Le président de l’Union pour la république et la démocratie (URD), Soumaïla Cissé, a été désigné chef de file de l’opposition malienne, le 24 mars dernier. Selon les textes, le statut du chef de file de l’Opposition élève son titulaire au rang de ministre au plan protocolaire et lui confère aussi les mêmes avantages et prérogatives que le 1er vice-président de l’Assemblée Nationale. Avec la désignation de Soumaïla Cissé comme chef de file de l’opposition, le Mali vient de faire un pas de géant dans la construction et le renforcement de la démocratie.
On se rappelle que la loi portant statut de l’opposition politique au Mali avait été adoptée par l’écrasante majorité des députés à l’Assemblée nationale. En se dotant d’une institution forte qui n’avait jamais existé, depuis 1960, année de son accession à l’indépendance, le Mali s’est résolument engagé sur le chemin de la démocratie. Et c’est tout à son honneur. Faut-il le rappeler, le statut dont Soumaïla Cissé bénéficie désormais n’est autre qu’une institution au sein de laquelle sont réunis tous les partis politiques de l’opposition, et qui est dirigée par un chef de file issu du parti ayant obtenu le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale au cours des dernières élections législatives. Si l’on peut féliciter les élus de la nation qui avaient voté cette loi (140 voix pour, 6 voix contre et zéro abstention), il faut aussi saluer l’opposition malienne qui a œuvré à la mise en place de cette structure dont elle est la principale bénéficiaire, même si certains estiment qu’elle arrive tardivement. Car, aujourd’hui, avec la naissance de cette institution investie d’une véritable mission de service public de par son rôle de contre-pouvoir, on assistera, du moins on le souhaite, à des débats de haut niveau qui viendront renforcer la vitalité de la démocratie au pays de Soundjata Kéita. C’est, en effet, la nation tout entière qui gagne. Toute chose qui manquait au Mali. On se rappelle que sous le règne du président Amadou Toumani Touré (ATT), le peuple malien et ses dirigeants ont vécu dans l’unanimisme et le consensus absolus, qui frisaient parfois l’immobilisme.
Un pouvoir sans contre-pouvoir, court le risque de tomber dans des dérives autocratiques
On comprend dès lors l’utilité et la portée de la mise en place de cette institution. La pièce manquante de la démocratie malienne est donc enfin arrivée. Il revient au président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) de travailler à la consolider. Car un pouvoir sans contre-pouvoir, court le risque de tomber dans des dérives autocratiques et dévastatrices. En tout cas, tout le mal que l’on puisse souhaiter à l’opposition malienne qui, aujourd’hui, fait son apprentissage de la démocratie organisée avec un chef de file comme porte- parole, c’est, en interne, l’entente, la critique constructive, la cohésion, la synergie d’action dans la prise de décisions ; cela pourrait éventuellement éviter les dysfonctionnements, les sons discordants en son sein. Elle devra, pour ce faire, travailler à éviter toute vendetta politique, en s’interdisant de s’opposer pour s’opposer. Car une opposition responsable doit pouvoir faire des observations assorties de propositions objectives, dans l’intérêt supérieur de la nation. De toute évidence, le monde entier la suit, dans son action de renforcement de la démocratie.
source : Autre Presse