En lieu et place d’une véritable concertation nationale digne de ce nom pour rassembler le peuple malien afin de faire face aux problèmes brûlants de l’heure qui menacent son existence, le président Ibrabim Boubacar Keïta en a fait à sa tête en organisant un Dialogue national inclusif (DNI). L’absence à cette rencontre d’une crème importante de la classe politique malienne et de la société civile donne froid au dos quant à sa volonté de réaliser l’union sacrée autour de lui pour sortir le Mali de la grave crise qu’il connaît, depuis 2012.
Par l’organisation de ce dialogue national inclusif, boycotté par une grande majorité des acteurs de la scène politique qui ont voix au chapitre, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), qui a présidé l’ouverture, samedi 14 décembre, au Palais de la Culture, à Bamako, la capitale malienne, rate ainsi l’occasion de se réconcilier, d’une part, avec son peuple, et d’autre part, de le rassembler autour de lui pour faire face à l’ennemi qui s’arme chaque jour davantage de notre division et de notre incompréhension.
Aujourd’hui, plus que jamais, le Mali, confronté à une crise multidimensionnelle depuis la mutinerie des soldats de la garnison de Kati, à 15 Km de Bamako, qui a eu raison du pouvoir du général Amadou Toumani Touré (ATT), le 22 mars 2012, a besoin de l’union sacrée pour affronter les ennemis intérieurs tapis dans l’ombre et extérieurs de notre pays et du développement. Cette union, comme tout le monde le sait, ne saurait se réaliser dans le travail fractionnel que les Maliens réalisent en ce moment à travers des marches, meetings et autres manifestations de ‘’m’as-tu vu’’ soutenant les Forces armées de défense et de sécurité (FADS) ou réclamant le départ des forces étrangères d’occupation.
La nécessité de se parler et d’être débout comme un seul homme s’impose à tous les Maliens en raison des menaces de tous ordres qui planent sur leur pays. Et celui qui incarnait mieux ce grand rassemblement autour de notre pays miné de tous les maux, était sans nul doute le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Malheureusement, il en a fait à sa tête en organisant un dialogue dont lui-même a faussé les données en déclarant dans les colonnes de Jeune Afrique que les recommandations et résolutions ne s’appliqueront pas à lui. Cette prise de position d’IBK, considérée comme une fuite en avant, a été très mal appréciée dans les rangs des partis politiques de l’opposition et d’une partie de la société civile. Frustré par cette attitude du chef de l’État malien, un grand nombre de ses compatriotes n’ont plus vu la nécessité d’être présents à un rendez-vous dont les dés étaient déjà pipés. Ils ont brillé par leur absence à l’ouverture du Dialogue national inclusif (DNI).
Aujourd’hui, qu’on ne se voile pas la face. Le dialogue national inclusif est mal parti. L’absence de l’opposition dont Soumaïla Cissé est le chef de file et non moins président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), qui n’est pas une force négligeable sur le landerneau politique malien, du Parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) du Dr Oumar Mariko, de la Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS-Faso Hèrè) de l’ancien Premier ministre Dr Soumana Sako, du Front africain pour la démocratie (FAD) de Nouhoum Sarr, de l’Alliance démocratique pour le peuple malien (ADEPM) de Aboubacar Sidiki Fomba, de l’Association politique «Anw Ko Mali Dron», présidée par l’ancienne ministre Mme Sy Kadiatou Sow et d’autres organisations de la société civile donne un goût d’inachevé à ce dialogue dont les conclusions étaient censées donner une nouvelle orientation politique à notre pays, victime des pseudo-démocrates qui ont confisqué la révolution de 1991 pour leurs intérêts sordides et haïssables et cela avec la bénédiction de leurs mentors occidentaux qui qualifiaient leur gestion destructrice spoliatrice de notre pays d’exemple en Afrique.
On se rappelle que ce sont ces mêmes forces qui ont contraint, en 2017, le président IBK à renoncer à l’organisation d’un référendum qui devait aboutir à la révision de la Constitution de février 1992. En laissant cette partie importante du peuple malien sur le quai, les organisateurs du dialogue prêchent dans le désert. Et le président Keïta a raté le rendez-vous de l’union sacrée tant réclamée autour de lui pour que le peuple malien soit sur les remparts face à l’ennemi comme écrit dans notre hymne national. En refusant d’intégrer les suggestions et propositions de certaines de ces forces vives qui avaient pris part à une des phases du dialogue, Ibrahim Boubacar Keïta a voulu que ce dialogue soit son dialogue à lui.
Ce cadre, qui devait être un moment solennel pour le peuple malien afin de laver le linge sale en famille en se crachant les quatre (04) vérités, sera du 14 décembre au 22 décembre un monologue entre ceux qui ont accepté d’accompagner le président IBK dans sa politique de division du Mali. Comment comprendre que l’accord d’Alger, signé, en 2015, entre le gouvernement malien et les terroristes et djihadistes de Kidal, décrié par bien de Maliens parce que contenant les germes de la désagrégation du Mali, ne soit pas discuté au cours d’une telle rencontre. Donc, ce n’est pas l’avenir du Mali qui sera discuté à ce dialogue mais la volonté d’une minorité à la solde de l’impérialisme rampant qui veut coûte que coûte mette la main sur nos richesses naturelles. Aussi, ne sera-t-il pas question de la responsabilité des dirigeants qui sont à l’origine de la déliquescence de l’État malien de novembre 1968 à nos jours.
Bien vrai que les thématiques inscrites à l’ordre du jour soient d’actualité et dans l’heure du temps, la volonté affichée d’IBK est d’appliquer à la lettre les recommandations de ses maîtres occidentaux, soutiens des narcotrafiquants de Kidal, à savoir la partition de notre pays à travers l’application du chiffon de papier du nom de la capitale algérienne. Un accord dans lequel aucun patriote malien ne se reconnaît à cause des dispositions qui accordent une indépendance de fait aux terroristes de Kidal qui bénéficient encore des soutiens français.
Ce dialogue est loin de répondre aux aspirations du peuple malien. Qu’IBK se ressaisisse, en 2020, pour réaliser l’union sacrée au tour de lui afin que le Mali ne disparaisse pas de la carte du monde.
Yoro SOW
L’Inter De Bamako