Maladie d’origine virale à transmission vectorielle, la dengue sévit dans les régions tropicales et subtropicales, avec une prédilection pour les zones urbaines et semi-urbaines. Le virus responsable est un arbovirus (virus transmis par les insectes) appartenant à la famille des flaviviradae, du genre flavivirus.
On en distingue 4 stéréotypes. Le spécialiste des maladies infectieuses, Dr Garan Dabo, de l’Hôpital du Mali explique qu’il s’agit d’une maladie de type grippal généralement bénigne qui touche les personnes de tous les âges et dont l’issue est rarement fatale. Il précise que la dengue classique est suspectée cliniquement en présence d’une forte fièvre (40°C), accompagnée de céphalées sévères, douleurs rétro-orbitaires, musculaires, articulaires, nausées mais aussi de vomissements, d’adénopathie ou d’éruption cutanée.
Les symptômes perdurent en général de 2 à 7 jours et apparaissent à la suite d’une période d’incubation de 4 à 10 jours après la piqûre d’un moustique infecté. « L’endémo-épidémie de dengue est un véritable problème de santé publique mondiale puisque c’est désormais plus d’une centaine de pays qui sont concernés », indique le toubib.
Au Mali en octobre et novembre 2019, 15 cas de dengue confirmés ont été notifiés à Bamako, ce qui signifie la présence de cette maladie virale dans notre contexte qui ne doit pas être ignorée par les soignants.
D’après lui, la dengue comme le paludisme est transmis par des moustiques femelles mais de genres différents. La dengue, contrairement au paludisme qui est transmise par l’anophèle femelle, est transmise principalement par des moustiques femelles du genre Aedes, et en particulier l’Aedes aegypti (Ae. aegypti).
De manière significative, dit-il, les moustiques du genre Aedes sont surtout actifs pendant la journée, posant des difficultés dans le cadre du contrôle vectoriel par opposition à l’anophèle qui a une activité plutôt nocturne. En plus, il souligne qu’une autre espèce d’Aedes, plutôt considérée comme un vecteur secondaire, Aedes albopictus ou moustique tigre, peut également jouer un rôle dans la transmission des épidémies de dengue. D’autres espèces d’Aedes ont été trouvées porteuses de souches sylvatiques des DENV (virus de la dengue).
Par contre, Dr Garan Dabo précise que les principaux réservoirs du virus de la dengue sont les moustiques, l’humain et certains primates. Les virus sont maintenus dans un cycle humain-moustique-humain dans les centres urbains tropicaux ou un cycle singe-moustique fréquemment observé dans les forêts de l’Ouest de l’Afrique et dans le Sud-Est de l’Asie.
La période d’incubation se situe dans l’intervalle de 3 à 14 jours. Elle est habituellement de 7 jours. Une personne infectée est « contaminante pour les moustiques » lors de la phase virémique de l’infection. Celle-ci commence environ 1 à 2 jours avant le début des signes cliniques et dure jusqu’à 7 jours après. Les symptômes perdurent en général de 2 à 7 jours et apparaissent à la suite d’une période d’incubation de 4 à 10 jours après la piqûre d’un moustique infecté.
Le spécialiste révèle que les complications peuvent survenir dans une faible proportion de cas. Il s’agit de la dengue sévère qui est potentiellement mortelle et se caractérise par des hémorragies cutanées et muqueuses (purpura, épistaxis) et par des hémorragies internes, surtout digestives. Elle peut être la cause d’un syndrome de choc (DSC) de survenue brutale au moment de l’apyrexie. La mortalité est de 1 à 5 % dans la DH (dengue hémorragique) et de 20 % dans DSC (mort en moins de 24 heures).
Les signes d’alerte surviennent de 3 à 7 jours après les premiers symptômes et se caractérisent par des douleurs abdominales sévères, des vomissements persistants, une hyperpnée, des saignements cutanéomuqueux et de la fatigue, de l’agitation. La mort peut survenir dans les 24 à 48 heures après le début de cette phase critique par défaillance multiviscérale. Contre la maladie, il affirme qu’il n’y a pas de traitement antiviral spécifique.
Cependant, le traitement est uniquement symptomatique (antalgiques, antipyrétiques, hydratation adéquate). La prise en charge est simple, efficace et peu coûteuse si les interventions sont correctes et effectuées au bon moment. La clé du succès thérapeutique repose sur une reconnaissance précoce et une compréhension des problèmes cliniques au cours des différentes phases de la maladie, conduisant à une approche rationnelle de la prise en charge. Selon Dr Garan Dabo, il est possible de prévenir la dengue. Mais, il s’empresse de préciser que cette prévention repose sur des mesures à la fois individuelles et collectives.
Les mesures individuelles concernent non seulement la protection personnelle contre les piqûres de moustiques par des moyens physiques mais également l’immunisation à travers la vaccination. La protection contre les moustiques se résume à quelques points essentiellement liés à la diminution des activités à l’extérieur pendant la journée où les moustiques sont les plus actifs, au port de vêtements adéquats, à savoir des vêtements de couleur claire limitant au maximum l’exposition de surface cutanée (chemises à manches longues et pantalons) et dont le maillage est suffisamment serré pour empêcher les moustiques de piquer au travers et à l’application de répulsifs.
La vaccination constitue une avancée importante dans la prévention de la dengue. Le premier vaccin contre la dengue appelé Dengvaxia® (CYDTDV) a été mis au point par la firme Sanofi Pasteur fin 2015 et début 2016.
Il a été enregistré dans plusieurs pays et son utilisation est recommandée chez des personnes âgées de 9 à 45 ans vivant dans des zones d’endémie. En marge de ces mesures individuelles, il ajoute qu’il existe des mesures collectives reposant sur la surveillance épidémiologique et la lutte anti-vectorielle. Présentement, les méthodes les plus efficaces pour prévenir ou combattre la transmission du virus de la dengue ainsi que d’autres maladies transmises par les moustiques, restent la lutte contre le vecteur et la protection personnelle contre les piqûres de moustiques.
L’OMS recommande aux pays d’envisager l’introduction du vaccin uniquement dans les zones géographiques où les données épidémiologiques indiquent une forte charge de morbidité due à cette maladie.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR