Se désolidarisant des actes de violences et de pillages des édifices publics et des biens privés, certains citoyens dont nous avons sollicité leurs réactions regrettent la destruction des bâtiments publics et le saccage des stations d’essence privées. « La réparation reviendra de nous-même. Ce sont nos impôts et nos taxes qui seront augmentés pour réparer ce que nous détruisons », ont-ils rappelé.
Les manifestations du M5-RFP, survenues les 10, 11, 12 juillet dernier ont causé d’énormes dégâts matériels et des pertes en vies humaines à travers la ville des trois caïmans. Certains bâtiments publics et privés ont été complètement saccagés et pillés.
Après la première et deuxième sorties pacifiques du M5-RFP, respectivement les 05 et 19 juin 2020, la dernière survenue le vendredi 10 juillet dernier a attristé plus d’un dans la capitale Bamako.
N’ayant pas obtenu leur but recherché à savoir la démission exigée du président de la République Ibrahim Boubacar Keita et son régime, les responsables du M5 dit rassemblement des forces patriotiques ont autorisé leurs partisans à passer à la désobéissance civile.
Déroulées les 10, 11 et 12 juillet dernier, ces manifestations ont enregistré d’énormes destructions des biens publics et privés. A cela s’ajoute, le ralentissement des activités économiques dans la ville.
Intervenants sur ces évènements déplorables survenus dans la capitale malienne à la suite des manifestations organisées par le M5, des observateurs de la scène publique font remarquer que la revendication des droites des citoyens doit se faire dans le calme, sans la violence.
‘’Nos impôts et nos taxes seront augmentés’’
« Je suis contre cette violence inutile qui nous rapporte absolument rien. Il y a eu des dégâts matériels et même des pertes en vies humaines. Je peux dire que toute la ville est détruite, les stations-services, les bâtiments publics et privés sont complètement saccagés. Les manifestants ont cassé, incendié l’ORTM et l’Assemblée nationale. Je suis allé voir en personne les dégâts causés sur le terrain. J’étais déçu. Ce n’était pas la manière. Personne d’autre ne viendra construire à notre place ce que nous détruisons, cassons, brulons. Ce sont nos impôts et nos taxes qui seront augmentés. Alors, arrêtons de nous faire du mal nous-même. Ce que je dirai aux manifestants qu’ils arrêtent et viennent vers le dialogue, car le Mali est un pays de dialogue et la main tendue du Président est disponible pour le dialogue », exprime Djoncounda Kebé, habitant à Badalabougou.
Habitant à ATTboubou 1008 logements sociaux, Bayissou Konaté, invite les manifestants du M5 d’aller voir ce qu’ils ont causés comme dégâts sur le terrain. Selon lui, ces actes de destructions d’édifices publics et privés constatés après leur passage est un recul démocratique.
« Que les manifestants aillent voir les images des dégâts causés, ils se rendront compte que ce qu’ils ont fait est un acte criminel. Cet acte fait d’eux des va-t’en guerre. Qu’ils sachent que le Mali nous appartient tous. Une partie du peuple ne peut pas se lever un jour pour détruire ce qu’on a construit ensemble pendant des années », indique-t-il.
Pour lui, ces dégâts causés nécessitent beaucoup d’argent pour la réparation. C’est un recul pour eux, pour nous et pour le Mali en question, estime Bayissou Konaté.
« J’aimerais que ces dévastateurs soient poursuivis et soumis à des sanctions appropriées. Nous sommes dans un pays souverain, de droit, et de démocratie. Nous devrons tous respecter les règles. Ce que je peux dire aux manifestants que le Président de la République est démocratiquement élu et ce n’est pas la voix d’une partie du peuple qui va le faire démissionner. Nous devons nous donner la main pour un Mali fort, unis et capable de relever les défis », a ajouté M. Konaté.
Interrogé à donner son point de vue sur la situation de crise sociopolitique en cours dans notre pays, M. Souleymane Kané, professeur de Comptabilité au Lycée Tériya de Zerny, partage les revendications du M5 visant à combattre la corruption, la mal gouvernance et instaurer un changement dans notre pays. Mais, il s’est dit contre l’acte de désobéissance civile enclenchée qui a amené les manifestants à piller les biens de l’Etat et d’autres privés.
« Je suis navré par le comportement du M5. Nous voulons donner un nouveau visage à notre Maliba, construire un nouveau Mali. Mais, est-ce qu’en cassant et brulant les biens que le Mali aurait un nouveau visage ? Non ! Je suis contre cette violence, car la réparation reviendra à nous-même, je dirai seulement de se mobiliser sans violence et nous allons obtenir ce que nous cherchons », a souligné le Professeur.
Karamoko Diallo, Stagiaire