Située à Ouolofobougou Bolibana, en CIII du district de Bamako, la famille de feu Sidiki Diakité, a été démolie en intégralité, le jeudi 4 juillet, par Housseyni Oumar Maïga, un cadre du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale. Raison : conflit foncier autour du morcèlement du titre foncier n°1101 à Ouolofobougou Bolibana.
« Si notre mari était vivant, on allait passer sur son corps pour démolir sa maison. Je passe la nuit avec mes enfants dans la maison paternelle de ma maman» déclare Oumou Diallo, larmes aux yeux, âgée de plus de 60ans, 2ème femme de feu Sidikiba Diakité. Comme elle, la consternation est totale aujourd’hui dans ce vieux quartier de Bamako, devant cette humiliation d’une famille notable du quartier.
En effet, depuis le jeudi 4 juillet dernier, la famille de ‘’ feu Sidikiba Diakité’’ à Ouolofobougou Bolibana est presque méconnaissable. Tout a été démoli. Il ne reste que des décombres.
Feu Sidikiba Diakité, de son vivant était un notable bien respecté dans la commune et plus particulièrement à Ouolofobougou Bolibana. Il était parmi les premiers habitants de ce vieux quartier et consulté sur toutes les questions de la vie du quartier et des problèmes entre les habitants. Il était un grand ‘’baobab’’ avec une famille nombreuse de plus d’une cinquantaine d’âmes. C’est pourquoi à Ouolofobougou Bolibana, les habitants comme un seul homme sont dressés contre cette humiliation qu’on est en train de faire infliger à cette famille de la part d’un haut placé, qui abuse de son droit pour causer le tort à toute une communauté. Surtout qu’il s’agit d’une concession qui est restée habitée depuis plus de 90 ans. Et que par des truchements d’une certaine justice, l’on veut faire subir à cette famille des dures épreuves dans la réclamation d’un tiers seulement d’une parcelle acquise de manière sombre. Où va le monde ?
Quand la Famille Diakité fait les frais d’une erreur administrative !
Feu Sidiki Diakité selon plusieurs témoignages des notabilités du quartier, a hérité de sa mère une parcelle de 10a69ca. Sur laquelle il y vivait depuis 1952. Pour éviter à sa progéniture une éventuelle humiliation après sa mort (compte tenu du fait que la parcelle est déduite d’un lot entier), il a sollicité auprès des services des domaines l’obtention d’un titre foncier définitif en 2002. Suite à sa demande, le chef de bureau du domaine et du cadastre de Bamako, a fait morceler l’espace concerné(le titre foncier n°1101 du district de Bamako) par un géomètre expert en 2008, pour en soustraire la parcelle de 10a69ca, et le constituer en titre foncier n°201 pour feu Sidiki Diakité, contre payement de 1 699 710 FCFA.
Faut-il préciser que ce titre foncier n°1101, contenait la parcelle n° 324 de Housseyni Oumar Maïga. Ce dernier a bénéficié de cette parcelle de Fatoumata Kelly, à la faveur d’une transaction immobilière.
Estimant que la création du titre n°201 (octroyé à la famille Diakité), lui a fait perdre les 1/3 de sa parcelle, Housseyni Oumar Maïga, a saisi le tribunal administratif pour fin d’annulation de l’acte administratif de la direction du domaine et du cadastre, ayant valu à la création du TF n°201.
Interpellé par le tribunal administratif, la direction du domaine a reconnu que le géomètre a commis une erreur lors du morcellement du titre foncier n°1101. De ce fait, que la famille Diakité occupe 1/3 de l’espace appartenant à Housseyni Oumar Maïga.
Sur la base de cet aveu d’erreur par la direction du domaine et cadastre, le tribunal administratif a procédé à l’annulation du titre foncier n°201 de la famille Diakité. Toute chose, qui a permis à Housseyni Oumar Maïga d’avoir gain de cause et d’agir comme un éléphant dans un magasin de porcelaines.
L’Abus de Housseyni Oumar Maïga
Depuis, que cette décision ait été rendue par le tribunal administratif, Housseyni, n’a cessé de manifester sa volonté de réduire cette maison au néant de gré ou de force. Dans ce dossier, M. Maïga a été démarché par plusieurs notabilités. D’ailleurs, c’est dans ce quartier et dans cette même famille, qu’il a fait ses études. Aucune, de ces intercessions ne portera fruit. Comme pour pousser davantage la famille Diakité dans ses derniers retranchements, Housseyni a posé comme condition sine qua none pour ne pas démolir les constructions, selon les temoignages, le payement de 100 000 FCFA par jour en guise de location des 1/3 de sa parcelle occupée par la famille Diakité. Ce montant correspond à 3 000 000/ mois et 36 000 000/an. La famille s’est dite incapable de satisfaire à cette condition.
Dans une première fois il a tenté de passer à la vitesse supérieure avec un acte d’huissier et une cohorte d’agents de sécurité. Il a fallu l’intervention du chef de quartier d’alors et l’opposition de la jeunesse du quartier pour empêcher cela.
Sans prévenir les membres de la famille Diakité, afin qu’ils prennent les dispositions nécessaires pour mettre hors danger leurs objets précieux, M. Maïga, en compagnie d’une centaine de policiers et une grue ont fait irruption dans la famille Diakité. A leur départ, il ne reste plus que ruines. Pas seulement les 1/3 de sa parcelle acquise devant les tribunaux, mais c’est tout qui a été détruit.
Depuis maintenant 10 jours, les membres de cette famille notable de Bolibana sont sans abris. Avec leurs effets ils passent la nuit comme la journée devant leur cour, au bord de la rue dans la désolation totale. D’où la colère des jeunes du quartier à couper tous les passages menant à cette famille sur la rue Samba Ibrahima Diawara.
La forte solidarité communautaire
En effet, depuis la démolition de leur maison la famille Diakité a bénéficié d’une forte solidarité. Plusieurs actions ont été posées pour les soulager par de bonnes volontés et de la part des familles voisines. Dans cette dynamique, pour témoigner leur solidarité, certains jeunes se sont constituées en un regroupement ‘’ On n’est pas d’accord’’.
Ce regroupement de jeunes de Ouolofobougou Bolibana, n’a qu’un seul objectif, la reconstruction de la famille Diakité. Solidarité !
Par Moïse Keïta
Source: Le Sursaut