APEJ ; l’ANPE, le PROCEJ ; le projet FIER qui sont des structures qui appuient les initiatives locales en faveur de la jeunesse.
Selon lui, il n’y a pas que les raisons économiques qui sont à l’origine de cette situation. Car selon certains témoignages, des candidats sont capables de donner de 5 à 6 millions F CFA à un négociant pour avoir accès au précieux sésame (visa). À ce titre, M. KEÏTA se demande alors si on peut considérer comme pauvre au Mali quelqu’un qui est capable de débourser 5 millions FCFA pour des passeurs ?

Plus de 376 victimes en 2015
Broulaye KEÏTA de rappeler que le Mali a perdu 376 jeunes en 2015 dans la méditerranée sans compter ceux qui peuvent disparaissent dans le désert.
Peut-on ainsi imaginer que nous sommes assez pauvres pour aller nous donner à la mort avec ces énormes ressources injectées dans ces voyages migratoires, a-t-il interrogé ? Ces financements sont suffisants pour monter des projets viables pour les jeunes au niveau local, est-il convaincu.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

 

Source: info-matin

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