L’humanité a abordé le troisième millénaire de l’ère chrétienne dans un vacarme médiatique sans précédent qui n’est passé inaperçu nulle part sur la planète. Parallèlement à ce battage carnavalesque se menait une autre campagne d’épouvantement laissant présager les pires désagréments, sinon la catastrophe pour l’homme au détour du siècle du fait des machines qu’il a lui-même construites. En se tâtant au lendemain de ce cap tant attendu par certains, redouté en d’autres lieux, le genre humain s’est rendu à l’évidence qu’il n’avait pas subi de mutation, qu’il restait entier en lui-même, réceptacle des mêmes sentiments, siège des mêmes pulsions. L’astre du jour s’est révélé à l’homme sous le même angle, marquant des étapes habituelles de sa course les différentes activités terrestres.
L’homme est apparu ainsi dans toute sa relativité, car l’échéance présentée comme décisive sous certaines latitudes, était un non-évènement sous d’autres cieux, les communautés disposant de repères divers dans l’identification de ce phénomène insaisissable, le temps qui passe. Cependant, quel que soit le siècle ou le millénaire dans lequel chaque communauté estime se situer, un dénominateur caractérise cette période contemporaine. Il est, en effet, indéniable que la technique occupe une place de plus en plus grande dans la vie quotidienne de l’homme, qu’il en maîtrise les différentes dimensions et sache la mettre à son service à bon escient, ou qu’il feigne de l’ignorer, un aspect ou un autre de sa vie sera lié à la technique ou géré à travers elle. Quand ce phénomène touche des éléments aussi essentiels que le système économique d’une communauté ou ses fondements sociaux, la sagesse commande que l’on en soit un acteur plutôt qu’un figurant passif qui en subit les aléas, ignorant les tendances essentielles de son environnement. Voilà pourquoi, de diverses instances prenant en charge les préoccupations des communautés musulmanes, émanaient à l’époque des exhortations portant sur la nécessité pour elles de s’inscrire de façon active dans le courant de cette évolution technologique. Cet impératif a conduit à l’ouverture de tous les pays, même à dominante islamique, aux réseaux des réseaux.
Bien qu’il ne soit plus inconnu nulle part deux décennies plus tard, cet instrument a connu des sorts divers à travers les pays. Le souci qui l’a précédé et qui l’accompagne est de veiller à ce que son utilisation ne porte atteinte aux fondements et pratiques des communautés. Ainsi, depuis les balbutiements du phénomène du cyber café, jusqu’à l’expansion de l’internet mobile, du chemin aura été parcouru, cet espace étant devenu le lieu de tous les possibles. Évoquant cette question, un érudit d’un centre de recherche et d’études islamiques soulignera qu’il convient de prendre le meilleur de l’occident par le biais d’internet. Le rôle «d’outil de ce réseau pour la propagation de l’islam, s’il est utilisé à des fins pédagogiques», avait été relevé par ce théologien, loin de se douter des distorsions qu’il allait subir. Soulignant par ailleurs que «l’homme stupide est celui qui ne cherche pas à s’instruire», il fera remarquer que «nous devons intégrer les bonnes choses de la vie moderne et particulièrement de l’internet tout en conservant nos valeurs islamiques». Selon lui, tout revient à l’éducation.
A. K. CISSÉ
Source: Journal l’Essor-Mali