La crise sécuritaire ne connait toujours pas d’épilogue au Mali. Plusieurs voix s’élèvent pour privilégier le dialogue.
Les victoires tactiques de l’armée malienne alimentent les unes des journaux, télévisions et radios. Chaque fois qu’un chef ou un groupe « terroriste » est « neutralisé », les prouesses des FAMa sont louées, les populations civiles invitées à collaborer avec les forces armées pour gagner cette guerre asymétrique qui déchire le pays depuis dix ans. Mais on est loin de voir le bout du tunnel.
Depuis des années, la stratégie antiterroriste impulsée par la France au Sahel se concentre sur l’élimination des chefs terroristes, dont l’annonce est très médiatisée. Une communication politique qui occulte les défis de la lutte contre le terrorisme au Sahel et au Mali en particulier où l’expansion de groupes armés qualifiés de terroristes inquiète. Notamment dans les régions du centre qui font face à une résurgence de vieux conflits locaux mal négociés.
Cette approche semble être dictée par le peu de résultats dans la lutte mais également par le sentiment d’impasse que ressente l’opinion publique. Toujours est-il que l’élimination des leaders terroristes n’a pas sensiblement changé la donne sécuritaire, même si elle a désorganisé et affaibli les groupes.
Une paix négociée
Des lors que l’on concentre la lutte antiterroriste sur la mise à mort systématique des leaders, on oublie la complexité de cette guerre par procuration et la structuration des groupes armés, qui semblent s’adapter à l’évolution des réponses sécuritaires des armée présentes.
Il faut changer de paradigme. Faire la guerre mais ne pas négliger les compromis politiques susceptibles de favoriser les conditions de pacification progressive de la situation.
Dans ce contexte international défavorable, où presque tous les financements en matière de coopération sécuritaire sont orientés vers l’Ukraine, les autorités maliennes devraient avoir la lucidité de réexaminer la stratégie du « tout sécuritaire » en cours depuis des années. Et explorer les voies de la résolution non violente de ce conflit sans fin.
Une évaluation rigoureuse des accords locaux au centre peut-être le point de départ d’une paix négociée au Mali et au Sahel.
Source : Benbere