Dans la mouvance des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), la fondation Héra a fait, hier, un plaidoyer afin d’obtenir zéro VBG dans un agenda 2 030 au Mali. Il s’agit pour la fondation Héra de sensibiliser les pouvoirs, exécutif et législatif, ainsi que les acteurs, afin de mettre en place une synergie globale d’actions, en vue de l’adoption rapide du texte de loi sur les VBG. Occasion pour la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, très optimiste de s’engager pour l’adoption d’une loi.
Dôkera « , pour dire que les femmes en ont marre en bambara, est un concept développé par la fondation Héra. Elle est soucieuse de la montée des cas de violences basées sur le genre (VBG). C’est pourquoi, elle a initié, depuis le 31 juillet dernier, un programme de plaidoyer pour l’adoption de l’avant- projet de loi sur les VBG et de son applicabilité articulée sur la prévention, la répression et la prise en charge des violences basées sur le genre. En effet, le Mali est le 5ème pays avec un taux de prévalence de MGF/E le plus élevé en Afrique.
Des statistiques alarmantes, qui prouvent qu’une femme sur quatre au Mali a déjà subi une forme de violence. Les violences faites aux femmes et aux filles deviennent complexes et multiformes, elles se sont accrues depuis 2012, plusieurs ne sont pas prévues par le droit positif malien. Ce sont ces types de violences, les grandes absentes, qui causent plus de dégâts et de pertes en vies humaines.
Depuis l’âge de 15 ans, près de quatre femmes sur dix (soit 38%) ont subi des violences physiques. Ces violences sont principalement exercées par leur mari ou partenaire actuel dans 65% des cas. De janvier à septembre 2019, les violences basées sur le genre rapportées et pris en charge s’élèvent à 2 767 dont 20% d’agressions sexuelles, 17% de viols, 24% de violences physiques, 8% de mariages forcés, 17% de violences émotionnelles et 14% de dénis de ressources.
» L’absence d’une loi répressive, si l’on n’y prend pas garde, résultante de ce vide législatif, est une grande menace à la stabilisation et à la paix dont a viscéralement besoin le pays. L’impunité est aussi une forme de réparation des séquelles des VBG « , rapporte la présidente de Hêra, Me Nadia Myriam Biouélé.
Adopter la loi contre les VBG au Mali, comme dans tous les autres pays de l’UEMOA, permet de transposer tous les instruments juridiques internationaux et sous régionaux ratifiés. L’intérêt c’est de trouver une réponse législative à l’impunité et à la prise en charge judiciaire des victimes/survivantes, comme pour marquer l’engagement à mettre la lutte contre les VBG au cœur de l’action centrale du gouvernement.
Dr Diakité Aïssata Kassa Traoré, la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, s’est dite déterminée à aller à bout des violences basées sur le genre. Elle a indiqué également que ces violences ne connaissent pas de frontières et constituent sans nul doute un obstacle au développement économique, social et culturel de notre pays.
Me Nadia Myriam estime que c’est pourquoi le texte de l’avant-projet de loi portant prévention, répression et prise en charge des victimes de violences constitue en lui-même une garantie pour les victimes de violences basées sur le genre, qu’elles soient femmes, hommes, handicapés, albinos, personnes âgées. » C’est un texte de loi ambitieux, car il est à la fois préventif, répressif et réparateur. Tout ce qu’il faut différents cas de VBG » a dit Nadia.
Venus spécialement du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, deux acteurs engagés ont affirmé leur soutien au Mali pour l’adoption d’une loi. Le Sénégal, a dit El Hadj Elias N’Doye, a adopté une loi contre les VGB depuis janvier 1999 à la suite du meurtre d’une femme par son époux parce qu’elle ne lui aurait pas servi à temps le repas. Quant à Pascale Kouamé de la Côte d’Ivoire, la situation sur les VBG est floue dans son pays mais mérite également une attention particulière de la part des autorités. Elle invite le Mali à en faire de même.
Et les leaders religieux de s’engager au nom de l’islam qui ne prône pas la violence comme toutes les autres religions du monde. » La violence est la manifestation de la misère » soutient- il.
F. Mah Thiam KONE
Source: l’Indépendant