Bonne moisson à Kouremalé le week-end dernier: le Bureau des douanes de cette localité frontalière avec la Guinée à saisi un minibus contenant 5,5 tonnes de cuisses de poulets avariés. Il y a peu, Kouremalé s’était fait mauvaise publicité quand des jeunes Maliens et Guinéens avaient occasionné des échauffourées malheureuses mettant mal à l’aise les autorités de leurs pays. L’incident est aujourd’hui circonscrit. Mais ce rappel est important pour mettre l’accent sur la porosité d’une frontière trop vaste et inaccessible du fait de la densité de la forêt pré-guinéenne et surtout du chapelet de montagnes longeant la ligne frontalière. Tout y passe. Ou presque.
Le Bureau des douanes de Kouremalé, dirigé par le commandant Harouna Traore, fait ce qu’il peut. Les nombreuses saisies de produits pharmaceutiques ne sont qu’une partie des marchandises et produits prohibés déversés sur notre marché. On parle de millions de comprimés douteux fabriqués dans les pays anglophones de l’Afrique de l’ouest et en Asie.
Les magasins des douanes de Kouremalé sont remplis par ces produits indésirables importés sans aucune espèce d’autorisation. Le drame, c’est qu’ils sont destinés à des officines de pharmacie réputées. Depuis quelques années, un trafic trans-frontalier de type nouveau prend du volume dans la bande frontalière. Des quantités importantes de viande de volaille et de foie d’animaux sont saisies à la frontière par les douanes maliennes. Elles viennent en cartons de plusieurs paquets de 10 kg ou plus. Sur les étiquettes, la provenance est clairement marquée. Quelques fois, il s’agit d’Arabie Saoudite, d’Australie et très souvent des États Unis d’Amérique.
La dernière saisie en date a été opérée le week-end dernier, aux environs de 21h, à une déviation située à quelque 200 mètres du Bureau des douanes. Ayant été informée de l’imminence d’un mouvement de marchandises puantes en direction du territoire malien, une patrouille emmenée par le commandant Harouna Traoré s’y était déployée.
Elle y a saisi 555 cartons de cuisses de poulets de chair de 10 kg, soit 5,5 tonnes de cuisses de poulets destinées à nos ventres en ce mois de Ramadan. L’origine serait un pays du Golfe, via la Guinée Conakry. Au bout de la chaîne, un minibus immatriculé MD qui devait en assurant le transport jusqu’à Bamako.
«D’habitude, sur instruction de ma hiérarchie, je convoie les produits de cette nature au zoo au grand bonheur des fauves. Mais, nous en avons tellement saisi ces derniers temps que le zoo ne dispose plus de place pour stocker les poulets», a expliqué le commandant Traoré soulignant qu’à défaut du zoo, c’est l’incinération en présence des responsables de la gendarmerie et des services phytosanitaires qui auront préalablement constaté l’état dangereux du produit.
Pour le chef du Bureau des douanes, des saisies de viande et de produits pharmaceutiques sont monnaie courante. Mais celle du week-end dernier serait un record jamais enregistré dans notre pays. Informé le directeur général des Douanes, Aly Coulibaly, a exhorté les services de répression des Douanes à garder l’œil ouvert pour éviter l’introduction de produits susceptibles de menacer la santé et le bien-être de nos populations.
A. C
Source: Essor