« C’est le début de la phase de la rectification de la transition qui démarre aujourd’hui », a déclaré le président du comité stratégique du M5-RFP, Dr choguel Kokalla Maïga, qui a promis de gagner le combat pour le vrai changement sans violence.
Dans la salle, les militants expriment leur déception par rapport à la gestion du pouvoir par les colonels. Certains trouvent IBK vaut mieux qu’eux. La colère, c’est ce qui semble expliquer la détermination des militants du M5-RFP et alliés, car malgré les tentatives de sabotage du meeting, ils étaient des milliers à répondre présents au Palais de la Culture.
Dans sa déclaration liminaire lue par Me Mohamed Ali Bathily, le M5-RFp s’est dissocié de la gouvernance « chaotique » de la transition par les autorités en place. « Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), convaincu, preuves à l’appui, de l’existence d’une complicité objective et d’une convergence d’intérêts et d’objectifs entre l’ancien régime officiellement déchu et les autorités militaires de la transition, fidèle à ses idéaux et engagements a déjà déclaré qu’il ne peut ni s’associer ni assumer la gouvernance en cours, ni rester non plus observateur passif de ses dérives », a indiqué l’ancien ministre de la justice. Le mouvement hétéroclite, en plus de s’être dissocié, dit ne pas vouloir garder le silence face aux différentes dérives. « Pour le M5-RFP, ne pas rester un observateur passif, c’est affirmer son désaccord et continuer à porter les justes et légitimes revendications du peuple malien pour les faire aboutir par tous les moyens légaux et démocratiques », a entonné Me Bathily qui a ajouté : « quand on n’est pas d’accord, on dit : NON »
Ce que le M5-RFP et alliés refusent
Si certains Maliens appellent à soutenir la transition malgré les failles, ce n’est pas le cas chez le M5-RFP et alliés. « Le M5-RFP dit NON et agira en conséquence pour mettre un terme à la perpétuation des pratiques que le peuple malien, sous sa houlette, a combattu au prix du sang des martyrs tombés sous les balles assassines du régime déchu », a martelé le porte-parole. Le mouvement hétéroclite, visiblement très remonté, ne fait pas de cadeau aux colonels au pouvoir. « Le M5-RFP dit NON aux velléités de quelques hauts gradés des Forces de Défense et de Sécurité qui ont usurpé la victoire du peuple, de troquer le treillis militaire contre le costume ou le boubou civil et de délaisser les théâtres des opérations pour s’embourber dans les jeux et intrigues à Bamako et ailleurs. Ce sont eux qui sont responsables de l’aggravation et de l’extension de l’insécurité par leurs comportements et ses impacts négatifs sur le moral de la troupe », a laissé Me Mohamed Bathily. Pour ce mouvement, il n’est pas question d’arrêter le combat sans que les auteurs de la corruption et de toutes les autres formes de délinquance financière soient punis.
Comme beaucoup d’autres Maliens, il s’oppose à la mise en œuvre intégrale et accélérée de l’Accord d’Alger et exige, pour le moins, sa relecture. Ce mouvement qui trouve que l’intégrité territoriale du Mali, la souveraineté nationale, l’unité nationale, la forme républicaine et laïque de l’État ne sont pas négociables, a demandé la tenue sans délai, des Assises nationales de la Refondation pour arrêter le pilotage à vue, les multiples dérives et surtout pour fixer un cap à l’action publique.
La dissolution du CNT exigée
Tous les intervenants lors de ce meeting ont demandé la dissolution du Conseil national de la Transition qu’ils ont tous jugé « illégal » et « illégitime ». « Le M5-RFP dit NON au maintien d’un Conseil National de Transition (CNT) illégale, illégitime et budgétivore », a déclaré Me Bathily qui a affirmé que la « procédure de dissolution introduite auprès de la Cour suprême ne peut qu’aboutir au regard de la solidité de nos arguments et du souhait des Maliens de ne plus avoir à faire à des juges aux ordres comme dans un passé récent ». Les députés de la 6ème législature ont aussi exigé la dissolution de cet organe législatif. « Au nom de mes collègues, je me joins au M5-RFP pour demander la dissolution pure et simple du CNT illégitime et illégal », a déclaré l’honorable Tidiani Guindo, président du collectif des députés de la 6ème législature, présent au meeting.
Concernant les élections générales à venir, le M5-RFP a alerté sur la volonté des militaires à imposer leur candidat en 2022. « Le M5-RFP dit NON aux manœuvres en cours pour faire des élections à venir une cession du pouvoir à un homme choisi par la junte pour perpétuer son pouvoir et s’assurer d’une immunité », a laissé entendre l’avocat. A en croire le mouvement hétéroclite, la transition en général, et le processus électoral en particulier, ne peuvent continuer à être l’affaire d’une junte militaire qui a décidé de faire main-basse sur tout le Mali : les institutions, l’administration, l’économie, les élections…
Les injustices, les arrestations extrajudiciaires, les atteintes aux libertés d’expression, de la presse, de manifester et les démolitions sélectives d’habitations sans le moindre respect des règles procédurales et de la dignité humaine dans le mépris total des missions et des priorités assignées à la Transition… le M5 et alliés disent non à toutes ces dérives.
Il faut rappeler que plusieurs mouvements dont CDR de Ras Bath, le mouvement Faso Dambé, le collectif des députés de la 6ème législature, les victimes des démolitions, le Front de Refus de l’Accord…étaient tous présent à ce meeting. Tour à tour, les représentants de ces groupements ont dénoncé le malaise entretenu par la transition et ont réclamé la vraie refondation pour laquelle certains ont perdu la vie.
Boureima Guindo