Dans son dernier rapport sur la peine de mort dans le monde, Amnesty international attire l’attention sur la situation en Afrique Saharienne. Si les exécutions ont connu une baisse, tel n’est pas le cas pour le prononcé des peines capitales.
L’Afrique subsaharienne a connu de grandes avancées sur la question de la peine de mort. Car, il y a eu une diminution de 28% des exécutions en 2014. Dans un communiqué de presse, relatif à la sortie hier du rapport d’Amnesty International sur la peine de mort, il est recensé 46 exécutions dans trois pays contre 64 exécutions dans cinq pays en 2013. «A la connaissance d’Amnesty International, seuls trois pays -la Guinée équatoriale, la Somalie et le Soudan- ont procédé à des exécutions», lit-on dans le document. A Madagascar, la tendance est à l’abolition. L’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi abolissant la peine capitale le 10 décembre qui devra être promulguée par le président de la République avant d’entrer en vigueur.
Cependant, il est constaté une «hausse alarmante du nombre de condamnations à mort dans un contexte de lutte contre le crime et le terrorisme». «On a recensé une hausse de près de 500 condamnations à mort en 2014 par rapport à 2013, principalement en raison du pic constaté en Egypte et au Nigeria, où les Tribunaux ont prononcé des condamnations collectives dans un contexte de conflit interne et d’instabilité politique», informe-t-on. Au Nigeria, confronté aux exactions du groupe terroriste Boko Haram, le nombre de condamnations à mort recensées a fait un bond de plus de 500 en passant de 141 en 2013 à 659 en 2014. «Les Tribunaux militaires ont prononcé des condamnations à mort lors de procès collectifs, condamnant environ 70 soldats lors de différents procès. Ces hommes ont été déclarés coupables de mutinerie dans le cadre du conflit armé avec Boko Haram», ajoute le texte.
En Egypte, il y a eu 400 condamnations à la peine capitale de plus par rapport à 2013. Par conséquent, le nombre est passé à au moins 509 en 2014. «Lors de procès collectifs ne respectant pas les normes d’équité, 37 personnes ont été condamnées à mort en avril et 183 en juin», regrette Amnesty International. Les motifs ne sont pas toujours liés à des crimes ayant entraîné la mort.
Au plan mondial, le nombre de condamnations à mort recensées a connu une nette augmentation par rapport à l’année précédente. Le chiffre est passé de 1 925 en 2013 à au moins 2 466 en 2014, soit une hausse de 28 %. «Cette recrudescence était en grande partie due à la hausse constatée en Egypte et au Nigeria, où des centaines de personnes ont été condamnées à mort», constate-t-on dans le communiqué.
Exécution dans le reste du monde : La Chine en grande puissance
La Chine est apparue comme le pays qui a procédé au plus grand nombre d’exécutions par rapport à tous les autres. Dans son communiqué, Amnesty rapporte que «des milliers de personnes y sont condamnées à mort et exécutées chaque année». «Toutefois, il est impossible d’établir le chiffre réel, car des statistiques de ce type y sont classées secret d’Etat», souligne-t-il.
Le texte ajoute que «les quatre autres pays, ayant exécuté le plus grand nombre de prisonniers dans le monde en 2014, sont l’Iran (289 exécutions reconnues officiellement et au moins 454 non reconnues par les autorités), l’Arabie saoudite (au moins 90), l’Irak (au moins 61) et les Etats-Unis (35)».
Il est toutefois noté une baisse de plus de 20% des exécutions. A l’exclusion de la Chine, au moins 607 exécutions ont eu lieu en 2014, contre 778 en 2013. L’année dernière, 22 pays ont procédé à des exécutions, un nombre qui reste inchangé par rapport à 2013.
Cependant, Amnesty se réjouit de la confirmation de la tendance durable vers l’abolition de la peine capitale dans le monde.
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