Comme nous l’avions annoncé dans notre édition N°486, les travailleurs de l’hôpital Gabriel Touré ont tenu leur sit-in hier, lundi 3 décembre 2018, dans la cour dudit hôpital durant deux (2) heures, c’est-à-dire de 8 heures à 10 heures. L’occasion pour le syndicaliste Djimé Kanté de dévoiler toutes les difficultés, avant de décrier le mépris du DG et le silence coupable du Département de la santé et de l’hygiène publique.
Tous en blouse, les travailleurs de l’hôpital Gabriel Touré disent enfin « trop c’est trop ». Durant deux heures sous le soleil, ils fustigent des manquements inadmissibles. Ce n’est pas tout, ils dénoncent aussi le mépris du directeur général et le Ministère de la Santé qui fait la sourde oreille sur les difficultés de du plus grand hôpital du Mali.
« Ce matin, nous observons un sit-in de protestation pour dire non au mépris de l’administration face aux différentes sollicitations du personnel », nous explique Djimé Kanté, le porte-parole du comité syndical du CHU Gabriel Touré. Selon lui, les travailleurs ont envoyé plusieurs correspondances, mais qui n’ont jamais été répondu par l’administration, alors que les difficultés sont énormes au niveau de l’hôpital. Aux dires du porte-parole des travailleurs, Gabriel Touré est menacé de fermeture, tellement que les manquements sont énormes. « Gabriel Touré est aujourd’hui un hôpital qui n’est pas digne de soigner un être humain », a-t-il dit haut et fort.
Les rats, les cafards et les moustiques vivent avec les malades
D’un ton très sérieux, le 1er adjoint au secrétaire général du CHU Gabriel Touré affirme que partout à l’intérieur de l’hôpital, on voit des rats, des cafards, des moustiques et autres. « Ceux qui choisissent la destination Gabriel Touré pour se faire soigner ou juste pour accompagner un malade sortent de notre hôpital avec d’autres maladies », déplore Djimé Kanté.
Mauvaises conditions d’accueil, de soins et d’hospitalisation
A en croire le porte-parole du comité syndical, les conditions d’hospitalisation se sont beaucoup détériorées. Les conditions d’accueil aussi. Pis, il affirme que beaucoup de services ne répondent à aucun critère international. « Partez aux urgences pédiatriques, nous avons un service qui ne répond à aucune norme internationale », se plaint M. Kanté.
Aux dires des travailleurs mécontents, aujourd’hui, même ce qui est faisable dans les CSCOM ne l’est pas à Gabriel Touré. « La logique voudrait quand même que ce qui ne se fait pas dans les autres hôpitaux puisse se faire chez nous car Gabriel Touré est le plus grand hôpital du Mali. C’est, malheureusement, le contraire qui se passe », laisse-t-il entendre. Pis, selon les syndicalistes, le laboratoire de l’hôpital Gabriel Touré n’arrive à faire que deux types d’analyses : une goutte épaisse pour tester si quelqu’un a le palus et le groupage pour déterminer le groupe sanguin. « L’imagerie médicale est presque arrêtée ; les pannes sont récurrentes. Il est même impossible de faire une simple échographie abdominale », nous confie le porte-parole des travailleurs, avant de préciser que cette échographie se fait même dans les CSCOM.
Les vendeurs envahissent l’hôpital Gabriel Touré
Comme dans beaucoup de structures, le laisser-aller est encouragé au sein de Gabriel Touré, selon les travailleurs. Les vendeurs de thé, d’aliments, des vendeurs ambulants de tous genres circulent partout à l’intérieur de l’hôpital et arrivent même souvent, selon M. Kanté, à entrer dans les salles d’hospitalisation pour faire leur commerce. Le syndicat a, aux dires des manifestants, interpellé l’administration sur tous ces sujets, mais il n’a pas été écouté.
Un autre sit-in à la même heure, pour la même durée et au même lieu ce matin
Les travailleurs restent plus que déterminés. Ils ne comptent pas abandonner ce combat qu’ils qualifient de nécessaire pour sauver l’Hôpital Gabriel Touré. Ils projettent un autre sit-in demain, mardi 04 décembre 2018, à la même heure et pour la même durée. Tout cela pour inviter l’administration à prendre en compte leurs sollicitations.
Selon le porte-parole du comité syndical, si aucune disposition n’est prise, ils déposeront un préavis de grève pour réclame, entre autres, l’amélioration des conditions d’accueil, de soins, d’hospitalisation et des conditions de travail du personnel.
Avant de terminer, Djimé Kanté a taclé le ministre de la Santé et de l’hygiène publique qui fait la sourde oreille aux problèmes de l’hôpital Gabriel Touré. « Le département ne réagit pas aussi. Souvent on prend les caméras pour faire le tour à l’hôpital, juste pour sortir à la télé », a-t-il martelé.
Boureima Guindo
Source: Le Pays