Porté à la tête du ministère de l’Agriculture à la faveur du dernier réaménagement, Lassine Dembélé incarne un nouvel espoir et marque déjà son territoire. Après Ségou où il est passé par l’Office du Niger, il a séjourné, du 3 au 6 dans zone CDMT, notamment les filiales Est, Nord-Est et Centre en compagnie d’une forte délégation dont l’administration générale de la CMDT et le PDG Dr Nango Dembélé. Objectif : prendre contact avec les paysans et travailleurs afin de s’enquérir de leurs difficultés. Pour ce faire, le ministre s’est même rendu aux champs pour constater de visu l’état d’avancement de la campagne.
Les administrateurs généraux rassurent…
Lancée sous le signe de la relance après une année drastique liée à l’invasion des jassides et la destruction d’au moins 125000 hectares, la campagne cotonnière 23/24 s’annonce sous de bons auspices. La CMDT, à défaut de dépasser, sous réserve d’une bonne pluviométrie, atteindra ses objectifs de production qui est de 780 000 tonnes de coton graine. Sur le sujet, les administrateurs généraux des différentes filiales de l’Est, du Nord-Est et du Centre, rassurent d’une disponibilité des engrais à 99% dans l’ensemble ainsi que d’un bon présage pour les prévisions de la campagne en hectares tant pour le coton que pour les céréales, en dépit des irrégularités pluviométriques par endroit. S’y ajoute également une maîtrise adéquate des jassides ravageurs grâce à l’insecticide Ulala proposé par les chercheurs de l’IER. « Nous comptons largement dépasser la production précédente », a ainsi lancé l’AG de Koutiala en misant au passage sur l’engagement des cotonculteurs.
Les ravageurs maitrisés
Par-delà les témoignages de cotonculteurs, il ressort de la collecte des données du système d’information et alerte des différents ravageurs du cotonnier en zone CMDT OHVN et IER que l’ensemble des ravageurs sont maîtrisés. «Après traitement des champs, le résultat est satisfaisant : pas seulement le jasside mais l’ensemble des ravageurs», rassurent les ingénieurs de l’IER, quoiqu’en conseillant à l’administration de la Cmdt de surveiller des zones comme Sikasso, Bougouni, Kokofata Karagana Yanfoliya Kolondiéba.
Le cri de cœur du Président de l’Apcam
Sanoussy Bouya Sylla, puisque c’est de lui qu’il, a profité de ce périple du nouveau ministre pour interpeller les plus hautes autorités sur la problématique d’approvisionnement en engrais des zones non CMDT. Son plaidoyer porte notamment sur un nouveau système d’approvisionnement, après avoir relevé les limites de l’actuel système. Il propose par conséquent le mécanisme pratiqué à la Cmdt qui reste le plus efficace, à ses yeux. Avec la situation géopolitique actuelle, on peut se permettre tout sauf d’avoir faim, a-t-il expliqué, en exhortant les paysans à redoubler d’effort pour atteindre les résultats escomptés pour la campagne, après que toutes les erreurs de la précédente ont été corrigées. Le patron des paysans maliens s’est réjoui par ailleurs d’avoir un ministre technicien pour le secteur rural.
Les cotonculteurs promettent un nouveau record de production
De Bougouni à Sikasso, en passant par Koutiala et Fana, les promesses auront été identiques du côté des cotonculteurs, à savoir : l’atteinte des objectifs de production pendant la campagne en cours. Motifs évoqués : la hausse du prix du kilo du coton-graine, la subvention de l’engrais et la compensation des pertes imputables à l’attaque des jassides pendant la campagne précédente. Et, avec le retour de l’accalmie au sein des fédérations de cotonculteurs, comme expliqué par le délégué régional de FRSCPC de Sikasso, Amidou Gonzogo, et président de la fédération des producteurs de coton Yacouba Traoré, consécutivement à l’avènement d’un nouveau mandataire judiciaire à la tête de la confédération, on est fondé à espérer que le Mali va recouvrer sa place de premier producteur de coton avec à la clé un nouveau record.
Le ministre ressuscite l’espoir et lève les équivoques
« Cette visite m’offre l’occasion de me confier à vous et de demander votre concours dans l’accomplissement de la lourde tâche qui m’a été confiée par les plus hautes autorités… Je sais par avance que la gestion du monde rural n’est pas une tâche facile ; mais j’ai bon espoir qu’avec vous, votre bonne volonté et votre engagement, on pourra réussir cette mission. En tant que votre serviteur je me mets à votre disponibilité jour comme nuit ». C’est en substance le leitmotiv, entre autres propos, du nouveau ministre lors de ses passages successifs devant les paysans tout au long de son périple.
Sans prendre d’engagement, il assure à chaque fois avoir pris bonne note de leurs différentes difficultés. Par rapport à la problématique de la distribution de l’engrais, par exemple, L. Dembélé préconise d’engager la réflexion sur un nouveau mécanisme, à l’effet de résoudre définitivement la même équation récurrente «depuis 15 ans» : le retard dans l’approvisionnement. Il a ainsi engagé les techniciens et responsables de la direction nationale de l’Agriculture, en collaboration avec les paysans, à identifier les problèmes et proposer des solutions durables à même d’accroitre les effets de la subvention sur le niveau de la production, a-t-il laissé entendre.
Pour les cas des fournisseurs défaillants, les dispositions sont prises pour permettre aux paysans de disposer de l’engrais à temps, assure-t-il, en révélant au passage qu’après constat des techniciens locaux le contrat des fournisseurs défaillants sera résilié et réattribué à ceux qui disposent d’engrais dans leur magasin.
Le ministre en a profité pour couper court à toutes les rumeurs sur la disponibilité du fonds d’aide 9,938 milliards de FCFA et la clé de sa répartition aux cotonculteurs dans les proportions des préjudices subis des sinistres et de l’invasion des jassides pendant la campagne précédente. En effet, annoncé lors de la 13e session du Conseil Supérieur de l’Agriculture par le chef de l’Etat, cette manne est à l’origine de beaucoup de supputations selon lesquelles elle est destinée à l’ensemble des cotonculteurs. Or, seuls les cotonculteurs sinistrés ou victimes de l’attaque des jassides y seront éligibles dans les proportions de leurs superficies affectées et pour un total 125 971 hectares concernés, a indiqué le ministre Dembélé.
Tout en invitant les cotonculteurs à la raison, le ministre Dembélé a également précisé que la modalité de paiement aux producteurs sinistrés consiste à leur rembourser la valeur des intrants utilisés sur les superficies abandonnées pour ceux d’entre eux qui avaient totalement payé à la CMDT et à déduire les montants dus des impayés pour ceux que les sinistrés ont empêchés de rembourser leur crédit de la campagne écoulée à cause.
Après la visite des champs notamment à Bohi (Kolondieba), Nkourala et à Fana Gouna, le ministre s’est dit globalement satisfait de l’état d’avancement du plan de campagne, de la disponibilité des insecticides ainsi que des intrants agricoles.
Amidou Keita
Source : Le Témoin