Dr. Moussa Coulibaly, sociologue, estime que le peuple du Mali continue avec une détermination froide à balayer d’un revers de main les tentatives de déstabilisation venant de l’extérieur malheureusement de l’intérieur aussi.
Dr. Coulibaly rappelle que le père de l’indépendance, Modibo Kéita, comme dans un rêve prémonitoire a alerté sur les dangers pouvant venir de l’extérieur comme de l’intérieur. C’est pourquoi dans notre hymne national, le ton est déjà donné : “Si l’ennemi découvre son front, au dedans ou au dehors” (laissons le reste du refrain aux jeunes de Yèrèwolo Debout sur les remparts).
Pour lui, chaque Malien a le droit et le devoir d’aller jusqu’au sacrifice ultime pour sauver la patrie des prédateurs déterminés à en découdre avec ce peuple digne dont le seul péché aura été de se défendre contre les impérialistes dont le dessein inavoué est de faire main basse sur les ressources minières et énergétiques.
Il rappelle également que le récent rapport de l’ONU sur la situation des droits de l’homme n’est ni plus ni moins que dissuasif tout en relevant d’une tentative de diabolisation des autorités de la transition sur la scène internationale.
“Le peuple malien et son armée savent désormais qu’ils ont frôlé la partition du territoire avec un affaiblissement progressif de l’état central comme en Somalie ou en Libye. La situation actuelle du Mali a révélé au grand public des Maliens d’un autre type, chantres du nationalisme quand ils sont aux affaires et voyant tout en noir quand ils sont à la touche et partageant le même instinct que les mauvais troglodytes de Montesquieu”, dit-il.
A ses yeux, jamais dans l’histoire contemporaine de l’Afrique une résistance à l’impérialisme n’a autant rassemblé les Africains. “Les autorités maliennes de la Transition ont tous les arguments pour se faire respecter. Comment expliquer le silence de cimetière affiché autour des preuves de l’ingérence et de la complicité de la France dans la déstabilisation de notre pays ?”, s’interroge-t-il.
“Pourquoi les autorités de notre pays n’ont jamais pu étaler au grand jour les preuves de cette ingérence aux nations unies ? Il y a deux poids et deux mesures et le commun des mortels sait que notre peuple est victime d’une agression parce qu’il ne mérite plus de vivre dignement sur la terre de ses ancêtres et il ne mérite pas non plus le droit de choisir ses partenaires”, déplore notre sociologue.
Toutefois, il se réjouit que les autorités de la Transition aient vite compris qu’il fallait faire le choix de la Russie pour se doter de matériels leur permettant de défendre la survie de la nation. Il demeure convaincu que sans le choix du partenaire russe le Mali serait aujourd’hui soumis au diktat des djihadistes, indépendantistes et autres multinationales déterminés à faire main basse sur les ressources minières et énergétiques et le partenariat gagnant-gagnant n’aurait aucune chance d’être envisagé. Pour lui, la réaction récente des autorités américaines s’inscrit en droite ligne dans le traditionnel duel russo-américain comme du temps de la guerre froide.
“Il s’agit de tuer dans l’œuf toute tentative de renforcement de la position de la Russie en Afrique. Notre crédo en ce moment précis est de nous aligner derrière toute coopération susceptible de garantir notre survie, notre indépendance et surtout la liberté de décider par nous-mêmes de ce que nous devons être”, dit-il.
Dr. Coulibaly pense que la position des autorités de la Transition est loin d’être une fuite en avant patriotique car, ajoute-t-il, le peuple du Mali et son armée ont tiré les leçons des mésaventures. La posture actuelle doit être d’avoir le courage d’assumer nos choix stratégiques et de se défendre à tout prix. Les Maliens ne doivent pas se laisser distraire par ces tentatives d’intimidation. Le peuple et son armée sont sur la bonne voie malgré les difficultés. Il révèle que l’histoire récente de la Libye doit être pleine d’enseignements pour les Maliens.
Les mêmes Occidentaux, géniteurs de l’Otan, ont tué Kadhafi et ont promis la paix et la démocratie aux Libyens. Plus de onze ans après, la Libye attend toujours les premières élections présidentielles de son histoire et le pays est livré entre-temps aux vautours et autres narcotrafiquants qui pullulent ce pays qui était perçu comme la nouvelle locomotive de l’Union africaine.
Concernant le rapport sur les événements de Mourah, notre sociologue trouve qu’il ressemble à celui réalisé par l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) sur la situation des armes atomiques en Irak. Honnêteté oblige, l’histoire a retenu le courage politique de Chirac et Dominique de Villepin qui ont trouvé que le rapport était cousu de fil blanc, donc factice.
“Nous attendons les mêmes réactions sur Mourah au nom de la vérité historique. Ceux qui s’acharnent contre l’armée malienne semblent ne pas prendre en compte le droit à la paix et à la sécurité des populations maliennes du Nord et du Centre qui n’ont plus la possibilité de pratiquer l’agriculture qui leur permet une autosuffisance alimentaire. Aucune puissance aussi forte soit-elle ne parviendra à étouffer l’élan des Maliens pour prendre en main leur destin. La position de l’Adéma par rapport au référendum du 18 juin est une position patriotique et responsable. Il s’agit d’aider le pays à sortir de l’impasse tout en restant dans la critique constructive. Le peuple doit rester mobilisé et ne donner aucune chance à la peur et aux discours populistes”, conclut-il.
Ibrahima Ndiaye
Mali Tribune