Un mois après la prise de pouvoir par les talibans en Afghanistan, le Reporters sans frontières a, dans un article publié sur son site le 10 septembre dernier, exprimé son inquiétude face à la multiplication des arrestations et des comportements violents à l’encontre de journalistes qui, selon l’organisme prend un autre « tournant ».
Dans une déclaration en date du 24 août dernier, le Reporters sans frontières a déploré, le non-respect de l’engagement pris par les Talibans publiquement. « Publiquement, les talibans se sont engagés à protéger les journalistes et à respecter la liberté de la presse. La réalité est déjà tout autre. Le nouveau pouvoir à Kaboul impose d’ores et déjà des contraintes très dures sur les rédactions, même si elles ne sont pas officielles », a déclaré l’instance de défense des droits des journalistes et de la liberté de la presse (RSF).
En effet, pour cette énième déclaration de l’organisation de défense des droits de la presse, elle exprime son exaspération et son inquiétude face à la multiplication des arrestations et des comportements violents des talibans à l’encontre des journalistes. « Journalistes afghans chassés à coups de câbles, arrêtés, battus par les talibans… Certains ont subi des exactions qui s’apparentent à de la torture. Depuis le début de la semaine, les incidents se multiplient à Kaboul et dans plusieurs villes de province », déplore RSF.
Dénonçant ces faits, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire a indiqué que « moins d’un mois après leur prise de pouvoir, les talibans sont semble-t-il en train de tomber le masque », il poursuit en posant une interrogation « Cette vague de répression contre la presse est survenue précisément au lendemain de l’annonce du nouveau gouvernement. Que reste-t-il des engagements des talibans à respecter la liberté de la presse et protéger les journalistes ? Le seul moyen pour les talibans de faire la preuve que leurs engagements valent quelque chose est de faire comparaître au plus vite les auteurs de ces violences et d’empêcher que de nouvelles violations des droits élémentaires des journalistes soient perpétrées », a-t-il laissé entendre.
Par ailleurs, l’organisme déclare dans son article que c’est dans la capitale afghane où le dernier rassemblement de femmes mercredi 8 septembre a été, trois heures après sa dispersion, déclaré illégal par les autorités que les talibans ont été les plus violents. « Le témoignage des photographes et du caméraman du quotidien Etilaat Roz (‘Jour d’info’), Taqi Daryabi et Nematullah Naqdi sont édifiants : arrêtés alors qu’ils couvraient un rassemblement de femmes à Kaboul, puis emmenés dans un poste de police, ils ont alors été séparés avant d’être tabassés et fouettés avec des câbles . Lorsque trois autres journalistes de leur rédaction, Kadhim Karimi, Lutfali Sultani et Aber Shaygan, sont arrivés au poste de police pour demander leur libération, ils ont également été arrêtés », rapporte l’organisation en charge de défendre les droits de la presse.
Selon le témoignage du rédacteur en chef d’Etilaat Roz, Zaki Daryabi, à RSF, ses collègues veulent savoir ce que sont devenues les personnes qui les ont torturées et demandent justice ». Par ailleurs, l’instance s’est également inquiète du sort des journalistes étrangers qui selon elle, étaient jusqu’à présent tolérés et parvenaient à continuer à travailler. En effet, le RSF a indiqué dans son article que ces journalistes sont aussi inquiétés par rapport à leur sort.
À noter que l’Afghanistan se situait à la 122e place sur 180 pays, lors de de la publication de l’édition 2021 du classement mondial de la liberté de la presse de RSF.
Ibrahim Djitteye
Source: LE PAYS