Le président de l’Office Centrale de Lutte contre l’enrichissement Illicite (OCLEI), Dr Moumouni Guindo était sur le plateau de Mikado FM, le samedi dernier. Une occasion pour lui de réaffirmer l’engagement de sa structure à lutter efficacement et sans distinction contre la corruption et l’enrichissement illicite au Mali. « L’article 03 de la Loi du 27 Mai 2014 portant prévention et répression de l’enrichissement illicite n’écarte aucun agent public du champs de la lutte contre l’enrichissement illicite »a-t-il précisé.
Pour le Dr Moumouni Guindo, les textes de l’Office Centrale de Lutte contre l’enrichissement Illicite (OCLEI) n’écartent personne dans le combat contre la délinquance financière au Mali. Ce texte (article 03 de la Loi du 27 Mai 2014 portant prévention et répression de l’enrichissement illicite) malgré qu’il soit méconnu, est également sorti de son contexte par d’autres.
« L’article 03 de la Loi du 27 Mai 2014 portant prévention et répression de l’enrichissement illicite n’écarte aucun agent public du champ de la lutte contre l’enrichissement illicite. Malheureusement, cet article 03 n’est pas connu malgré les efforts de communication que nous déployons parce que, une contre-communication l’a emporté, qui a tendu à dire que certains sont exemptés. Ce qui est vrai, c’est qu’en termes de lutte contre l’enrichissement illicite, aucun corps n’est exempté » a-t-il souligné avant de déplorer les suites judiciaires à accorder aux rapports de l’OCLEI. « Il y a eu peu de suite aux différents rapports de contrôle. D’abord, suites administratives, sanctions administratives, il y’en a guerre. Le peu qu’il y a aussi, n’a pas fait l’objet d’information et de communication », a-t-il indiqué.
Selon le rapport 2020 de Transparency International, le Mali est le 29ème pays africain le plus corrompu sur les 54 et 129ème sur les 180 du monde.
En 15 ans, soit de 2005 à 2019, les statistiques de l’Office Centrale de Lutte contre l’enrichissement Illicite (OCLEI) ont souligné que le Mali a subi une perte financière de près de 1266 milliards de francs CFA à cause de la mauvaise gestion au sein des services publics. Une perte énorme, selon le président de l’OCLEI, qui pourrait permettre la construction la construction de 1700 centres de santé. « Si on prend l’exemple sur le CRSF de Diéma qui est presque un hôpital exemplaire, cette somme est l’équivalent de la construction de 1700 centres de santé. Aussi, ce montant fait l’équivalent de 264 fois l’hôpital du Mali qui est un hôpital de 3ème niveau de référence au Mali », ajoute-t-il.
Il faut reconnaitre aussi que malgré ce flux financier sombre, le Mali figure parmi les pays qui ont une grande ambition de réprimer vivement et vigoureusement les atteintes aux biens publics. « Le Mali est le premier, d’ailleurs le seul pays qui dispose de cette infraction dénommée « atteinte aux biens publics » depuis 1966. En effet, la flambée de la corruption et de l’enrichissement illicite, malgré la présence de dispositions répressives est paradoxale. Selon l’explication du président de l’Oclei, en 1976, le Mali a décidé de punir de mort les détournements des biens publics lorsque le montant atteignait initialement 10 millions. Plus tard, ça a été ramené à 20 millions de F Malien c’est à dire 10 millions de FCFA avant d’atteindre 50 millions de FCFA aujourd’hui. A partir de cette somme l’auteur est punissable de la réclusion criminelle à perpétuité, c’est-à-dire l’emprisonnement à vie. Aujourd’hui, des centaines de dossiers de détournement de fonds existent au Mali à coût de milliards. Une illustration que le système législatif est très répressif, mais la mise en œuvre pose toujours problème.
Issa Djiguiba
Source: LE PAYS