Vingt-quatre heures après la fermeture des bureaux de vote au compte du référendum du 18 juin dernier, la Mission d’Observation des Élections au Mali (MODELE Mali) a rendu public hier lundi ses conclusions préliminaires sur ledit scrutin. C’était à la faveur d’une conférence de presse animée par le Chef mission de la MODELE Mali, le Dr Ibrahima SANGHO, à l’hôtel Salam, QG de la cellule de veille citoyenne.
D’entrée jeu, le Dr Ibrahima SANGHO, a indiqué que le Référendum constitutionnel s’est tenu le dimanche 18 juin 2023 sur l’ensemble du territoire national, excepté la région de Kidal.
« Le scrutin référendaire s’est déroulé dans des conditions acceptables dans la majeure partie des localités observées par la MODELE Mali, malgré des incidents signalés dans plusieurs localités. Cependant, des observateurs n’ont pas eu accès à certaines commissions de centralisation des résultats», a-t-il déclaré.
Dans ses conclusions sur le scrutin référendaire du 18 juin 2023, la MODELE-Mali affirme que 95% des bureaux de vote (BV), couverts par les 3075 observateurs qu’elle avait déployés lors de ce scrutin, avaient été ouverts entre 08h00 et 08H15. Quelques cas de retard ont été également signalés.
Concernant la disponibilité et la fonctionnalité du matériel électoral, la MODELE-Mali affirme que les documents électoraux et le matériel électoral étaient disponibles dans 95 % des bureaux observés. L’isoloir garantissait le secret de vote de l’électeur dans 91% des BV observés.
Concernant le personnel et le fonctionnement des bureaux de vote, la MODELE-Mali fait constater que le personnel des BV (1 président et 4 assesseurs) était présent dans les bureaux de vote couverts par la MODELE Mali.
Les BV fermé à 18h
Les BV ont fermé à 18h dans 96% des BV observés ; et les électeurs, présents dans la file d’attente, ont été autorisés à voter dans 98% des BV.
Concernant le dépouillement, il s’est passé sans incident majeur dans 79% des bureaux observés.
Concernant le taux de participation, la MODELE-Mali estime qu’elle est d’environ 28% pour l’ensemble des bureaux couverts par ses observateurs.
Par ailleurs, concernant l’accessibilité du vote aux personnes vivant avec handicap et la MODELE-Mali a constaté que dans 79% des bureaux de vote observés, les personnes vivant avec un handicap ont bénéficié d’une assistance. Cependant, l’accessibilité du vote à cette catégorie d’électeurs a besoin d’être améliorée.
Scrutin émaillé d’incidents
Concernant les dysfonctionnements et incidents, la MODELE-Mali a constaté la délocalisation des bureaux de vote des communes de Baye, Sokoura, Ouenkoro, Segué à Bankass ville, pour raison d’insécurité.
La perturbation du vote dans la commune de Bodio (Bandiagara), à cause d’une attaque terroriste ; l’absence de vote dans les communes Diankabou, Bamba, Kassa, Dinangourou (Koro).
De même, les bureaux de vote de N’dola et Tièmaba dans la commune de Niono, cercle de Niono ont été fermés après le démarrage du vote pour cause de menaces terroristes.
Dans la commune de Kala Siguida , cercle de Niono, les présidents des bureaux de vote de N’godjila et Manialé ont été enlevés par des hommes armés.
Dans son rapport, la MODELE-Mali affirme l’enlèvement des urnes dans trois villages dans la commune de Fallou cercle de Nara à Kolomina, Digue et Sébougou.
Également, les urnes des bureaux de vote à Koronga (Nara) ont été emportées par des hommes armés.
Dans la commune de Pogo, cercle de Niono, les bureaux de vote de Diadowèrè, Pogo 1 et Pogo 2, Kalangola n’ont pas été ouverts pour cause d’insécurité.
Ceux de Mbewani Coro, Kanto, Korontobougou ont été aussi fermés pour cause d’insécurité.
Dans la commune de Femaye, à Taga, cercle de Djenné, le président et ses assesseurs ont été enlevés par des individus armés ;
Dans la commune de Kokry Bozo, cercle de Macina, le maire a ordonné la fermeture des bureaux de vote avant l’heure et demandé le retour de tout le matériel au sein de la mairie en raison de tirs entendus aux alentours du village, etc.
Une constance dans les élections
Répondant à la question des journalistes, le Dr Ibrahima SANGHO, a fait savoir que de 2013 à nos jours, le Mali n’a jamais pu organiser de scrutins sur l’ensemble du territoire, et cela pour plusieurs raisons. Celui du référendum du 18 juin n’a pas pu aussi se tenir sur l’ensemble du territoire national. En effet, pour des raisons sécuritaires des habitants de plusieurs localités n’ont pas pu accomplir leur devoir civique.
Dans son intervention, il a expliqué que sa structure avait souhaité que le vote des militaires qui se déroule une semaine avant le scrutin soit mieux encadré avec un fichier électoral spécifique.
Sur la transparence du scrutin, l’inclusivité et la sécurisation des opérations de vote, la MODELE-Mali a fait des recommandations.
Même sans la présence des observateurs internationaux, on peut attester de la crédibilité des scrutins. Dans ce cas, l’avis de l’observation nationale compte le plus.
«La crédibilité, c’est nous qui pouvons l’attester car nous sommes là avant le scrutin, pendant le scrutin et après le scrutin. Oui, le scrutin référendaire du 18 juin dernier est crédible. L’observation internationale est en train de se retirer au profit de l’observation nationale», a-t-il dit.
Selon lui, avant la date du scrutin, MODELE-Mali avait des craintes par exemple concernant l’AIGE qui a été créée en janvier pour organiser ce scrutin en juin. Mais, à la suite de la tenue de ce scrutin, la MODELE-Mali a constaté que le défi de l’organisation a été relevé.
«Autorité de gestion des élections et le ministère de l’Administration ont travaillé main dans la main pour que le matériel électoral soit partout pour qu’on puisse aller à des élections. On pense que, dans l’ensemble, le défi de l’organisation a été relevé. Mais le défi de la participation qui donne la légitime au nouveau projet de constitution reste entier», a-t-il déclaré.
Il a rappelé que la Constitution de 1992 a été adoptée avec un taux de participation de 92%. Mais au regard de ces constats, la MODELE-Mali estime le taux risque d’être en déca de 1992.
Pas de vote à Kidal
Dans la région de Kidal, la MODELE-Mali, a-t-il fait savoir, dispose de 150 observateurs.
«Dans la matinée, nous avons fait des communiqués pour dire qu’il n’y a pas de vote à Kidal. Si quelqu’un a la preuve qu’il y a eu vote à Kidal, qu’on nous apporte la preuve. Nous étions hier soir (18 juin) sur l’ORTM, nous avons dit qu’il n’y a pas eu de vote à Kidal, ni à Tessalit, ni à Aguelhok, ni à Tin-Essako. Nous avons 150 observateurs qui ont été formés et déployés à Kidal, nous n’avons pas eu d’échos qu’il y ait eu vote à Kidal», a déclaré M. SANGHO.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info Matin