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Dépôt des dossiers pour les logements sociaux : LES CANDIDATS NE SE BOUSCULENT PAS

A Bamako, les dossiers sont réceptionnés en divers endroits : l’Office malien de l’Habitat, le département de l’Administration des logements de l’OMH et les mairies des communes I, II et V du district de Bamako

Le processus d’attribution de 5.928 logements sociaux est officiellement lancé depuis le 10 mai dernier. Les opérations de dépôt continuent jusqu’au 11 juin. Dans le district de Bamako, les dossiers sont réceptionnés en divers endroits, à savoir l’Office malien de l’Habitat, le département de l’Administration des logements de l’OMH et la mairie des communes I, II et V du district de Bamako. Mais, pour l’instant, certains des lieux indiqués (pour la réception des dossiers) ne connaissent pas la grande affluence comme à l’OMH.

Lundi 21 mai, il n’y avait pas grand monde à l’OMH. Rien à voir avec les jours d’affluence de mars 2015 où avait eu lieu la réception des dossiers pour l’attribution des logements sociaux au titre de ladite année. Assis sur un banc, à l’ombre d’un margousier ou neem (Mali Yirini en bambara), Oumar dressait l’oreille. Car, l’un des policiers qui tient la liste sur laquelle il s’était inscrit, peu avant, pourrait l’appeler. Pour peu qu’il y ait, de sa part, une petite distraction, il pourrait bien manquer à l’appel. A côté d’un petit groupe de postulants, il vérifie pour la énième fois son dossier de candidature. Il se voulait prudent, car, raconte-t-il, «il parait que tout dossier incomplet est systématiquement rejeté».

Ici à l’OMH, les postulants sont à l’affût. Chacun est attentif à la moindre «information» relative au dossier de candidature. Pourtant, un tableau adossé à un pan de mur, exhibe dans la cour toutes informations utiles relatives à la candidature. Pendant que certains «girafent» la demande manuscrite de leur voisin, à la recherche d’une probable erreur dans la leur, chez d’autres, c’est la polémique au sujet des informations que doit contenir l’enveloppe A4.

L’affluence est certes timide et ce n’est pas pour déplaire aux postulants comme Halima : «Je suis arrivée vers 10 heures et je suis sûre de pouvoir répondre d’un moment à l’autre à l’appel de l’agent de police. Parce qu’il n’y a pour l’instant pas du monde», explique-t-elle. «Je crois, poursuit-elle, que la timide affluence s’explique par le retard qu’ont pris certaines banques à mettre à la disposition des postulants des documents indispensables». Halima d’ajouter : «mais aussi et surtout, il y a des difficultés à rassembler l’apport personnel qui s’élève à 234.000 Fcfa pour un logement de type F3. Pour le type F4 dont l’apport personnel est de 2.050.000 Fcfa, je ne dis pas que c’est une somme extraordinaire, mais ce n’est pas aisé pour un Malien moyen de rassembler ce fonds dans un court délai».

Assis au sein d’un petit attroupement de postulants, Katilé n’arrête pas de tripoter une clé de voiture. Malgré le visage de bois qu’il affiche, le doute l’ébranle quant à son éligibilité. Après quelques secondes d’hésitation, il accepte de le partager avec nous. Quel est son problème ? Fonctionnaire, la quarantaine passée, il postule en fait pour un logement de type F3 dont les critères d’éligibilité sont : être Malien, avoir un salaire mensuel hors indemnités et primes de responsabilités compris entre 80.000 et 200.000 Fcfa. Or, le salaire mensuel hors indemnités et primes de Katilé est nettement supérieur à 200.000 Fcfa. «Mon salaire me défavorise pour l’obtention d’un F3. Alors qu’une candidature pour le type F4 pour lequel je suis éligible, n’est pas non plus à ma portée. Car, je dois réunir 2.050.000 Fcfa d’apport personnel. Somme que je n’ai pas», explique Katilé. «Je tente quand même ma chance pour le F3 car je n’arriverai pas dans un délai aussi court à réunir plus de deux millions. C’est impossible !», s’exclame-t-il.

Au milieu d’un autre groupe de candidats, Lamine remet en cause la nature «sociale» de ces logements qu’il trouve «hors de portée du Malien lambda». Un médecin demandeur se plaignait aussi. Recruté de la dernière promotion de la Fonction publique, il aurait voulu figurer dans «la catégorie des salariés».

Mais le problème, c’est qu’il a pris officiellement fonction il y a moins de 3 mois, donc il ne dispose d’aucun document en sa possession qui atteste qu’il est salarié. Puisqu’au Mali après la prise de fonction, les fonctionnaires attendent 3 mois, parfois plus, pour être payés.

Sans bulletin de salaire, cet homme que nous appellerons Ibrahim pense que ses chances sont réduites. «J’ai l’impression que c’est une maison qui me file sous le nez», se désole-t-il. Il a finalement postulé dans la catégorie «non salarié». Après des jours de collecte de documents indispensables à la candidature, dans la tête d’Ibrahim, le doute repousse minute après minute, les limites de la certitude. Car il pense que dans la catégorie «salarié», il aurait plus de chance. Pour lui, les dépenses du Ramadan et la non disponibilité des salaires, peuvent expliquer le manque d’affluence.

Son voisin de banc, Dama, qui postule pour la 3è fois se souvient encore de l’acrobatie à laquelle il a dû se livrer en 2015. «Rien que pour rentrer dans la cour de l’OMH, il fallait trouver son chemin dans une gigantesque cohue», se souvient-il. Dama a dû s’inscrire simultanément à plusieurs endroits, à l’OMH, au département de l’Administration des logements de l’OMH et à la mairie du District, pour augmenter ses chances de déposer.

Au milieu de ce lointain souvenir, le policer fait l’appel. Dama et les autres mettent le cap vers la cour. Là, ils sont conduits par un vigile dans une grande salle, celle de la réception des dossiers. Ils y découvrent la vingtaine d’agents de l’OMH et de membres de la commission d’attribution… Dirigé vers un premier interlocuteur, Dama y paie 5;000 Fcfa pour le dépôt du dossier. Muni de son dossier et d’un reçu, il est accueilli par un deuxième interlocuteur qui lui fait un récépissé de dépôt de dossier. L’enregistrement de son dossier auprès d’un troisième et dernier interlocuteur, est une étape qu’il n’oubliera pas. Etape poétisée par le souhait de «bonne chance !», adressé aux postulants.

Khalifa DIAKITÉ

 

Source: Essor

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